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Burkina Faso: Les élections couplées Présidentielle/Législatives risquent de jouer un très mauvais tour au MPP

Publié le mardi 15 septembre 2020  |  NetAfrique.net
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© Autre presse par DR
Burkina Faso: Les élections couplées Présidentielle/Législatives risquent de jouer un très mauvais tour au MPP
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Un embrouillamini semble s’emparer du parti au pouvoir, Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à quelques semaines des élections couplées Présidentielle/Législatives du 22 novembre prochain. Avec les simulacres de primaires pour désigner les candidats aux législatives, la mise au point du président du parti, Simon Compaoré, à ce sujet, les démissions des députés Raphaël Kouama du Kourwéogo et de Abdoulaye Ouédraogo de Gourcy, la passe d’armes autour du congrès-investiture du Rassemblement du peuple pour l’intégrité (RPI), l’abeille semble être rentrée dans le masque de la majorité présidentielle.

La sérénité qui a régné dans les rangs du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) lors des scrutins de novembre 2015 est loin d’être renouvelée en 2020. Auréolé de leur élan d’exclusion qui a mis sur la touche un adversaire de taille à savoir l’ancienne majorité constituée essentiellement du CDP et de l’ADF/RDA, les RSS (Roch, Salif, Simon) et leurs partisans sont passés haut les mains.

Avant de se conforter une majorité à l’Assemblée nationale à travers un regroupement hétéroclite connu sous l’appellation de « Alliance des partis de la majorité présentielle » (APMP). Si l’unanimité est indéniable autour du candidat à la Présidentielle du 22 novembre prochain en la personne de Roch Marc Christian Kaboré, chaque membre de la fameuse alliance cherche à glaner le maximum de députés lors des Législatives quitte à faire des crocs-en-jambe aux autres voire piétiner sur les pré-bandes du parti-père, le MPP. Cette cacophonie au sein d’une même famille politique mue par des intérêts divergents commence à lézarder les fondements de l’alliance.

Des propos attribués au représentant du MPP lors du Congrès-Investiture du Rassemblement patriotique pour l’intégrité (RPI) a d’emblée provoqué un levé de boucliers. Dans un communiqué péremptoire signé par son porte-parole, Bindi Ouoba, le parti au pouvoir nie s’être fait représenté à cette conclave et réfute toute accointance politique entre le MPP et ce parti créé en décembre 2019 par des dissidents de la Majorité.

« Ayant constaté la volonté inébranlable du peuple burkinabè de rompre totalement avec les pratiques politiques dépassées, rétrogrades, voire surannées, et soucieux d’offrir une alternative politique innovante, crédible, intègre et dénuée de médiocrité, nous, transfuges des partis de la majorité et de l’opposition à la démocratie interne agonisante, acteurs de la société civile et autres observateurs avisés de la scène politique, avons, dans un sentiment patriotique, pris librement sur nous-mêmes de créer le Rassemblement patriotique pour l’intégrité », a justifié le président du parti, Inoussa Bilgho, lors de la conférence de presse de présentation du parti, le 20 décembre 2019.

Considéré à sa création comme un parti dont les « vrais géniteurs » sont des caciques du parti au pouvoir, notamment le Larlé Naaba et Bala Alassane Sakandé, président de l’Assemblée nationale, le RPI est venu semer la suspicion entre le président du MPP, Simon Compaoré et ses camarades. Une méfiance entre le parti-père du pouvoir et cette entité se réclamant de la mouvance présidentielle qui a pourtant investi Roch Marc Christian Kaboré comme son candidat à la Présidentielle du 22 novembre prochain.

Si le MPP n’a rien eu à dire sur les autres partis qui ont porté son choix sur son candidat en se reconnaissant même dans la délégation qu’elle a dépêchée aux différentes cérémonies organisées à cet effet, il persiste dans son élan de se démarquer du RPI. Cette attitude « deux poids, deux mesures » intrigue plus d’un observateur du paysage politique burkinabè.

A travers cette guéguerre, c’est un combat entre cacique entretenu par Simon Compaoré, Larlé Naba et Alassane Bala Sakandé. En un mot, le MPP ne veut ni de l’appartenance du RPI à la Majorité ni du soutien de ce parti à son candidat pour la Présidentielle.

Pourquoi tant de ressentiment alors que c’est un secret de polichinelle que l’initiateur, le parrain et le bailleur du « Nouveau Temps pour la Démocratie » (NTD) est bel et bien le président actuel du parti au pouvoir.

En effet, le MPP a peur de se faire harakiri lors des élections législatives à venir. Les simulacres de primaires organisées dans les différentes provinces pour désigner les éventuels candidats aux législatives n’ont cessé de donner un goût amer aux initiateurs de ces consultations internes et entraîné des frustrations au sein des militants.

Des chefs d’institutions, des ministres et des directeurs généraux, jadis oublieux de leurs localités d’origine, ont manifesté subitement un intérêt politiquement boulimique pour leurs provinces dès qu’ils ont accédé à hauts postes. Et ce, dans la perspective de s’afficher et de s’affirmer politiquement dans les scrutins à venir. Profitant de leurs assises sociales, certains ont su amadouer le collège électoral pour se faire bien noter et se placer en pole position.

Ainsi, les médias ont été utilisés pour relayer ceci à dessein : « Bala Alassane Sakandé, tête de liste, dans la province du Kadiogo », « Paul Kaba Thiéba, tête de liste, dans la province du Sourou », « Alpha Barry, tête de liste, dans la province du Kourwéogo», etc. Il n’en fallait pas plus pour que le président du MPP, Simon Compaoré, sorte ses gongs pour rappeler que « seul le parti est habilité à désigner et à classer ses candidats aux législatives ». Avant de prévenir : « Les militants non retenus qui iront se porter candidats d’un autre parti seront exclus du MPP ».

Cette mise au point résulte d’un agacement au sommet du parti majoritaire. C’est le reflet de sérieuses fissures en son sein même si ses premiers responsables refusent de voir cette réalité avec lucidité. Ceux-ci sont sous l’emprise de la crainte que d’éventuels recalés, très populaires dans leurs localités, au profit des bonzes du régime ne profitent aux camps adverses, n’hésiteront pas à rallier les camps adverses.

Les démissions des députés Raphaël Kouama du Kourwéogo et Abdoulaye Ouédraogo du Zondoma, ainsi que le départ du Mouvement pour le progrès et le changement (MPC) de l’APMP pour le Chef de file de l’Opposition, ne font que mettre du sable dans le couscous dans le sable de la Majorité. A dire vrai, les élections couplées Présidentielle/Législatives risquent de jouer un très mauvais tour au MPP. Wait and see !
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