Aristide Béré, DG de l’ONI à propos des soupçons de corruption dans la délivrance des CNIB: «Nous serons intraitables si les auteurs venaient à être identifiés»
Les premiers responsables de l’Office national d’identification (ONI) ont animé, hier 28 juillet 2020, à Ouagadougou, une conférence de presse en vue de faire le bilan des opérations d’enrôlement effectuées depuis le 1er janvier 2020 sur l’ensemble du territoire, notamment en ce qui concerne le processus électoral. L’on retiendra que ce sont au total 1 076 705 Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) qui ont été produites à la date du 20 juillet 2020, sur les 1 900 000 visées.
Pour cette année 2020, l’ONI s’était fixé pour objectif de délivrer environ 1 900 000 CNIB. Mais à la date du 20 juillet, le nombre de CNIB produit était de 1 076 705. Une situation qui se justifie, selon le directeur général de l’ONI, Aristide Béré, par le contexte sécuritaire avec la dangerosité de certaines zones mais aussi l’apparition de la pandémie à coronavirus au Burkina, qui avait entre-temps occasionné la suspension des activités pendant plus d’un mois. Qu’à cela ne tienne, l’objectif visé par l’institution peut être atteint. « Nous nous disons que s’il n’y a pas de problèmes majeurs, l’objectif 1,900 million de CNIB est atteignable. Parce que dans le mois, nous avons à peu près 150 000 à 200 000 CNIB si le système tourne à plein régime.
Avec cet espoir, on se dit que l’objectif peut être atteint assez facilement. Surtout si, entre-temps, nous avons un centre de production, soit à Fada ou à Kaya », foi du DG. A l’en croire, sur les 1 076 705 cartes produites, 526 229 CNIB ont été délivrées aux femmes, ce qui représente 48,87% du total et 550 476 cartes aux hommes, soit un taux de 51,12%. Ainsi, à la date du 20 juillet, la situation globale de la base de données de l’ONI était de 12 235 495 CNIB, soit 7 015 732 hommes et 5 219 763 femmes. Actualité oblige, le DG a été interpelé sur des soupçons de cas de corruption rapportés par un journal d’investigation où des policiers auraient pris 5 000 FCFA à des citoyens en vue de leur délivrer leur CNIB. Sur la question, le DG a été clair.
« Tout le monde sait que la carte d’identité fait 2 500 FCFA. Ne donnez pas de l’argent à qui que ce soit pour quoi que ce soit. Pour ce qui est de notre ressort, nous allons enquêter et celui qui sera identifié, subira la rigueur de la loi. Il n’y a pas de débat là-dessus. Parce que la base de nos données ne doit souffrir d’un quelconque soupçon. Nous serons vraiment intraitables si les auteurs venaient à être identifiés », a prévenu Aristide Béré qui a également répondu aux allégations de partis politiques les accusant de délivrer des CNIB à des militants du parti au pouvoir au détriment de ceux d’autres partis politiques.
L’ouverture prochaine de centres régionaux de production, annoncée
« Nous avons déjà dit que nous n’avons aucun moyen de sérier qui est militant du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ou de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) ou encore du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Souvent, je me suis eu à dire de nous expliquer comment on fait. Quand vous partez enrôler des gens, comment vous savez qu’un tel est du CDP donc il attend, et tel autre est du MPP, donc il passe avant ? Le système est fait par lots. On fait un paquet de 25 ou 50 et, selon l’ordre d’arrivée, on introduit les lots. Si quelqu’un est bloqué, ce n’est pas du fait qu’il soit membre d’un parti politique, mais parce qu’il a un problème particulier lié à sa personne. Soit il a un problème d’acte de naissance, de reconnaissance faciale, etc.
De toute façon, quand on vous accuse de cette façon, vous essayez de questionner votre système pour voir probablement ce qui ne marche pas ou qu’est-ce qui peut laisser penser cela. Nous avons regardé et nous n’avons pas vu comment on peut sérier… Nous pensons que le débat est politicien et nous ne voulons vraiment pas nous mêler à cela. S’il y a des récriminations particulières que nous comprenons, on peut les prendre en compte parce que nul n’est parfait et il se trouve que de temps en temps, il y ait des imperfections mais sur cela, nous nous inscrivons totalement en faux », a-t-il martelé. D’ailleurs, Aristide Béré a évoqué le cas de 9 000 personnes qui ne parviennent pas avoir de CNIB à cause, entre autres, de la pluralité de leurs actes de naissance, de modifications illégalement apportées sur leur acte de naissance, d’erreurs de saisie sur les documents d’état civil, de problème de reconnaissance faciale dû au cas de dépigmentation, etc.
Des perspectives, l’ONI en a, en tout cas pour ce qui concerne la dernière moitié de l’année. Le DG a énuméré la poursuite du renouvellement des CNIB et l’établissement de nouvelles cartes pour tout demandeur dans le besoin. Aussi, dans le but de réduire les délais de production et de transport, l’office a entamé un processus de décentralisation de ses services, notamment l’ouverture prochaine de centres régionaux de production à Fada, Kaya, Ouahigouya, Dédougou et Gaoua. Il y a également l’opérationnalisation de la carte d’identité biométrique CEDEAO à partir de 2022 en remplacement de la CNIB, qui est en réflexion.