Depuis l’attaque meurtrière qui a coûté la vie, le dimanche dernier, à 8 personnes au Niger dans le parc de Kouré, l’armée nigérienne est montée sur ses grands chevaux afin de débusquer les auteurs de ce macabre forfait. Cette riposte s’est traduite par la tenue d’un conseil extra-ordinaire de sécurité le lendemain de la triste nouvelle à la présidence de la République.
Comme pour montrer sa détermination, le président Issoufou Mahamadou s’est entouré de son Premier ministre, de ses ministres de l’Intérieur, de la Défense et des Finances, ainsi que la plus haute hiérarchie militaire.
Même si rien n’a filtré de cette rencontre, l’élargissement de l’Etat d’urgence à toute la région de Tillaberi à l’issue du conclave constitue un signal fort.
En effet, deux nouveaux départements, celui de Kollo qui englobe la zone de Kouré où s’est déroulée l’attaque et le département de Baleyara à 90 km au nord de Niamey sont désormais concernés par l’Etat d’urgence.
De plus, dans ces deux localités, il est interdit de circuler avec des engins motorisés à deux roues.
Ce dossier est suivi comme du lait sur le feu par la France qui a perdu dans cette attaque, six de ses ressortissants. Ces Français travaillaient pour le compte d’une ONG. Un conseil de défense s’est aussi réuni hier mardi entre le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, le Premier ministre, Jean Castex et les ministres des Armées Florence Parly, de l’Intérieur, Gérald Darmanin et de la Justice, Eric Dupond-Moretti et le représentant du ministre des Affaires étrangères.
Pour se donner plus de chance à atteindre leur cible, Niamey et Paris mutualisent depuis lors, ses forces à travers le déploiement du Mirage 2000D de la force française Barkane présente dans la zone dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cette offensive aérienne sera, par la suite, relayée par un drone Reaper afin d’essayer de retrouver les auteurs des faits.
Même si la traque des coupables se poursuit dans le triangle des trois préfectures de Doutchi, Loga et Filingue, dans la grande aire de pâturage de Yani, elle n’a pas encore porté les fruits escomptés. Des sources évoquent plusieurs interpellations mais à ce stade, il est encore tôt d’identifier formellement le groupe de malfaiteurs, étant donné que l’attaque n’a toujours pas encore été revendiquée.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a démenti être à l’origine de cette attaque.
Les regards sont surtout tournés vers l’autre groupe actif dans la zone : l’État islamique au grand Sahara (EIGS). Le mode opératoire qui s’apparente à une exécution ressemble à celui de l’EIGS, selon une source de la zone.
Mais il est encore prématuré de tirer une conclusion, surtout que les deux groupes terroristes sont un peu fragilisés dans la zone à cause de la pression de Barkhane.
Cette attaque perpétrée dans une zone qui n’était pas dans le collimateur des groupes terroristes montre la finesse de leur stratégie et leur capacité de nuisance malgré la puissance de feu de l’adversaire.
C’est au moment où l’armée nigérienne et ses partenaires pensaient avoir le dessus sur l’ennemi que celui-ci a choisi pour jouer une autre carte en frappant là où il est le moins attendu.
Cette prouesse doit interpeller les états-majors des autres pays du G5 Sahel en les amenant à revoir leur copie en vue de maintenir la vigilance pour ne pas se faire surprendre.
Ils doivent, par conséquent, se refuser de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Même si cela pourrait être une tactique de guerre, elle ne saurait prospérer dans un contexte de lutte contre le terroriste où les adeptes du chaos avancent généralement le visage masqué.