Les signes ne trompent pas. Quand on écoute ou lit certains propos venant d’hommes politiques ou d’intellectuels, on en vient à se rendre compte que le bout du tunnel, pour ce qui concerne la réconciliation est encore loin. Un confrère a demandé à Basile Guissou ce qu’il pense du livre « Ma part de vérité » de Jean-Baptiste Ouédraogo sur Thomas Sankara, il a répondu en substance qu’il ne l’a pas lu parce que lui Basile Guissou n’a rien à voir avec un pédiatre qu’il qualifie à la limite d’un accident de l’histoire dans la politique burkinabé.
Certainement que s’il l’avait lu, il aurait su que Jean-Baptiste n’est pas un accident de l’histoire dans la vie politique burkinabé. Depuis la parution de son livre, personne parmi ceux qui étaient les acteurs de cette période et qui ont pris le temps, ne serait-ce que par curiosité de le lire, personne n’a démenti publiquement les écrits de Jean-Baptiste. Qui a été président de la Haute-Volta sous le règne du Conseil du salut du peuple (CSP). A l’analyse donc, la réponse donnée par Basile Guissou sonne comme cette haine toujours dissimilée par une certaine classe politique et d’intellectuels aux égos surdimensionnés et qui plombe les actions de développement de la nation.
De son côté, Emile Paré, celui qui est le secrétaire à la formation politique du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, répondant à une question sur Blaise Compaoré a laissé entendre que celui-ci devait avoir la décence de se taire sur les questions politiques du Burkina Faso. Car, en substance selon lui, s’il continue de s’intéresser à la vie politique du Burkina, Blaise Compaoré aggrave son sort et celui de ses compagnons. Comme les propos de Basile à l’endroit de Jean-Baptiste, ceux d’Emile Paré apparaissent comme quelqu’un qui, jusqu’à présent, n’a jamais digéré que Blaise Compaoré ait été président du Faso. A moins qu’il ait tellement peur qu’avec ses interventions, son parti le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) revienne au pouvoir et que lui Emile Paré ne sache pas où aller. Sinon, ce sont des propos qui cachent mal une certaine haine, une certaine intolérance à tel point qu’on se demande si ceux qui les tiennent pèsent l’impact qu’ils peuvent avoir sur ceux qu’ils sont appelés à former.
L’histoire ne se réécrit pas. On ne peut aucunement la tronquer. Jean-Baptiste a été président de la Haute-Volta. Comme l’ont été d’autres avant lui et après lui. S’il a été un accident de l’histoire, les autres ne l’ont pas été ou ne le sont pas moins. Blaise Compaoré également l’a été pendant 27 ans. Sauf cataclysme, aucun autre chef d’Etat au Burkina Faso n’aura sa longévité au pouvoir. C’est de l’histoire.
A l’approche des prochaines élections législatives et présidentielle, les hommes politiques ou ceux qui se veulent être des intellectuels et dont certains ne voient que leurs intérêts les plus immédiats, doivent jouer balle à terre. L’issue heureuse du scrutin et la poursuite des actions de développement en dépendant. Du reste, tout ne doit pas se résumer à la politique. Même si cela devait être le cas pour ceux qui n’ont rien d’autre à faire que ça, il y a tout de même des limites à ne pas franchir. Au risque de compromettre les chances d’une véritable réconciliation nationale.