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Burkina Faso : Qui est réellement Eddie Komboïgo ?

Publié le samedi 12 septembre 2020  |  NetAfrique.net
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© Autre presse par D.R
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) a organisé, le 29 août 2015 au stade municipal de Ouagadougou, son meeting régional du Centre. Photo : Eddie Komboïgo, président du CDP
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Je suis franchement admiratif de cet expert-comptable sorti pratiquement de nulle part, mais qui marque des pas de géant aussi bien dans son domaine de compétence qu’en politique au pays des hommes intègres.

Eddie Komboïgo est l’actuel président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti de l’ex-président Blaise Compaoré.

Mais à vrai dire, rien ne le prédestinait à une telle position de choix dans un parti politique qui regorge autant de dinosaures, de prédateurs que d’hommes aussi riches que puissants et qui justement, venait surtout de perdre son mentor, Blaise Comparé, à la faveur de l’insurrection du 31 octobre 2014 au Burkina Faso.
C’est pratiquement au détour d’un heureux hasard que je suis tombé sur l’un de ses entretiens avec la chaine internationale Africa 24 où son naturel, sa précision dans l’argumentation, ainsi que sa cohérence dans le raisonnement ont d’emblée fixé mon attention.

Une brève visite de son CV m’a permis de recueillir quelques recettes sur le personnage. Il est né en septembre 1964 à Ouagadougou; il connut un cursus scolaire et universitaire linéaire et sans bruit jusqu’à l’obtention de son diplôme d’études supérieures en comptabilité et finances à l’institut national des techniques économiques et comptables de Paris.

Un simple stage de trois mois aurait suffi à faire de lui, un expert-comptable à même d’exercer amplement en France.
Il en avait toute la latitude puisqu’il n’avait point de compte à rendre au gouvernement burkinabè qui lui avait coupé la bourse après qu’il eut choisi une filière autre que celle de la gestion pour laquelle, son pays la lui avait octroyée afin de le destiner exclusivement à l’enseignement une fois de retour au pays.

Mais manifestement, sa fibre patriotique a eu raison des prestiges que pouvait lui offrir une installation définitive dans ce pays de l’hexagone.

Au bercail, il a certes exercé auprès de la cour d’appel comme expert-comptable, en même temps qu’il enseignait à l’université de Ouagadougou, mais il eut surtout l’ingénieuse idée de mettre sur pied son propre cabinet d’audit financier et d’expertise-comptable, ce malgré les conditions précaires qui étaient les siennes à l’époque.
C’est justement au travers de ce cabinet que l’homme construira toute son aura d’expert pas seulement de finances et comptabilité, mais surtout aussi, de l’école de la vie.

Deux éléments simples fondent mon affirmation ci-dessus :
D’abord l’essor que connait un tel cabinet érigé sans soutien particulier et n’ayant joui que du savoir-faire de son fondateur. Le cabinet CAFEC-KA est aujourd’hui une référence non seulement au Burkina Faso, mais également sur l’ensemble du continent africain. Ceci ne peut qu’être le fruit de l’efficacité, de la rigueur, du professionnalisme, mais surtout aussi, des qualités managériales de celui dont nous parlons ici.

Ensuite la généreuse reconnaissance que Eddie Komboïgo a manifestée à l’égard de ses deux compagnons des premières heures. Aphonse Somda, comptable agréé et Mme Kondombo Rachelle qui avaient accepté le salaire mensuel de 15.000 fcfa aux heures embryonnaires du cabinet, ont ainsi bénéficié en 1999, grâce à la largesse de leur patron, d’une ouverture d’actions qui fait d’eux, des partenaires à part entière de l’établissement.
Cet acte à lui seul me renseigne suffisamment sur l’une des qualités majeure d’Eddie Komboïgo : la reconnaissance.
Les icônes du succès et de la réussite nous renseignent que la gratitude et la reconnaissance sont des valeurs intrinsèques aux envolées évolutives de tout leader.

