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Ousmane Danfodio Diallo, président de l’ARDI

Publié le jeudi 2 juillet 2020  |  Le Pays
Ousmane
© Autre presse par DR
Ousmane Danfodio Diallo, président de l’ARDI
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Il s’appelle Ousmane Danfodio Diallo. Il est à la tête du parti, l’Alliance pour la renaissance, la démocratie et l’intégration (ARDI) depuis 2004. L’homme est connu pour être membre de l’Opposition non affiliée (ONA). Sans langue de bois, il a bien voulu donner sa lecture de la situation nationale du pays. C’était le 30 juin dernier à Ouagadougou. Chef d’entreprises évoluant dans le domaine de l’Alimentation en eau potable en milieu rural (AEP), titulaire d’un diplôme de cycle A option diplomatie, obtenu à l’ENAM de Ouagadougou et technicien formé à Lomé dans le domaine de l’AEP, Ousmane Danfodio Diallo estime que le Burkina est à « la croisée des chemins parce que la situation morale, éthique et presque toutes nos normes et valeurs sont en déroute ». Lisez plutôt!

« Le pays » : Quel est votre parcours politique?

Ousmane Danfodio Diallo : Au plan de la formation politique, j’ai suivi des cours de philosophie à l’université de Ouagadougou et des cours de diplomatie à l’ENAM de Ouagadougou. Toute chose qui m’offre des agrégats pour faire la politique. Je peux dire que suivre ces différents cours, c’est une formation théorique en politique. Car, la plupart des théories politiques ont été élaborées par de grands philosophes. Les cours de diplomatie offrent des rudiments en matière de relations internationales et des organisations internationales qui influent sur les politiques nationales. Au plan traditionnel, je suis né dans deux (2) familles de chefferie traditionnelle. Mon grand-père paternel, chef traditionnel, fut intronisé par le Moogo Naaba et mon grand-père maternel fut intronisé par le Dima de Boussouma, province du Sanmatenga ; toute chose qui me permet de comprendre l’organisation traditionnelle de la politique. Au plan civil, je suis président du parti depuis 2004. Au plan de la pratique politique, j’ai été élu conseiller municipal siégeant dans la commune de Ziniaré. Depuis 2005, nous participons à toutes les élections municipales et législatives. Nous nous exprimons régulièrement soit à travers des conférences, soit à travers des interviews ; toutes choses qui participent à la sensibilisation, à l’information et à la formation des citoyens. Durant quinze (15) ans, nous nous sommes battus pour que l’accès à l’eau potable des populations soit une réalité. Nous mettons la pression pour que les autorités prennent la problématique de l’eau au sérieux et je crois que nous avons été entendus. Car, un des candidats avait parlé de zéro corvée d’eau potable. C’est une grande satisfaction pour nous. Nous sommes dans une dynamique de réorientation de la politique. Autrement, faire comprendre que tout le monde ne peut pas accéder à des postes électifs ni à des postes nominatifs, mais que chaque citoyen doit participer en apportant des idées à travers des cadres bien formalisés comme les partis politiques mais aussi tout autre cadre légal. Réorienter la politique, c’est amener tous les citoyens à s’intéresser à la chose publique, à réfléchir pour l’intérêt national, sans oublier le travail professionnel qui permet à chacun de vivre. Réorienter la politique, c’est trouver de nouvelles idées, de nouveaux espoirs, des innovations pour améliorer la qualité de vie de chacun et de tous. En un mot, mon parcours politique m’a appris que rien n’est plus précieux que la libre disposition de soi- même, la poursuite du projet que l’on se fixe et la réalisation de son talent, quel qu’il soit. Je suis aussi attaché à toutes les valeurs qui favorisent notre vivre- ensemble.

Vous êtes dans la politique depuis 15 ans et vous avez été, dès votre entrée en pratique dans la politique, élu conseiller municipal mais depuis, vous ne parvenez pas à être député. N’êtes-vous pas découragé ?

