Dans cet entretien, l’ambassadeur de Chine au Burkina Faso, Lian Jian, fait le bilan de la reprise de la coopération entre son pays et celui des Hommes intègres.
S : Le 26 mai 2020 marque le 2e anniversaire de la reprise de la coopération bilatérale entre la Chine et le Burkina Faso. Quels sont les faits marquants depuis cette reprise ?
Li Jian(L.J.) : Si on porte un regard rétrospectif sur ces deux dernières années, il y a des moments vraiment inoubliables. A titre d’exemple, il y a le jour où le vice-premier ministre chinois, S.E.M. HU Chunhua en visite au Burkina Faso et l’ancien premier ministre burkinabè, S.E.M. Paul Kaba TIEBA ont officiellement dévoilé la plaque de notre Ambassade au Burkina Faso. Il y a aussi le jour où S.E.M. Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso a été chaleureusement accueilli en Chine lors de sa visite d’État et qui a marqué la première participation du Burkina Faso au Forum sur la Coopération sino-africaine, sans oublier le jour où S.E.M. WANG Yi, Ministre chinois des affaires étrangères est arrivé à Ouagadougou, entamant ainsi le première visite officielle d’un Ministre chinois des Affaires étrangères au Burkina Faso afin de concrétiser les acquis depuis la reprise des relations d’amitié et injecter de nouvel élan aux consensus de nos deux chefs d’États.
Je me souviens également encore de la joie et du bonheur d’un élève qui a déménagé d’une école sous paillote à un nouveau bâtiment scolaire que nous avons construit. Je garde toujours joyeusement en mémoire le visage d’une patiente de 82 ans atteinte de la cataracte se remplir de joie et de sourire au point de l’amener à esquisser des pas de danse après avoir retrouvé la vue et la lumière avec un médecin ophtalmologiste chinois pendant la campagne gratuite contre la cataracte, « l’Action de la lumière » au CHU de Tengandogo. En plus, à la demande de l’Organisation mondiale de la Santé et du gouvernement burkinabè, la mission d’expertise médicale chinoise est venue travailler pendant 14 jours avec leurs collègues burkinabè. C’est un souvenir fort qui témoigne d’une coopération exemplaire contre la pandémie du COVID-19 entre la Chine et le Burkina Faso. D’innombrables faits d’amitié similaires s’en sont suivi et renforcent davantage notre conviction quant au chemin que nous avons frayé dans l’intérêt de nos deux peuples depuis la reprise des relations diplomatiques.
S: La coopération bilatérale comprend plusieurs axes. Lesquels ont été dynamiques depuis cette reprise ?
L.J. : Pendant les deux années écoulées depuis la reprise des relations diplomatiques entre nos deux pays, la coopération bilatérale dans tous les domaines s’est rétablie et récolte constamment des acquis. Les projets en matière de technique agricole, de santé, de la formation professionnelle, de construction d’infrastructures, d’aide humanitaire d’urgence etc. ont tous eu des avancées encourageantes. De plus, dans le domaine de la sécurité, qui relève de l’intérêt général, nous avons aussi une coopération fructueuse que j’évoquerai en détail plus tard.
La Chine reste toujours fidèle aux principes de « sincérité » de « pragmatisme », d’« amitié » et de « bonne foi » et recherche toujours le plus grand bien commun et des intérêts partagés. Nos aides ne sont aucunement assorties d’une quelconque condition politique et nous ne poursuivons pas non plus des intérêts politiques égoïstes. C’est ce qui constitue le fondement de notre coopération bilatérale et la source de son dynamisme et de sa pérennité.
S: Quel est l’état d’avancement de vos projets ?
L.J. : Dans la coopération agricole, le Burkina Faso est le seul pays africain où deux missions d’experts agricoles chinoises interviennent. Il s’agit de l’équipe du Projet d’assistance technique agricole et de celle du Projet de mil. Dans leurs champs de démonstration, la production du riz a atteint 5,8 tonnes/ha, et le rendement de mil d’une variété spécifique a atteint 3 tonnes/ha, ce qui est bien plus élevé que le niveau moyen actuel. Les experts chinois ont réalisé, pour la première fois dans l’histoire du Burkina Faso, la démonstration d’une mécanisation entière de la production du riz. Des projets de démonstration des ouvrages hydrauliques tels que les retenues d’eau et le site de culture du mil à Loumbila ont été mis en service. En plus de cela, les deux équipes ont organisé des formations au profit des techniciens burkinabè en agriculture et leur ont fourni des semences, des outils, des équipements, des machines agricoles, etc.
