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Dialogue social au Burkina Faso: la nécessité d’une reconnaissance des acteurs

Publié le jeudi 6 aout 2020  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Le mouvement Citoyen du renouveau a organisé une rencontre d`échanges sur le dialogue social à l`université PR Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou.
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Le mouvement Citoyen du renouveau a organisé une rencontre d’échanges sur le dialogue social, le mercredi 5 août 2020, à l’université PR Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou.

Comment fédérer les intelligences pour asseoir un dialogue social fécond au service du développement social et économique au Burkina Faso ? C’est à cette préoccupation qu’ont tenté de répondre des panélistes issus des parties prenantes au dialogue social lors d’une rencontre d’échanges initiée par le mouvement Citoyen du renouveau, le mercredi 5 août 2020, à Ouagadougou. « Vaincre l’infécondité du dialogue social par l’intelligence collective », est le thème autour duquel les panélistes ont partagé leurs
réflexions sous divers aspects.

Le premier panel, modéré par Dr Zenabou Coulibaly, a porté, entre autres, sur l’état des lieux du dialogue social au Burkina Faso, l’analyse comparative du dialogue social et le rôle et la contribution des organisations syndicales des travailleurs à la formulation d’un consensus…

Le président du Haut conseil du dialogue social, Pr Domba Jean Marc Palm, dans sa communication, a défini le dialogue social comme étant le fait pour différents acteurs de discuter et de trouver des solutions et des compromis qui satisfassent tout le monde.

Au Burkina Faso, a-t-il relevé, le dialogue social, en dépit d’une multiplicité de structures y relatives, rencontre des difficultés. « La difficulté est liée même à la multiplicité de ces structures. Il y a aussi le fait qu’il n’y a pas d’actions concertées et la méfiance entre les différents acteurs font que le dialogue social rencontre beaucoup d’obstacles.

Il faut trouver les moyens de contourner les difficultés afin d’arriver à un dialogue social fructueux », a détaillé le panéliste. A l’entendre, pour un dialogue fécond, il faut travailler à la mise en place d’un système qui permette la concertation entre les différents acteurs. « Ce qui freine le dialogue social, c’est la méfiance entre les gouvernants et les syndicalistes. Les premiers estiment que les autres sont maximalistes, et les syndicalistes pensent que le gouvernement fait un dialogue alibi », a argué Pr Domba Jean Marc Palm.

Le secrétaire confédéral à l’organisation, à l’information et à la propagande du bureau national confédéral de la CGTB, Rasmané Kientega, a développé le sous-thème: « Rôle et contribution des organisations syndicales des travailleurs à la formulation d’un consensus pour la résolution des révendications sociales : conditions de succès du dialogue social ».

Selon lui, le dialogue social est biaisé depuis plusieurs années, en témoigne la rencontre annuelle gouvernement-syndicats qui ne s’est pas tenue depuis 2017. « Depuis un certain temps, le gouvernement développe une communication tendant à faire croire que ce sont les syndicats qui refusent de venir à la table de négociation alors que les rencontres gouvernement-syndicats ont toujours été convoquées par l’exécutif », a-t-il clarifié.

Représentativité des acteurs

M. Kientega a également précisé que le cadre de concertations patronat-syndicats des travailleurs est en panne depuis des années. Il en est de même pour la commission mixte paritaire de négociation salariale du secteur privé dont la dernière session date de 2012. Pour lui, la représentativité des acteurs au dialogue social conditionne son succès. « Ceux qui prennent part au dialogue doivent être habilités à parler et à prendre des décisions au nom de ceux qu’ils représentent. Si des acteurs ne sont pas représentatifs, ils prendront des décisions qui resteront inapplicables sur le terrain parce qu’elles ne reflètent pas la réalité. C’est ce qui s’est passé en 2018 avec la remise à plat des salaires qui n’a pas abouti », a déclaré Rasmané Kientega.

Aux dires du président du Citoyen du renouveau, Harouna Kaboré, ce rendez-vous d’échanges vise à éviter une situation d’impasse au niveau du dialogue social. A son avis, il n’y a pas de raison que pour la cause qu’on défend, on n’arrive pas à formuler un consensus et à avoir une démarche programmatique dans la mise en œuvre des accords.

« Nous sommes convaincus que c’est par l’intelligence collective que nous pouvons y parvenir. Si chacun devait rester sur ses positions, dans la méfiance, nous n’allons pas nous en sortir. Or, nous avons la conviction qu’aucun des acteurs n’agit en défaveur de l’intérêt général. Que ce soit le gouvernement ou le syndicat, tout le monde travaille dans le sens de l’intérêt général », a indiqué M. Kaboré. Le deuxième volet des échanges a été modéré par le président de la CENI, Newton Ahmed Barry.

Karim BADOLO

Pr Jacques Nanéma, participant
« Il faut absolument réinventer une nouvelle dynamique… »

« Toutes les communications gravitent autour d’un problème essentiel : la difficulté du dialogue social, pas seulement son infécondité. Il a été relevé qu’il y a des rencontres qui n’ont pas eu lieu, des rencontres annuelles qui ne se tiennent pas depuis 2012 et 2017. Il y a donc un problème de réalité et de fécondité du dialogue social. Face à ce problème, il y a les acteurs qui comprennent les travailleurs, les employeurs et le gouvernement. Il y a un problème de reconnaissance des acteurs. Ce qui nous conduit au problème de la distinction entre le gouvernement et l’Etat. (…) Si on fait la différence entre l’Etat et le gouvernement, alors chacun comprendra que l’Etat est le bien commun et que nous sommes tous au service du bien commun. Le gouvernement étant au service du bien commun, les syndicats luttant pour le bien commun et les travailleurs étant dans une dynamique du renforcement de ce que c’est que notre vie communautaire. La question de la reconnaissance mutuelle, réciproque entre les différents acteurs est quelque chose d’essentiel. Il y a des enjeux et il faut se rendre compte qu’un instrument de pacification des crises au sein de la société n’est jamais de trop. Si nous voulons aller ensemble plus loin, il ne nous reste plus qu’à prendre au sérieux l’obligation pour chacun de nous de contribuer à préserver et à développer le bien commun, qu’est l’Etat. (…) »

Propos recueillis
par K. B.
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