Mais combien sont capables de s’approprier une telle valeur dès lors que la vie commence réellement à leur sourire ?
Au contraire, très souvent, beaucoup d’entre nous, nous laissons irrésistiblement enchainer par un tel complexe que nous préférons noyer ceux qui ont contribué, par leur labeur, à nous mettre sur le piédestal de la gloire. Les exemples en la matière sont légions, notamment dans le champ politique en Afrique, mais je ne m’aventurerai justement pas à en donner.

Heureusement, ce fut tout le contraire de cet homme qui se reconnait comme s’étant « construit à partir de zéro », mais avec ce savoir-faire propre aux hommes d’action et de vision.

Voilà donc ce pur produit du privé qui glisse habilement sur le chantier politique en se faisant élire en 2012 comme député du CDP à l’Assemblée Nationale. Mais cette expérience sera plutôt éphémère. A peine deux ans et l’insurrection balaya cette Assemblée d’un revers de la main et l’homme verra d’ailleurs son domicile brûlé alors qu’il n’est comptable d’aucun délit et encore moins de crime d’ordre financier ou autre…

Voilà pourquoi à juste titre, les étudiants des facultés de l’économie et de droit de l’Université de Ouaga, à qui il enseigne depuis 20 ans, se sont organisés de leur propre gré, pour effectuer le nettoyage complet de cette maison, alors que leur professeur victime était absent du territoire.

Ironie du sort, c’est justement à ce quasi novice en politique que le parti de Blaise Comparoé va plus tard confier la guidance et le lead.
Comment peut-on s’expliquer une telle confiance à lui confiée par des hommes et femmes de poids dont l’expérience politique ne souffre d’aucune faiblesse ?

Sans doute qu’il marque la différence de par son élan, son intégrité, sa droiture mais surtout aussi, sa probité morale qui défient toute critique et tout jugement.
Justement la justice burkinabè est bien placée pour témoigner de la droiture de cet homme, lui qui a dû faire un passage de plus de quatre mois en prison sur des soupçons manifestement infondés de complicité dans le putsch du 16 septembre 2015 contre la transition et qu’elle s’est vue bien obligée de blanchir totalement, faute d’indices concordants de culpabilité.

Depuis que les rênes du CDP lui ont été confiées, Eddie Komboïgo à fait le pari de recoller les morceaux du parti par un travail de fourmi sur le terrain et une remobilisation des énergies autour des nouveaux idéaux qu’il a fait germer et entend farouchement entretenir.

Dans l’interview qui m’a plongé dans l’enquête sur la vie de cet homme, il répond à Babylas Boton qui voulait en savoir plus sur ses ambitions : « Mon dernier souci est de travailler à l’unité, à la cohésion, à l’élargissement du parti de sorte que si vous adhérez au CDP et c’est vous qui êtes choisi comme candidat, vous passez en 2020 ».
Ce langage est tout à fait pertinent et contraste avec d’autres dirigeants qui estiment que dès lors qu’un candidat déjà choisi n’est plus, il est impossible de choisir un autre à la dernière minute et gagner une élection, si ce n’est le mentor lui-même qui d’ailleurs décrète sa propre désignation.

Nous avons là, deux états d’esprits contradictoires où certains dirigeants ont du mal à implanter une stratégie de leadership qui transcende leur personne et leur individualité.
Ce n’est manifestement pas le cas d’Eddie Komboïgo même si au bout du compte, cet homme de 56 ans a fini par être désigné par le CDP pour le représenter à l’élection présidentielle de novembre prochain.
En tout cas son profil, son background, son langage et ses actes montrent à suffisance qu’il est un leader et non des moindres qui jette un regard bienveillant sur l’ensemble de ses concitoyens, sans distinction et sans discrimination quelconques.

Alors, qu’il remporte l’élection ou non au Burkina Faso, il donne au moins les gages d’une lucidité, d’une humilité et d’une intégrité qui sont d’irréfutables attributs de vrais leaders dont beaucoup de dirigeants sur le continent devraient s’inspirer et incarner pour le salut des peuples d’Afrique.

Luc ABAKI
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