Au cœur de Ouagadougou, le marché Rood Woko, le plus grand de la capitale du Burkina Faso, est comme éteint. Dans ses allées d’habitude bruyantes et bondées, les commerçants guettent l’arrivée des clients, le visage maussade. Deux vieux artisans en boubou tuent le temps en discutant sur leur petit tabouret. Un peu plus loin, un vendeur hèle machinalement les rares passants devant son stand de chaussures de sport « made in China ». Son regard est vide. « Je n’ai pas mangé depuis hier », souffle Yacouba Kuanda, 21 ans.
Combien sont-ils dans son cas ? Des dizaines, des centaines sûrement. Cinq mois après la réouverture des marchés à Ouagadougou, fermés le 26 mars pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus, la reprise se fait attendre. Si le Burkina a été relativement épargné par la pandémie, avec un peu plus de 2 400 cas enregistrés officiellement et 65 morts depuis mars, l’économie a en revanche été durement touchée par les mesures de restriction sanitaire et le ralentissement du commerce mondial. En particulier le secteur informel, qui représente environ 40 % du PIB.