C’est au cours d’une conférence de presse ce jeudi 20 Aout 2020 que le Dr Aristide OUEDRAOGO, Président du Front Patriotique pour le Renouveau (FPR) a confié aux hommes de média, que son parti ne compte pas présenter de candidats aux deux élections couplées du 22 Novembre 2020.
Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de la déclaration.
Chers patriotes, peuple du Burkina Faso, mesdames et messieurs les représentants de la presse nationale et internationale, en ce moment particulièrement difficile pour le Burkina Faso, sachant que la première ressource de ce pays réside dans la qualité de ses Hommes, le FPR (Front Patriotique pour le Renouveau) a décidé de porter officiellement à la connaissance de tous, sa position sur sa participation aux élections couplées (Présidentielles et législatives) dans les conditions actuelles de leurs organisations.
Ainsi, considérant :
Qu’il y a une partie substantielle du territoire Burkinabè qui est sous occupation terroriste avec leurs drapeaux qui y flottent allègrement sous le regard impuissant des dirigeants ;
Que des burkinabè qui survivent dans les zones assaillies et occupées n’ont pas de possibilité d’user de leurs droits de vote (tel que garantit par la Constitution) pour les élections sus-citées et que dans de nombreuses provinces, les candidats et les électeurs ne peuvent se réunir avec sérénité au cours d’un quelconque meeting de campagne électorale sans courir le risque de subir un carnage ;
Qu’il est indéniable que notre pays est dans une situation économique tendue avec des souffrances populaires perceptibles alors que l’exécutif décide d’utiliser plus de 57 milliards pour organiser des élections législatives et présidentielles en 2020 et utiliser à nouveau des milliards pour les élections municipales en 2021 pendant qu’il est possible d’organiser ces élections lors d’un même et unique scrutin après 2020;
Le FPR vous affirme sans ambages, qu’il s’inscrit contre la dynamique d’organisation des élections couplées en 2020 en laissant d’autres Burkinabè pour compte. Nous affirmons que dans la logique de « pas un pas sans le peuple », s’il doit y avoir des élections en 2020, soit tout le monde y vas, soit on y va pas.
De même, tenant compte du caractère universel des élections (consacré par les articles 37 et 80 de la constitution) qui met clairement à nue cette impossibilité de tenue des élections citées dans les conditions actuelles, la CENI sur la base des injonctions reçu a renforcé le processus d’enrôlement de manière ahurissante pour se retrouver à la fin de l’opération avec un total d’enrôlés estimé seulement à environ 2.300.000 électeurs potentiels.
Mesdames et messieurs, si en 2015 il y avait 5.542.253 inscrits sur le fichier électoral pour une population de 18,11 millions d’habitants contre seulement 2.300.000 inscrits cinq (05) ans plus tard (2020) pour une population qui a bien augmenté ; cela nous interpelle tous sur l’état de santé et d’adhésion populaire au modèle démocratique qui nous est servi actuellement.
Ce chiffre évocateur et extrêmement maigre de 2.300.000 inscrits sur le fichier électoral 2020, pour une population de plus de 21 millions d’habitants, pointe inéluctablement le doigt sur la défaillance d’un système politique impopulaire auquel la majorité des Burkinabè ne s’y reconnaissent plus.
Au lieu de continuer à foncer la tête baissée, s’il y avait présentement de la clairvoyance dans la gouvernance et l’exercice de la politique au Burkina Faso, l’on ne devrait pas refuser de marquer une halte en vue d’une large concertation pour corriger les imperfections et incohérences.
Du reste, en se basant également sur le rapport général de l’Assemblée Nationale (rencontres régionales entre le président de l’Assemblée Nationale, les élus, les Forces de Défense et de Sécurité, les autorités administratives, et les forces vives des régions fortement impactées par l’insécurité), il ressort clairement que les préoccupations majeurs de la majorité des populations des zones attaquées et occupées portent essentiellement sur le retour de la paix, de la sécurité, le retour des PDI (Personnes Déplacées Internes) dans leurs localités d’origines ; que la tenue des élections ne saurait être un sujet à l’ordre du jour de leurs points de vues et qu’aussi, les sondages effectués par des structures spécialisées mettent en évidence qu’actuellement le besoin de sécurité prime sur toutes autres préoccupations dans les zones concernées. [1]
De ce rapport du parlement, il est indéniable que l’insécurité dans lequel est plongé notre pays en ce moment rend impossible une tenue sereine de ces élections. Il a pris le soin de sérier les élections en affirmation que la tenue des élections législatives est impossible tout en recommandant leurs reports et la prorogation du mandat des députés d’une année supplémentaire.
