Tenue à huis-clos, la teneur d’une plénière de l’Assemblée nationale burkinabè, qui eu lieu le 6 juillet 2020, s’est finalement retrouvée sur la Toile. Les députés ont adopté un rapport qui recommande le découplage des législatives de la présidentielle de novembre 2020 et les reporte d’une année pour les coupler aux municipales. Prolongeant ainsi le mandat des députés. A l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ce projet ne passe pas.
« Nous ne comprenons pas, nous n’allons pas cautionner. L’UPC se démarque formellement de cette pratique et en aucun moment en interne, l’UPC n’a décidé de découplage encore moins de report d’élection ou de prolongation de mandat de député. Ça, il est hors de question et ce n’est pas à l’ordre du jour à l’UPC. On est formel là-dessus », a martelé le député Moussa Zerbo, porte-parole de l’UPC, qui a joint au téléphone Burkina24 ce 8 juillet 2020.
« Il n’est pas question de « lenga », de prolongation de mandat de député ni de mandat présidentiel. Il faut qu’on soit clair là-dessus », a-t-il ajouté.
Mais selon les informations qui ressortent, le rapport aurait été adopté à l’unanimité des députés. Quel a été l’avis du député Moussa Zerbo et de ses collègues du même parti ? L’élu national répond qu’il n’était pas présent à la plénière du 6 juillet et n’a de connaissance de ce qui s’est passé à la séance que sur la base du compte rendu fait par ses collègues. Du reste, il se prononce sur le sujet parce qu’il a été divulgué.
Le porte-parole du parti du lion a cependant tenu à être formel. Si des députés de l’UPC ont adopté ce rapport, cela n’engage pas le parti. « Même si le rapport a été adopté avec ce contenu, l’UPC ne peut pas s’y reconnaître. Et si des députés (de l’UPC, ndlr) se reconnaissent dans de tels engagements, ça n’engage qu’eux et eux seuls, mais pas l’Union pour le progrès et le changement », a-t-il assuré, précisant qu’une réunion est prévue sur cette question ainsi qu’une déclaration publique du parti.
En attendant, le porte-parole de l’UPC, tout en précisant que ce rapport n’a pas valeur de loi mais pourrait le devenir, a tenu à détailler les dangers d’un tel projet et sa contradiction avec la position de la classe politique.
« (…) De ce qui ressort des échanges avec les collègues, l’une des recommandations demande le découplage et le report des législatives pour novembre, de sorte que ce soit couplé avec les élections municipales. Toute chose qui ne répond pas aux attentes de notre parti, l’Union pour le progrès et le changement. Toute la classe politique était unanime que nous puissions faire les élections à bonne date, notamment le 22 novembre 2020.
Les questions qui étaient en suspens ont été levées par le dialogue politique, (…) et les zones qui n’avaient pas été enrôlées, sont en cours d’enrôlement. Nous estimons que tout le territoire va connaître l’enrôlement.
Maintenant que l’UPC a adopté les textes par rapport aux élections couplées pour la désignation de nos candidats, on a commencé même la réception des dossiers…. Ce sont des manigances. Et tous les députés qui étaient présents et qui se rendraient coupables de tels agissements, … il ne faut pas qu’on n’oublie, 2014 (l’insurrection populaire, NDLR) est passé il n’y a pas longtemps. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Cette forfaiture, le peuple ne l’acceptera pas et nous-mêmes en tant que député, nous ne l’accepterons pas.
Les députés qui sont en train d’aller dangereusement sur cette voie, peuvent s’attendre à la colère de nos populations »
Pour rappel, la séance du lundi 6 juillet 2020 tenue à huis-clos à l’hémicycle a porté sur le rapport de la tournée du président de l’Assemblée nationale dans les zones d’insécurité.