La coopération médicale et sanitaire bilatérale comprend principalement trois volets : Premièrement, l’envoi des missions médicales au Burkina Faso, dont la troisième est actuellement en service. Elle travaille conjointement avec le personnel médical burkinabè et organise régulièrement des consultations et des soins gratuits au profit des populations rurales. La Chine a également envoyé consécutivement en 2018 et en 2019 une équipe d’experts en ophtalmologie dans le cadre de l’initiative « Action de la Lumière » pour réaliser des opérations gratuites d’extraction de la cataracte. Deuxièmement, le soutien chinois au Burkina Faso dans la lutte contre l’épidémie de la COVID-19. La mission d’experts médicale chinoise antiépidémique, première équipe du genre envoyée en Afrique par la Chine, est arrivée au Burkina Faso en mi-avril. Elle a partagé les expériences chinoises réussies sans réserve avec leurs collègues burkinabè à travers des séminaires, des échanges, des formations et des enquêtes. Le professionnalisme et les recommandations objectives et constructives des experts chinois ont été hautement appréciées par la partie burkinabè. Le gouvernement chinois, les municipalités et les entreprises chinoises ainsi que des ressortissants chinois résidant au Burkina Faso ont fait, à plusieurs reprises, des dons de matériels médicaux d’une grande quantité. Troisièmement, le Projet de construction du Centre Hospitalier Universitaire de Bobo-Dioulasso, dont l’exécution des travaux va démarrer le plus vite possible une fois son site défini. Il y a aussi le Projet de réhabilitation du centre d’isolement du CHU Yalgado-Ouédraogo qui sera achevé et mis en service très prochainement.
En ce qui concerne la formation professionnelle, la Chine a envoyé une équipe d’experts professionnels et techniques. De concert avec le Ministère de la Jeunesse et de la Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes (MJPEJ) et les centres de formation professionnelle et technique des trois grandes villes, elle assiste la partie burkinabè dans la formation de jeunes talents dans plusieurs disciplines techniques. Elle offre aussi aux apprenants l’opportunité de prendre part à des formations en Chine. Les meilleurs de chaque promotion bénéficient également du « fonds d’entrepreneuriat de l’ambassadeur » qui est une initiative pour aider ces jeunes à s’installer à leur propre compte. De plus, la 1ère édition des « Olympiades Nationales des Métiers au Burkina Faso » s’est tenue avec succès en 2019. Toutes ces actions ont considérablement favorisé l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes locaux.
Quant aux infrastructures, nous avons concrétisé activement le projet visant à résorber des écoles sous paillote à travers la construction de 100 complexes scolaires et la réalisation de CSPS, de forages, etc. dans les régions moins développées pour le bien-être de la population. Les projets « Smart Burkina », « Renforcement du système d’Adduction d’eau potable dans quatre villes », « Centrale solaire photovoltaïque de 25 MW à Kaya » et « Backbone national de télécommunication » avancent de façon stable et régulière. Nous avons livré le mois dernier le parc de fitness de l’amitié sino-burkinabè à la commune de Ouagadougou. De plus, la Chine est en train d’étudier activement la demande de la partie burkinabè concernant la construction d’une centrale solaire de 4MW pour résoudre un tant soit peu le déficit énergétique.
Pour ce qui est des aides humanitaires d’urgence, nous avons fourni un don de riz de plus de 5000 tonnes et un don en devise d’un million de US dollars au gouvernement burkinabè en 2019 destiné aux déplacés internes. Cette année, la Chine fournira encore un don de matériel humanitaire d’urgence à la partie burkinabè. Pour le moment, elle est en train d’organiser la livraison de ces matériels selon l’évolution de la
pandémie.
