Des spécialistes de population de la Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP) ont échangé, le vendredi 18 septembre 2020 à Ouagadougou, avec l’Association des journalistes et communicateurs en populations et développement (AJCPD), sur les défis de la croissance démographique.
La vision nationale de développement, la situation de la population dans le monde et en particulier au Burkina Faso, les avantages d’une fécondité maîtrisée dans plusieurs secteurs de développement socioéconomique, ont été, entre autres, les points abordés par des spécialistes en population, avec les communicateurs et les journalistes, le vendredi 18 septembre 2020 à Ouagadougou. Au cours des échanges, les spécialistes ont confié qu’en 1950, la population mondiale était de 2,5 milliards. En 2050, la terre comptera 9,7 milliards d’habitants et d’ici à 2100, elle sera à environ 11 milliards.
Des cinq continents du monde, le Directeur des politiques et population (DPP), Gustave Bambara, a indiqué que la population de l’Europe diminue, tandis que celle de l’Afrique croit rapidement. « De nos jours, la croissance de l’Afrique dépasse plusieurs fois, celle de la Chine qui a opté pour la politique de l’enfant unique », a-t-il déploré. A l’entendre, le Burkina Faso qui comptait 10 millions 312 mille 609 habitants en 1996, est passé à environ 14 millions en 2006. En 10 ans seulement, elle s’est augmentée de 4 millions, avec un taux de croissance accéléré et va doubler à chaque 23 ans. Pour M. Bambara, certains enfants naissent par ‘’accident’’ et si rien n’est fait, en 2050, la population du pays des Hommes intègres atteindra 56,5 millions. « Mais si, la fécondité est maîtrisée, le pays pourrait éviter la venue au monde de 19,8 millions de personnes », a-t-il soutenu. Il a souligné que selon une enquête de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), les femmes veulent en moyenne cinq enfants, alors que les hommes en veulent plus. Aujourd’hui, a-t-il affirmé, un couple est à 5,4 enfants. Ce désir, à son avis, pourrait être dû au fait que dans les sociétés africaines, avoir plusieurs enfants est un
signe de prestige. Malheureusement, il a dit avoir constaté que beaucoup naissent et ne vivent pas longtemps. Cette situation de décès, selon lui, s’expliquerait biologiquement. « La gouvernance est un élément capital pour la capture du Dividende démographique (DD). Dans un pays où, il n’y a pas une bonne gouvernance, il est voué à l’échec. C’est la raison pour laquelle, dans les pays d’Afrique en général, la gouvernance fait défaut », s’est-il convaincu.
3,6 enfants par femme en 2030
Pour permettre aux couples de décider du nombre d’enfants souhaités, le gouvernement a fourni d’énormes efforts en matière de méthodes contraceptives, qui ne sont pas obligatoirement des produits selon le DPP, pour limiter les naissances, mais pour assurer aussi la santé des femmes et des enfants. L’Enquête multisectorielle continue (EMC) en 2015, a révélé que 24% des femmes utilisent des produits contraceptifs, 19,4% ont un besoin non satisfait, 43,4% ont une demande potentielle totale et 56,6% des femmes ne disent rien sur ces méthodes.
« L’efficacité des méthodes traditionnelles n’est pas connue, c’est pourquoi, nous faisons la promotion de celles modernes où certaines sont efficaces à 100% », a justifié M. Bambara. En dehors de ces méthodes, le chargé de suivi-évaluation de l’Observatoire national du DD, Mahamoudou Kaboré, a signifié qu’il existe le volet économique, où tout le monde doit travailler et être rémunéré. Le DPP de clarifier que dans la politique nationale de la population, les 5,4 enfants par femme sont élevés. « Nous envisageons à l’horizon 2030, que chaque femme ait en moyenne 3,6 enfants et en 2050, qu’elle tende vers 2,1 enfants», a-t-il affirmé. Il a précisé que si la population continue de croître, d’ici à 2060, 2070, il n’y aura plus de surfaces cultivables et ce sera à l’Etat de prendre des dispositions nécessaires. Pour lui, l’éducation, l’allaitement maternel et l’âge d’entrée en première union, sont des facteurs qui peuvent contribuer à maitriser la croissance démographique au Burkina Faso. Si, la fécondité est également maîtrisée, M. Bambara a dit espérer qu’il y aura une demande moins forte en dépenses d’éducation, des besoins moins croissants en centres de santé et en nouveaux emplois.