Vous savez, dans l’histoire, de grands hommes politiques se sont battus des années et des années durant avant d’être élus députés ou présidents. Des théories politiques se partagent les stratégies pour la conquête du pouvoir. Les plus pressés, à mon avis, disent que le pouvoir est au bout du fusil et ils organisent des coups d’Etat pour occuper rapidement les postes et se maintenir par la terreur. D’autres aussi pensent que le pouvoir peut se conquérir dans la rue et ils organisent des insurrections mais eux, ne peuvent pas durer au pouvoir parce que les intérêts sont divergents. D’autres parviennent par leur fortune et en général, ils ne peuvent pas gérer l’Etat car préoccupés par la fortune. Enfin, nous autres qui pensons que ce sont par les projets et les capacités à convaincre des électeurs qui ont une certaine culture de la démocratie, qui peuvent nous choisir. Revenant à la question, je dis non ; je ne suis pas découragé car en m’engageant, je savais déjà ce qui m’attendait. Pour nous, ce qui est important, c’est déjà de participer à la construction de la démocratie dans notre pays et ensuite, convaincre les électeurs que nous avons de bons projets. Et je suis persuadé que le jour viendra où nous serons élus, et c’est en novembre 2020.

Quelle idéologie défend votre parti?

Vous savez, notre pays est à la croisée des chemins parce que la situation morale, éthique et presque toutes nos normes et valeurs sont en déroute. Au plan politique, à la faveur du hurlement, la parole politique se construit sur le mensonge. On fait toujours les mêmes discours, on accumule les mêmes préoccupations des populations sans chercher à les résoudre. L’espoir des populations prend des coups et de plus en plus, elles n’ont plus confiance en ceux qui font la politique. Dans notre pays, les mesquineries pour le poste, la place et le positionnement ont pris la place sur les idées et idéologies, alors que des dirigeants sans des idéologies ne peuvent pas donner des repères. Notre parti politique croit toujours à la vivacité des idéologies et c’est pourquoi nous nous sommes inscrits dans le paradigme du communisme libéral. Le communisme libéral vise à réorienter la politique dans notre pays. Il s’agit pour nous de réintroduire l’éthique, la morale, la vertu dans les faits et gestes des politiques. Le communisme libéral vise aussi le rapprochement des positions entre les hommes politiques. Le communisme libéral veut apporter des soins particuliers à la rivalité entre les deux anciens paradigmes. Il veut, pour ce faire, concilier l’individu et la communauté, l’individu et l’Etat. Nous ne voulons ni un citoyen trop fort pour écraser la communauté, ni un Etat trop fort pour écraser le citoyen. Nous considérons que la vérité ne réside ni dans le libéralisme, ni dans le communisme mais dans la synthèse des deux, voire dans leur dépassement. Le communisme libéral veut un Etat cohérent, ordonné, concentré, capable de choisir et d’appliquer impartialement les mesures commandées par le salut public.

Quelle est l’implantation de votre parti à travers le pays ?

Nous sommes représentés dans vingt (20) provinces mais d’ici à novembre, nous serons présents dans trente (30) provinces et le travail est déjà lancé. Notre souhait est de présenter des candidats dans les 30 provinces.

Vous n’êtes pas du CFOP ni de l’APMP, mais plutôt de l’ONA. Pourquoi ?

Je ne suis pas le président de l’ONA et je n’ai pas reçu de mandat pour parler au nom de l’ONA. Cependant, je peux donner un point de vue. La différence première entre ces différents camps, est le fait d’être non affilié ni au CFOP, ni à l’APMP. Deuxièmement, l’ONA n’est pas un regroupement électoraliste. Autrement dit, nous n’avons pas envisagé de soutenir ensemble un candidat, ni de faire une liste commune aux législatives. Troisièmement, l’ONA est ouverte au dialogue. Quatrièmement, l’ONA n’est pas attachée à une personnalité. Chaque parti membre est autonome dans son organisation et garde sa ligne idéologique.

Votre parti fait-il partie de ceux qui souhaitent le report des élections?

Non, nous sommes pour la tenue des élections à bonne date et je pense que c’est acté par la Constitution. Cependant, faire la politique, c’est aussi faire des analyses, anticiper sur des problèmes qui peuvent survenir et prévoir déjà avant la tenue des élections, des solutions. Cela n’enlève en rien au caractère obligatoire de la tenue des élections. Nous disons qu’elles doivent être tenues conformément à la volonté de notre Constitution. En somme, nous sommes pour la tenue d’élections crédibles, transparentes et à bonne date.

