Les habitants de la zone 5 de la forêt classée de la Sissili, située dans le village de Yallé, sur l’axe Sapouy-Léo, sont affolés par des rafales d’armes. Il est 9h et pendant des minutes, ils observent, impuissants, leurs constructions et récoltes, emportées par les flammes. Une opération de déguerpissement menée « par des militaires, policiers et forestiers » selon les témoignages. 384 personnes se retrouvent aujourd’hui sans abris. Il leur est reproché d’avoir élu domicile dans une partie de la forêt classée de la Sissili, là où le pâturage, les feux et la coupe de bois sont interdits.
Mais le maire de Bieha commune dont relève Yallé, est très remonté contre le mode opératoire. « C’est une situation que nous désapprouvons. Nous avons été informés quand les tirs étaient nourris. Les éleveurs ont été installés par le ministère de l’élevage. Il y a eu des réalisations d’infrastructures pastorales dans cette zone et de notre point de vu, il était important que les acteurs se concertent pour leur trouver un autre site si la volonté actuelle est de rétablir la forêt dans les limites de 1954 » a pesté Bassirou Nacro avant de conclure que « si le ministère de l’environnement doit intervenir, il faut une concertation parce qu’on se retrouve avec une situation totalement décousue et là, on nous laisse avec un drame social ».
Tirs en l’air, habitations, biens et greniers incendiés, c’est cette image qui aurait caractérisé l’expédition militaire. Et dans les explications du directeur régional de l’élevage, il ressort que c’est en 1985 que la forêt a été déclassée à la suite d’une sécheresse et des éleveurs ont été installés dans cette partie de la zone. Mais un arrêté a été pris sous Salifou Diallo, alors ministre de l’agriculture et des aménagements hydro-agricoles pour annuler la décision qui déclassait la forêt. Foret classée oui, mais « la manière de procéder n’a pas été bonne. Si le maire et les services techniques avaient été associés, le déguerpissement pouvait se faire de façon pacifique » a souligné Tahirou Nignan.
Ce jeudi, le Haut-commissaire de la Sissili était sur les lieux pour voir ce qui peut être fait urgemment. Quelque uns ont indiqué s’être vus retirer leurs portables ainsi que leur carte nationale d’identité et disent avoir des inquiétudes, car étant presque tous peulh.
« Sur le champ, je ne peux pas prendre d’engagement. Mais nous allons faire un travail de recensement et nous allons faire un rapport. Pour ceux qui ont perdu leur CNIB, nous feront le point pour établir des déclarations de perte » a répondu le Haut-commissaire Aristide Mohamed Kam Sié, après avoir appelé au calme et à la retenue.