Le FPR salue les députes pour la reconnaissance publique à travers leur rapport, de l’existence fondamentale du problème de l’insécurité qui impacte réellement et négativement la tenue des élections couplées.
Toutefois, nous estimons également qu’il faut avoir le courage et le patriotisme d’affirmer que les deux élections concernées sont de même nature, elles sont censé se dérouler le même jour, elles concernent le même corps électoral ainsi que le même territoire. De ce constat, notre position se trouve largement justifiée en argument du fait que si le problème de l’insécurité est de nature à empêcher les élections législatives, c’est qu’il l’est également au même titre pour les élections présidentielles.
Le FPR réaffirme donc ici sa position qui est l’inadéquation de la tenue des élections couplées avec les réalités vitales du peuple Burkinabè en 2020.
Nonobstant ces réalités évidentes dont il y a lieu d’en tenir compte, le régime et ses alliés ce sont lancés sur la voie d’une modification du code électoral (loi électorale) qui doit servir de base juridique à l’organisation déjà décriée de ces élections, dans le bafouement des procédures recommandées à moins de six (06) mois de la date fixée par le gouvernement.
S’il est encore nécessaire, le FPR rappel ici à ces alliés que le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance ratifié par le Burkina Faso, dispose en son article 2 « qu’aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six (6) mois précédant les élections sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques ».
De même, l’article 28 E f du protocole portant amendement du statut de Malabo de la cour Africaine de justice et des droits de l’Homme, intègre parmi les faits constitutif du crime de changement anticonstitutionnel de gouvernement, « toute modification substantielle des lois électorales durant les six (06) mois précédant les élections sans le consentement de la majorité des acteurs politiques »
Le FPR attire donc l’attention de tous ceux qui ont donné leurs accords pour une modification du code électoral en ce moment précis sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques du Burkina Faso, qu’ils s’engagent résolument vers la commission du crime de changement anticonstitutionnel de gouvernement en 2020.
Il est donc d’une évidence admissible que si la modification du code électoral du Burkina Faso venait à être adopté par le parlement en violation des dispositions ci-dessus citées et qu’il sert de base à l’organisation des élections couplées du 22 novembre 2020, alors le gouvernement qui en sera issu sera de facto un gouvernent illégitime et anticonstitutionnel. Qu’un tel gouvernement ne s’étonne donc pas d’être combattu avec toutes les armes juridiques, démocratiques et politiques disponibles.
Dès lors, les acteurs politiques du Burkina Faso, ainsi que de la communauté internationale sont amplement informés sur cette tentative de passage en force qui se prépare ainsi que des conséquences possibles qui en résulteraient.
Aussi le FPR rappel à tous, que la crise politique intervenue au Mali voisin ces derniers temps est un exemple évocateur, puisqu’étant la conséquence direct de l’organisation de leurs élections présidentielles et législatives.
En considération de tout ce qui précède, tenant compte du fait qu’il y a un entêtement clair et visible de la part du régime actuel et de ses alliés de jour et de nuit, à aller vers l’organisation coute que coute, vaille que vaille, de ces élections couplées le 22 novembre 2020 afin de sauver certains mandats et certains postes tout en occultant carrément les problèmes qui pourraient en résulter ; le FPR déclare qu’il ne sera ni partisan, ni complice dans un processus qui au lieu de renforcer la démocratie et la paix social, nous conduira bien au contraire vers la déliquescence du pays.
En tout état de cause, ayant fait le choix de la préservation de notre dignité et de notre vision politique, le FPR annonce ce jour 20 aout 2020 à tous, de manière publique et sans équivoque qu’il ne prendra pas part aux élections couplées présidentielles et législatives dans les conditions actuelles de leurs organisations non inclusives et non universelles.
Que l’on ne s’y méprenne pas, nous ne faisons pas partie et nous ne ferons pas partie de ceux qui organisent des investitures çà et là à type de festivités et de réjouissances, pendant qu’une fraction considérable du peuple Burkinabè souffre profondément des maux dénoncés.
Au titre donc de ces deux élections non inclusives en 2020, nous ne présenterons aucun candidat et nous ne soutiendrons également aucun candidat dans l’intention de recevoir des faveurs financières ou quoi que ce soit en retour. Vivre pour le peuple et servir le peuple dans l’équité et la justice sociale, tel est notre noble combat.