Le ministère de la Justice et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) outillent, du 20 au 26 juillet 2020, à Koudougou, les magistrats et greffiers des juridictions spécialisées chargées du traitement des dossiers de crimes économiques et financiers et des crimes liés au terrorisme.
Les magistrats et greffiers des pôles judiciaires spécialisés « s’arment » pour mieux instruire les dossiers de crimes économiques et financiers et ceux liés au terrorisme. Au nombre de 72, ils prennent part, du 20 au 26 juillet 2020, à Koudougou, en deux phases, à une session de formation sur le management de leur cabinet. Sur initiative du ministère en charge de la justice et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ils sont outillés, entre autres, sur la spécificité des enquêtes liées au terrorisme, aux infractions économiques et financières, la préparation d’un interrogatoire dans ce type d’affaire, le management d’une juridiction d’instruction et la planification de l’information judiciaire.
Dans la conduite de l’instruction, nombre de cabinets connaissent des difficultés dont certaines sont d’ordre fonctionnel. Et ce, « en raison d’une organisation de travail obsolète et improductive ; ce qui peut expliquer en partie leur faible capacité opérationnelle », a reconnu le ministre de la Justice, René Bagoro. Il a fait savoir qu’une mission d’analyse de la chaîne pénale, réalisée en 2017, a révélé plusieurs dysfonctionnements propres à la chaîne pénale et a suggéré des réformes, dont l’institution des nouvelles techniques d’enquête, à même de permettre un traitement efficace et diligent des dossiers liés à la criminalité économique et financière et au terrorisme.
Dans les pôles judiciaires spécialisés, « les dossiers ne sont pas toujours gérés avec une vision stratégique, permettant de déterminer dès son ouverture, les actes et la procédure à poser, mais aussi beaucoup d’actes posés manquent de préparation », a regretté le ministre Bagoro. Alors qu’un bon rendement des cabinets d’instruction constitue une des garanties de la crédibilité de la justice, a estimé Réné Bagoro. La session de Koudougou vise à améliorer « significativement » la productivité des acteurs des juridictions spécialisées grâce à un meilleur management de leurs cabinets.
Elle permettra de donner les outils pour organiser le travail en cabinet et de soutenir la force de travail des juges et greffiers d’instruction, à travers une maîtrise des outils légaux mis à leur disposition pour mener à bien l’information judiciaire. Aussi, les participants seront initiés aux techniques de management et aux nouvelles règles procédurales en matière pénale, afin de conduire avec aisance leur tâche. C’est également l’occasion d’acquérir des connaissances nécessaires à l’identification, à la saisie, au zèle et à la confiscation des avoirs illicites.
Consolider la confiance entre justice et justiciables
Le ministre de la Justice en est convaincu, si les capacités organisationnelles sont consolidées, les magistrats et greffiers gagnent en temps. « Les nouveaux outils permettront d’impulser une meilleure conduite de l’instruction de crimes économiques, financiers et du terrorisme et de promouvoir la lutte contre la criminalité organisée », a-t-il insisté. La présente formation s’inscrit dans le cadre de l’exécution du nouveau Programme de cohésion sociale, sécurité et état de droit (COSED) du PNUD. L’assistance du Système des Nations unies en matière d’état de droit couvre, entre autres domaines, la justice.
« Elle apparaît pour nous comme la colonne vertébrale de l’Etat car sans justice, c’est la porte ouverte à l’impunité et à la perpétuation des crimes », a souligné le représentant-résident du PNUD au Burkina, Mathiew Ciowela. La session fait partie intégrante d’une série d’appuis en matériel et en formations destinés à renforcer les capacités des acteurs judiciaires et des juridictions spécialisées. Elle a pour but de contribuer à l’amélioration des prestations de la justice au profit des citoyens du Burkina, et réduire ainsi le sentiment d’injustice des populations, susceptible d’affecter la confiance à l’égard de l’appareil judiciaire.