Comment appréciez-vous la gestion du pouvoir de Roch Kaboré ?

Le pouvoir se bat comme il peut et le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qui est un centre très sérieux, a récemment fait un sondage et attribué une note inférieure à 5/10 au président ; ce qui signifie qu’il n’a pas la moyenne. Je constate que depuis sa prise du pouvoir jusqu’à cette dernière note, son pouvoir n’a jamais obtenu la moyenne et vous pouvez vérifier les notes attribuées par le Présimètre, autre organe très sérieux et assez scientifique. Pendant quatre (4) ans, le régime ne gagne pas la moyenne. Quel commentaire peut-on faire si c’était un examen du BAC ? Il allait être déclaré non admis. Peut-être pour le reste du temps, il peut bosser dur pour se rattraper. Il faut aussi reconnaître que les crises sont multiformes et on ne voit pas de début de solution.

Aujourd’hui, le Burkina fait également face à des conflits intercommunautaires. Comment jugez-vous la gestion de cette crise?

Dans notre pays, et ce depuis un certain temps, c’est-à-dire à partir des années 2014, la violence s’est instaurée comme moyen d’expression. Historiquement, on assistait à des conflits entre éleveurs et agriculteurs, mais on dénombrait moins de pertes en vies humaines et de pertes matérielles. Il y avait aussi des conflits dans les successions dans la chefferie coutumière mais moins récurrentes que les conflits éleveurs-agriculteurs. Les crises intercommunautaires ont pratiquement été mal gérées. Souvent, les hommes politiques disent que ce sont des domaines très sensibles dont il ne faut pas parler. Beaucoup de massacres et crimes individuels et collectifs ont été mal gérés et continuent de l’être. C’est souvent le fort des partis politiques à consonance électoraliste, dont les leaders se cachent et allument les braises, si bien que forts de la place qu’ils occupent, ils ne sont pas inquiétés. Toute chose qui fait que certaines communautés n’ont plus confiance ni à la police, ni à la gendarmerie, ni à la Justice. Les conflits que les coutumiers et les religieux n’arrivent pas à gérer sont le fait de certains politiciens qui ne comprennent pas grand-chose de la politique car n’ayant aucune culture politique, ni aucune histoire politique, ni aucune référence politique. L’essentiel, c’est d’être élu, ou d’être utile à quelqu’un qui sera bénéficiaire des élections. Vous pouvez constater que certains conflits entre éleveurs et agriculteurs sont des conflits qui se résolvaient sans difficulté. Mais depuis que certains sont entrés en politique, ils ont introduit la violence psychologique et physique, la stigmatisation ; toute chose qui a créé la méfiance entre communautés. A l’approche des élections, certaines communautés sont menacées de déguerpissement si elles ne votent pas tel parti ou tel autre. La peur a fait que certaines communautés ont quitté le Burkina pour des pays voisins. Je n’ai pas besoin de citer les crises intercommunautaires mal gérées. L’exemple de Yirgou est déjà suffisant. En somme, je pense que les crises sont effectivement mal gérées et cette mauvaise gestion profite probablement à des hommes politiques qui occupent de bonnes positions dans les sphères de l’Etat et les populations en souffrent.

A la place du CGD, quelle note auriez-vous attribué à Roch ?

En tant qu’homme politique, je ne donne pas de note. Je cherche à conquérir le pouvoir et à faire mieux pour donner l’occasion au CGD et au Présimètre de constater la différence.

Le Burkina Faso connaît aujourd’hui une situation sécuritaire sans précédent ; d’aucuns estiment que c’est le président du Faso qui n’est pas à la hauteur de la gestion de la crise.
Etes-vous de cet avis?

