Le député Alitou Ido a affirmé en début d’année, que la CENI a identifié plus de 2 millions 200 mille Burkinabè immatriculés dans les ambassades et consulats. Des journalistes burkinabè formés la semaine dernière à Koudougou en Fact-checking, ont démontré l’inexactitude de ses propos.
Une vingtaine de journalistes burkinabè ont pris part du lundi 17 au vendredi 21 août 2020 à Koudougou (Centre-ouest), à une formation sur le Fact-checking qui consiste à une vérification à postériori des faits et des déclarations publiques.
Dans un exercice pratique, la couvée divisée en quatre groupes a vérifié quatre informations parus dans les medias burkinabè dont une affirmation du député Alitou Ido, vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC, opposition).
Dans la parution du quotidien privé Le Pays du 6 Janvier 2020, le député déclare que «la CENI avait identifié un peu plus de 2 200 000 Burkinabè qui étaient immatriculés dans les Ambassades et Consulats».
Joint au téléphone, le député a reconnu les propos mais n’a pas été capable de déterminer ni la période de ces immatriculations ni de produire un document qui atteste ses propos.
Il a simplement invité les journalistes à prendre attache avec la commission électorale nationale indépendante (CENI) pour de plus amples informations.
Les apprenants ont alors joint le directeur de la communication et de l’éducation citoyenne de la CENI Yacouba Ouédraogo.
M. Ouédraogo a avancé le chiffre de 1 237 675, tout en précisant que sa structure «n’identifie pas les Burkinabè de l’extérieur mais elle fait (plutôt) une centralisation des données du ministère de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur».
Les journalistes en formation ont enfin interpellé le ministère de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur pour en savoir davantage.
Les chiffres fournis par le ministère se sont avérés différents non seulement de ceux du député mais également de ceux de la CENI.
Pour le ministère, à la date du 31 décembre 2018, ce sont 1 249 206 Burkinabè qui étaient immatriculées dans 18 ambassades et consulats sur les 30 juridictions diplomatiques du pays.
Le ministère a précisé que les chiffres des années 2019 et 2020 ne sont pas encore disponibles, et que des notes ont été envoyées aux ambassades et consulats pour actualiser lesdites données.
Les journalistes ont donc conclu que la déclaration du député est inexacte.
Selon le formateur Boureima Salouka, le Fact-checking vise à donner au sein de l’espace public, une information de qualité sur laquelle, les citoyens peuvent se fonder pour travailler et aussi emmener les personnalités qui dirigent ou aspirent à diriger, à avoir une responsabilité dans leurs prises de parole en public.
«Le Fact-checking est devenu un nouveau genre journalistique qui appelle à plus d’exigence en termes de méthodes et de temps», a-t-il affirmé.
La formation est la seconde après celle de Bobo-Dioulasso organisée par l’Association des Journalistes du Burkina (AJB).
Pour le président de l’AJB Guézouma Sanogo, «quand le Fact Checking sera beaucoup généralisé, les gens feront attention à ce qu’ils disent et il permettra de réduire le mensonge dans l’espace public».