Alors que l’ensemble des pays sahéliens continue de s’enfoncer dans la crise sécuritaire, le Burkina Faso vient de franchir la barre du million de déplacés internes – pour environ 20 millions d’habitants.
Les groupes « djihadistes » semblent y gagner du terrain, comme en témoigne l’attaque d’humanitaires français et nigériens à proximité de Niamey le 9 août ou celle d’un poste-frontière entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire le 11 juin dernier. Comment comprendre l’extension des espaces contrôlés par les « djihadistes » ? Faut-il y voir le succès d’une idéologie politico-religieuse ?
Le résultat de conflits ethniques ? L’expression d’une simple criminalité organisée ? Ce sont surtout des facteurs structurels qui expliquent l’attrait d’une partie de la population pour ces organisations funestes : l’appauvrissement des campagnes, les tensions foncières et la crise de légitimité de l’État.
Pauvreté rurale, tensions foncières
Les campagnes burkinabè connaissent une situation de pauvreté durable pour trois raisons principales : la croissance démographique, la désertification, et le manque d’investissements, notamment de la part de l’État. Dans ce contexte, l’Union africaine estime : « Malgré les efforts de libéralisation de l’espace politique, la lutte pour l’accès à la terre et aux ressources naturelles demeure l’un des principaux facteurs qui alimentent l’instabilité en Afrique. »
Bien que le Burkina Faso subisse, comme la plupart des pays d’Afrique, un fort exode rural, la population des campagnes continue de croître : elle a doublé entre 1985 et 2019, passant d’environ 7 à 14 millions de personnes. Conséquence immédiate : plus d’hommes pour moins de terres. Dans un contexte où les moyens de faire croître la productivité de l’agriculture sont quasi inexistants, les communautés villageoises disposent de peu de solutions pour permettre à chacun de subvenir à ses besoins : partager les terres, en mettre de nouvelles en culture, pousser les jeunes à en trouver une dans un autre village ou à aller vivre en ville.
De surcroît, contrairement à l’idée selon laquelle l’élevage pastoral – qui concerne essentiellement les Peuls, ethnie présente dans toute l’Afrique de l’Ouest – serait un archaïsme en voie de disparition et que tous les peuples seraient destinés à se sédentariser, le nombre de pasteurs demeure croissant .... suite de l'article sur Autre presse