Non, on ne peut pas dire que c’est le président du Faso qui n’est pas à la hauteur car, il faut d’abord considérer la division sociale du travail. Le président a respecté la division du travail en faisant appel à ses fidèles. Il n’est ni le ministre de la Défense, ni le ministre de la Sécurité. Il a délégué son pouvoir à ses hommes de confiance qui doivent faire le travail selon la répartition des missions. Ensuite, il est accompagné par l’APMP qui doit réaliser son programme car, il ne peut pas être partout à la fois. Maintenant, sa responsabilité est de mettre les hommes qu’il faut à la place qui convient. Il lui revient de mettre à la disposition de ses hommes, les moyens et la formation utiles et nécessaires pour faire face à l’insécurité. Là où notre insécurité est arrivée, il faut une vision à la fois globale et spécifique, des stratégies à la fois intellectuelles, techniques, technologiques et même traditionnelles qu’il faut définitivement mettre en œuvre.

Quel est le profil de l’homme qu’il faut, selon vous, à la tête du Burkina Faso?

Cette question me permet de demander de quel type de citoyen nouveau avons-nous besoin aujourd’hui pour le Burkina Faso? Une fois que je parviendrai à répondre à cette question, je serai autorisé à donner le portrait-robot de celui qui peut être bon et bien pour diriger le Burkina Faso. Avant toute réponse, je pense que nous avons besoin de préserver la liberté républicaine et d’assurer la stabilité de l’Etat en vue d’une gouvernance de qualité durable. La première qualité, c’est de trouver un homme vertueux, patriote, pour œuvrer à l’unité nationale. Celui-ci doit comprendre que la stabilité sociale réside dans le concours de la loi et de la force. Il faut savoir qu’un Etat ne doit fonder sa sécurité que sur ses propres moyens. Il faut aussi comprendre que celui qui devient président avec l’aide des riches, aura plus de difficultés que celui qui le devient par la voix du peuple. Celui qui est élu par la faveur des riches ne pourra ni les commander, ni les façonner à sa guise. Les riches pensent à transformer le président à leur guise, à défaut de se dresser contre lui. Donc, il est préférable d’être élu par le peuple. Il faut aussi tenir compte de la nature changeante du peuple. Il faut surtout se méfier de ceux qui aiment le pouvoir car, ils en abusent et sont incapables de le gérer en fonction du bien et du juste.

Comment trouvez-vous le travail qu’abat l’opposition politique CFOP de façon générale?

J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour le CFOP. C’est une opposition républicaine qui a compris qu’il ne faut pas ajouter d’autres problèmes à ceux qui sont en face.Le CFOP a donné toute la possibilité au pouvoir de trouver des solutions aux préoccupations du peuple. Le CFOP donne une bonne image de l’opposition burkinabè. C’est l’occasion pour moi de féliciter le CFOP.

De nombreux dossiers, notamment ceux de Bouda, Béouindé, etc., sont pendants devant la Justice. Est-ce la preuve de l’indépendance des juges ?

Non, je ne partage pas cet avis. Je pense que la Justice occupe une place importante dans la démocratie libérale. Référez-vous à Montesquieu dans l’Esprit des lois, la séparation des pouvoirs.
La Justice est un pouvoir, et c’est le pouvoir qui arrête le pouvoir. Notre justice est à l’image des citoyens burkinabè mais elle gagnerait, en tant que pouvoir, à se mettre au-dessus pour mieux observer et mieux juger. Nous devons soutenir notre Justice car, elle revient de loin et a hérité de peaux dures. Moi, j’attends beaucoup plus de la Justice dans le dossier Yirgou, notamment sur l’assassinat du chef mossi et ses fils mais aussi sur le massacre de la communauté peule.

Auriez-vous un mot de fin?

Avant le mot de fin, je voudrais dire que ce qui s’est passé à Yalé dans la Sissili, est inacceptable. Car, ce sont ceux qui sont chargés de sécuriser les citoyens qui les ont poussés dehors pour en faire des déplacés internes. Avec cette période de soudure alimentaire, et les intempéries liées à la saison des pluies, c’est assez gênant pour notre vivre-ensemble et pour l’unité nationale tant désirée. Cette situation est moralement et humainement inacceptable, vu les difficultés sécuritaires que nous traversons. Comme mot de fin, je souhaite une bonne saison des pluies, une entente entre agriculteurs et éleveurs, le retour de la sécurité et de la paix dans tout le Burkina Faso.

Propos recueillis par Frédéric TIANHOUN (Collaborateur)
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Le Pays N° 5171 du 8/8/2012

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