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Sankara, le Cycliste du Burkĩndlem

Publié le vendredi 16 octobre 2020  |  FasoZine
Sankara,
© Autre presse par DR
Sankara, le Cycliste du Burkĩndlem
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Or, en ces jours-là, parut un Édit Céleste, ordonnant le rassemblement de tous les Africains, pour la révolte contre les violations des droits humains en Afrique et ailleurs. Ce rassemblement, le premier, eut lieu pendant que François Mitterrand était Président de toutes les néo-colonies d’Afrique française, théoriquement indépendantes. Tous allaient à cette révolte, chacun dans son pays natal. Thomas lui aussi, se levant intégralement et intègrement, prit son burkĩndlem pour monter dans la région haute de la Volta appelée Haute-Volta, parce qu’il était de la maison et de la lignée des Burkĩmba, afin de s’y révolter et se révolutionner complètement, avec tous les intègres en soif de dignité. De toute son âme, de toute sa force et de tout son pouvoir, il pédalait vite et fort en signe de révolte et de révolution. Car tel était le plus grand commandement dans la Loi de Dieu.

Mais contre qui pédalait-il, révolté ?

Contre l’injustice, la corruption, la maladie, l’ignorance et la pauvreté, il pédalait !

Contre les faux amis du pauvre, les ennemis du pauvre et la dépendance, il pédalait !

Contre l’impérialisme, le néocolonialisme et la Françafrique, il pédalait !

Contre les jaloux, l’intoxication, les hiboux et la dette des Africains, il pédalait !!

Mais pourquoi pédalait-il ainsi ?

Pour la révolution, l’intégrité, l’identité et l’autosuffisance, il pédalait !

Pour la patrie ou la mort, il pédalait !

Pour le développement, l’environnement, l’homme et la femme, il pédalait !

Pour libérer les traditions et moderniser son pays, il pédalait !

Pour transformer la Haute-Volta en Burkina Faso, il pédalait !

Pour l’amitié entre les peuples et l’union de tous les Africains, il pédalait !

Pour un monde de paix et un avenir radieux pour tous, il pédalait !

Était-il vraiment convaincu ?

Pour convaincre, lui-même pédalait !

Sans boire, sans manger, avec tous les Burkĩmba, Prési pédalait !

À gauche des vrais ennemis, à droite des faux amis, le fidèle pédalait !

Sans s’occuper de Sankara et tout souriant, Tom pédalait !

Avec la foi, la confiance, l’afro-optimisme, l’invisible et Dieu il pédalait !

Sur une haute montagne pourtant, le géant pédalait !

Et après ?

Il pédalait et encore il pédalait, jusqu’au lever du jour, il pédalait !

À l’aube d’un Burkina fier, il pédalait !

Sous les applaudissements et avec quelques soutiens, il pédalait !

Jusqu’à faire peur, mais sans écouter les lâches, il pédalait !

Jusqu’au rassemblement des armées, il pédalait !

Jusqu’au lever des nuages, dans les ténèbres, il pédalait !

Jusqu’aux balles, sous les balles, il pédalait : pan, pan, pang, pow, pow !

C’était environ la 4e heure de l’après-midi du 15 octobre de l’an 1987, quand le soleil de l’intégrité s’éclipsa. L’obscurité se fit sur la conscience des Burkinabè jusque tard dans la nuit. Le rideau de la Françafrique se déchira par le milieu. Thomas dit en un grand cri : « ne tirez pas, c’est moi qu’ils cherchent » Et, prenant la coupe de balles, il rendit le souffle au Souffle. À la vue de ce qui c’était passé, le seul survivant, les yeux levés au Ciel, s’écria : « sûrement, cet homme était Burkinabè ».

Kie, kie, kie…Pédale-t-il toujours ?

Dans l’invisible, avec les ancêtres, le victorieux, toujours, pédale !

Écoute dans le souffle du sang innocent, tu l’entendras toujours pédaler !

Écoute ton cœur qui t’appelle au Burkĩndlem, tu l’entendras pédaler !

S’arrêtera-t-il au moins un jour ?

Jusqu’au rassemblement de tous les Africains dignement révoltés contre l’injustice, pour une révolution intègre et radieuse, une Afrique et un monde de paix, de liberté et de justice, Sankara le Cycliste du Burkĩndlem toujours pédalera !

Avec d’autres cyclistes pourtant, il veut pédaler !

Quoi ?

Si d’épaisses ténèbres de lâcheté, de corruption et de trahison t’empêchent de voir le Cycliste du Burkĩndlem pédaler, garde-toi de croire qu’il a cessé de pédaler. Il pédale toujours dans les cœurs de ceux qui luttent pour la victoire du bien sur le mal !

Et après, qu’ont-ils fait du Burkĩndlem?

La survie du Burkĩndlem est entre tes mains. Les mains de tous les révolutionnaires debout pour la justice. Les mains de tous les intègres, qui luttent pour un monde meilleur. Qu’attends-tu pour te saisir du Burkĩndlem avec Sankara sur les hautes montagnes, où l’Étoile du sacrifice meurt pour plus de vie, de rayonnement et d’éternité ?

Ou manges-tu toi aussi du pain de la lâcheté, de la corruption et de la trahison ?



Par Barwendé Médard Sané, SJ (Auteur de If Thomas Sankara Were Alive. The Righteousness of an African Revolution.)
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