Le récent déplacement du président du Faso à Bobo Dioulasso pour participer aux obsèques du colonel Mamadou Djerma de as suscité la réaction du journaliste Elie Kaboré du journal l’Economiste du Faso. Pour lui, il n y a aucune fierté de voir le président de la République voyager dans des avions de location qui reviennent chers au pays. Air Burkina ne vole pas pour raison de covid19, on aurait pu donner le marché.
Un article sur la gâchis du Pic Nahouri
• Des coûts de plus en plus importants
De nombreux Burkinabè ont remarqué que le président du Faso a effectué ses derniers voyages à l’étranger à bord d’avions autres que le Pic du Nahouri, l’avion présidentiel. Le Pic du Nahouri est un avion de type Boeing 727, immatriculé XT-BFA le 01 juin 2005. Les passagers dont les vols atterrissent ou décollent de l’aéroport de Ouagadougou peuvent apercevoir l’avion stationné vers la base aérienne et recouvert de poussière.
Pourquoi cet avion est-il immobilisé depuis un certain temps alors qu’il a reçu un lifting à coût de milliards FCFA il y a peu de temps ? En rappel, en août 2017, le Pic du Nahouri a ramené la dépouille de Salif Diallo au pays alors qu’il était sur le point de regagner Ouagadougou après une période de maintenance en Europe.
Mais depuis cette date, tous les voyages du président du Faso à l’extérieur ne se font pas à bord de cet appareil. Son dernier voyage à bord du Pic du Nahouri date de septembre 2019. Roch Marc Christian Kaboré effectuait alors le déplacement à New York avec cet avion pour participer à la 74e Assemblée générale des Nations unies.
Selon un spécialiste du domaine, cet avion équipé de 3 moteurs est très robuste et toujours en bon état pour voler si la maintenance se fait de manière rigoureuse. Malheureusement, sa maintenance revient de plus en plus chère parce qu’il s’agit d’un vieux modèle. D’ailleurs, il sera difficile de trouver des jeunes pilotes et maintenanciers engagés qui accepteront de faire la qualification sur ce modèle qui devient de plus en plus rare. Le Burkina Faso est donc obligé de faire appel à un équipage venu d’ailleurs, ce qui engendre des dépenses supplémentaires, selon ce spécialiste.
En analysant les prévisions de dépenses dans les budgets 2019 et 2020, on se rend compte que la prise en charge de l’avion est bien prévue.
Le Pic du Nahouri, un Boeing 727, immatriculé XT-BFA le 01 juin 2005. (DR)
Si en 2020, 4 milliards FCFA sont prévus pour la ligne « Révision avion présidentiel », en 2019, ce budget était de 2,5 milliards FCFA. En plus de cette somme, 600 millions FCFA sont prévus chaque année pour la prise en charge de l’équipage de l’avion. L’addition des 2 rubriques indique qu’en 2019, c’est la somme de 3,1 milliards FCFA et celle de 4,6 milliards FCFA en 2020 qui ont été prévues pour cet avion. Le cumul des 2 années donne 7,7 milliards FCFA. Dans l’entourage du président du Faso, ils sont nombreux ceux qui refusent que ce dernier voyage désormais avec cet avion. Ils préfèrent qu’il loue des avions privés pour ses voyages. En rappel, en 2019, l’Etat burkinabè a renoncé à l’achat d’un nouvel avion présidentiel. L’inscription budgétaire de 6 milliards FCFA dans le budget initial 2019 a été annulée dans le budget rectificatif en octobre 2019 afin de « réinvestir cet argent dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des déplacés, au regard du contexte ». Avant cette décision du gouvernement, le président du Faso avait lui-même indiqué aux journalistes, le 6 février 2017 de retour de Bamako : « Je peux vous assurer qu’au regard du contexte du Burkina Faso, vous pouvez compter sur moi pour ne pas engager des frais de prestige pour le président du Faso ».
Si l’on ajoute le coût des locations des avions des années 2019 et 2020 au budget de révision de l’avion présidentiel et aux 06 milliards FCFA de prévision de recettes annulées, le Burkina aurait pu se trouver un avion en bon état pour son président. Encore que le Pic du Nahouri peut être vendu et la recette de la vente reversée dans l’achat d’un nouvel avion.