Quatre motos dont deux scooters et deux Sirius, huit smartphones, vingt petits portables, 32 cartes SIM dont trois SIM étrangères, tel est le lot de matériels saisi par la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité entre les mains de sept cyber escrocs dont deux Béninois.
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Spécialisés dans l’escroquerie au moyen de communication électronique, d’usurpation d’identité, de faux et usage de faux et de blanchiment de capitaux, le préjudice financier causé par ces derniers se chiffre à plus de 100 000 000 de francs CFA.
A l’instar de plusieurs réseaux de cyber escrocs déjà démantelés par la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, le mode opératoire de ces deux réseaux est :
Lesdits réseaux sont spécialisés dans l’escroquerie portant sur la sève et les graines de moringa, les épices bios, la sève d’aloe vera ou de concombre de mer qui sont des produits prisés et ce à travers l’utilisation de moyen de communication électronique. Pour ce faire, ils se sont procurés 8 petits téléphones spécialement dédiés à cette activité.
Les nationaux sont chargés d’identifier les victimes et de fournir les informations sur elles. De ce fait, ils collectent les numéros des hautes personnalités, des opérateurs économiques et bien d’autres du pays auprès de leurs amis. Pour aborder la victime, des scénarii sont minutieusement montés selon les cas par le leader de chaque réseau.
En ce qui concerne le Moringa, un membre du réseau appelle la victime en lui donnant un nom fictif et se présente comme étant un étudiant à Paris. Il donne toutes les informations sur elle pour lui faire croire qu’il s’agit d’une connaissance. Si elle tombe dans le jeu, "l’étudiant" lui dit que son tuteur est un docteur qui travaille dans un laboratoire à Paris, et que celui-ci est à la recherche d’une personne de confiance au Burkina Faso pour lui offrir une opportunité raison pour laquelle il a pensé à elle.
Il poursuit en disant que le "docteur" voudrait que cette personne lui trouve de la sève de Moringa pour le compte du laboratoire. Après cela, il passe le téléphone au "docteur" qui persuade la victime en la rassurant qu’il travaille dans le laboratoire Novartis et qu’il a urgemment besoin de 700 litres de sève de Moringa tout en lui faisant une proposition alléchante. Dès que la victime est emballée, il lui communique le numéro d’appel d’un "vieux" censé l’orienter vers les fournisseurs du produit.
Lorsqu’elle appellera, ce dernier joue le jeu et confirme l’existence du produit qu’il faut réserver auprès des fournisseurs à la frontière Burkina-Benin. Pour cela, il lui faut de l’argent pour son déplacement. La victime contrariée se réfère au "docteur" qui la rassure et l’invite à payer la somme demandée car tout cela sera déduit des bénéfices que générera le business.
Le "vieux" qui joue à l’intermédiaire dira que les fournisseurs acceptent d’être payés à moitié et le reste après livraison et qu’il serait en train de venir avec la quantité de sève voulue. De nombreux payements tels le code barre exigé par les forestiers, le produit pour la conservation et l’emballement de la sève, les frais de dédouanement, les amendes de police, réparation de véhicule en panne, frais de gasoil, ou autres lui seront demandé. Les montants de ces payements varient en fonction de l’intérêt que porte la victime sur l’affaire.
Il arrive des moments qu’un membre du réseau joue le rôle d’ambassadeur pour rassurer la victime qu’un versement de plusieurs millions a été fait en son nom sur le compte de l’ambassade. La victime pourrait rentrer en possession de cette somme incessamment car l’ambassadeur serait sur le point de rentrer au Burkina Faso. Ce scénario peut se dérouler durant plusieurs jours et chaque membre du réseau joue minutieusement son rôle pour persuader au maximum la victime de poursuivre et l’amener à transférer le maximum d’argent possible.
Pour ce qui est des épices bio, le cyber-escroc entre en contact avec une des connaissances de la victime en se présentant comme un responsable de l’hôtel Laïco pour lui faire part du recrutement d’un fournisseur d’épices bio. Celle-ci portera l’information à la victime tout en lui fournissant le contact du responsable de l’hôtel Laïco.
Ensuite la victime rentre en contact avec le cyber-escroc pour des informations en lien avec le recrutement. Avec un contrat de 100, 200, voir 300 millions de francs CFA, la victime se voit séduire par les propositions. Une fois la confiance installée, des contacts seront mis à sa disposition pour l’acquisition de ces épices auprès d’un producteur basé à Koudougou. Ainsi de nombreux transferts seront effectués par la victime dans l’espoir de s’approvisionner en épices et de bénéficier dudit contrat.
Il convient de souligner que ces derniers utilisent une liste non exhaustive de noms fictifs et de numéros téléphoniques. Ils se débarrassent desdits numéros après avoir fait de nombreuses victimes.
La majeure partie de l’argent issue de cette escroquerie est transférée au Bénin ou au Sénégal et la part des auteurs burkinabé leur est retournée sur leur propre numéro.