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Le plus grand cours d’eau du Burkina menacé de pollution

Publié le jeudi 13 aout 2020  |  AIB
Fleuve
© Autre presse
Fleuve Mouhoun
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Le fleuve Mouhoun, le plus grand cours d’eau du Burkina Faso, connait de grands risques de pollution, à cause des activités d’orpaillage qui s’y mènent depuis deux ans avec de dangereux produits chimiques.

Des dizaines de pirogues flottant sur l’eau, des centaines de tricycles entassés au bord de l’eau et des centaines de sacs de granite entreposés tout au long des deux rives du Fleuve Mouhoun, tel est le spectacle que nous avons constaté dans la journée du 4 juin 2020.

Tandis que les piroguiers font traverser les sacs de granites de la rive du Sanguié vers celle des Balé, les conducteurs de tricycles, eux, transportent ces sacs vers les marchés d’or des villages de Sécaco et de Soroboly.

«Le minerai est extrait dans la forêt de Kalio qui relève de la province du Sanguié, région du Centre-Ouest. Et le traitement se fait dans les villages dans les Balé, région de la Boucle du Mouhoun », a expliqué le maire de la commune rurale de Sibi Issifou Ganou

Le fleuve Mouhoun qui constitue donc la jonction entre l’extraction et le traitement de l’or est en proie à une suractivité, de jour comme de nuit, et cela qui perdure depuis deux ans, selon Issifou Ganou.


Le maire de la commune rurale de Sibi Issifou Ganou.
«Les orpailleurs traitent l’or à l’aide des machines installées au bord du fleuve et rejettent l’eau boueuse directement dans le fleuve», regrette M. Ganou.

Pour le maire, ces activités ont rendu l’eau du Fleuve trouble et rougeâtre.

Il ajoute que «des trous de cyanuration sont fait sans respect des normes et de contrôle, exposant ainsi les nappes phréatiques à une pollution souterraine».

«Au marché, les orpailleurs utilisent des produits chimiques sévères tels que le cyanure et le mercure» a soutenu l’inspecteur principal des Eaux et Forêts Bernard Bingo, alors Directeur provincial de l’Environnement et de l’Economie verte des Balé.

Cet état de fait expose, d’après lui, le fleuve Mouhoun, le plus long du pays dont près de 1000km en territoire burkinabè, à de sérieux risques de pollution.


Le Directeur provincial de l’Economie verte et du changement climatique Bernard Bingo.
Ainsi, «consécutivement aux premières pluies de cette année et de l’année dernière, nous avons assisté à une mortalité des poissons», a confié l’inspecteur principal des Eaux et Forêt.

Bernard Bingo a poursuivi que des espèces telles que les crocodiles et certaines variétés rares de poissons comme le clarias et les anguilles, ne pouvant plus vivre dans ce milieu inconfort, disparaissent ou meurent.

«Nous avons appelé les populations à ne pas consommer ces poissons mais malheureusement ces poissons étaient déjà vendus sur le marché», a-t-il regretté.

La fourniture d’eau de boisson à la population des Balé par l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA) a connu des perturbations suite à des suspicions de pollution du fleuve, selon le Haut-commissaire des Balé Yaya Sanou.

«L’ONEA s’est rabattu aux forage en faisant une rotation dans la distribution de l’eau si bien que nous avons des difficultés pour avoir l’eau à Boromo ces derniers temps», a confié Yaya Sanou.

D’après lui, «en rapport avec le traitement du minerai sur le long du fleuve, l’ONEA a dû prendre ces mesures car ne disposant pas de matériel spécial pour le traitement en cas de contamination au cyanure».


Le Haut-Commissaire de la province des Balé Yaya Sanou.
Pour cette raison, M. Sanou a affirmé avoir saisi l’Agence de l’eau du Mouhoun afin de procéder à des évaluations nécessaires.

Egalement dans une synergie d’actions entre la mairie de Sibi, la direction provinciale de l’Environnement et de l’Economie verte et les populations riveraines, une opération a permis de désinstaller certaines machines aux abords du fleuve. Dans la même lancée, des trous de cyanuration ont été détruits.

Mais de l’avis de Bernard Bingo, ces machines et trous sitôt détruits, des orpailleurs en réinstallent d’autres.

Cette difficulté de l’avis des autorités de la province des Balé, réside dans le fait que l’activité se déroule dans deux régions différentes.

Le responsable de la Police de l’eau du Mouhoun Bakary Koura qui s’est rendu sur les lieux avec son équipe n’a pas pu intervenir car les machines étaient installées dans le Sanguié, une zone qui selon lui, ne relève pas de ses compétences territoriales.

Joint au téléphone, M. Koura a indiqué qu’ «à part le mouvement des pirogues qui a rendu l’eau rougeâtre, nous n’avons constaté aucune activité susceptible de polluer l’eau du côté des Balé».

Bakary Koura préconise toutefois une concertation entre les deux régions concernées par le problème.

L’activité anthropique aux alentours du fleuve entraine également l’ensablement qui constitue une grosse équation selon Bernard Bingo.

Il a pour ce faire recommandé l’implication des ministères de l’Environnement et de celui de l’Agriculture, le tout piloté par l’Agence de l’eau du Mouhoun afin que des mesures idoines soient prises pour éviter la pratique de l’agriculture à 100m des berges.
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