S: La Chine a financé le projet de construction d’un grand hôpital à Bobo-Dioulasso. Mais il y a eu des contestations à propos du site sur lequel l’infrastructure devrait voir le jour. Où en est-on avec ce projet ?
L.J. : Actuellement, la partie chinoise a déjà pris toutes les dispositions préparatoires. Une fois que la décision définitive concernant le site d’implantation sera prise par la partie burkinabè, une équipe des professionnels sera envoyée au Burkina Faso pour la visite technique et la topographie du terrain dans un meilleur délai et œuvrer au démarrage du projet le plus vite possible.
Le CHU-Bobo-Dioulasso constitue le premier projet entièrement financé par la Chine après la reprise des relations diplomatiques entre nos deux pays. Une fois réalisé, le pays sera doté d’un CHU de référence de haut niveau. Les quelques millions d’habitants vivant dans la dizaine de provinces de la région du Sud-Ouest pourront en bénéficier. Ce projet permettra d’améliorer l’accès aux services de santé de qualité, d’accroître les infrastructures sanitaires et améliorer la santé et le bien-être de la population.
La partie chinoise reste ouverte quant au choix du site, tout en respectant les expertises et la décision définitive du gouvernement burkinabè. En même temps, la protection de l’environnement constitue l’une des priorités pour la Chine. Le plan actuel a déjà pris en compte la nécessité de la protection de l’environnement, avec des dispositifs principaux tels que l’augmentation de l’espace vert sans oublier la protection des verdures existantes, la mise en place d’une station de traitement d’eaux usées et de déchets médicaux etc. La partie chinoise est convaincue qu’elle est capable de réaliser un hôpital moderne contribuant au bien-être de la population burkinabè, tout en protégeant bien l’environnement.
S: Est-ce que les entreprises chinoises s’intéressent au Burkina Faso ?
L.J. : Depuis la reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso, les entreprises chinoises ont accordé une attention particulière au développement économique et social du pays. De nombreuses entreprises sont venues au Burkina Faso pour y implanter leur succursale en prenant activement part à la coopération et à la construction économique et sociale dans divers domaines, accroissant ainsi le développement du Burkina Faso. Pour le moment, une vingtaine d’entreprises chinoises ont déjà formalisé leurs filiales ou mis en service leurs représentations au Burkina Faso.
S: Quels sont les domaines dans lesquels elles souhaitent investir ?
L.J. : Les entreprises chinoises espèrent mener une coopération fructueuse avec la partie burkinabè dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures, de l’énergie et des télécommunications. Le Burkina Faso est un grand pays agricole dans la sous-région. Les entreprises chinoises sont très intéressées par des produits agricoles exportés du Burkina, notamment le sésame et le beurre de karité. Elles collaborent bien avec les acteurs burkinabè pour accroître ces exportations. Nous avons également remarqué que certaines entreprises chinoises ont même développé des activités de transformation de produits agricoles ici au Burkina Faso. Certaines d’entre elles se sont même spécialisées dans l’ingénierie civile notamment la construction de bâtiments, des routes et des ponts, l’exploitation et l’utilisation de l’énergie électrique et hydraulique, les télécommunications, la logistique et l’industrie manufacturière. En outre, il y a des entreprises en Chine qui ont exprimé leur volonté d’investir dans des domaines tels que l’arpentage et la cartographie des terres, l’introduction des équipements médicaux et le développement agricole. Enfin, il est à espérer que le Burkina Faso continue de créer pour eux un bon environnement d’investissement et d’exploitation afin d’attirer davantage d’entreprises chinoises pour y investir et faire avancer les affaires.
S: Depuis la reprise de la coopération bilatérale, de nombreux Burkinabè issus de divers secteurs ont été invités à séjourner en Chine. Quel est le but de ces voyages que vous organisez ?
L.J. : Conformément au consensus parvenu lors du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine, la Chine a très vite concrétisé les Huit Initiatives Majeures avec les pays d’Afrique dans lesquelles le renforcement des capacités occupe une partie importante. A travers la coopération sur le développement des ressources humaines, la Chine fournit plus d’opportunités de formations et de séminaires aux hommes de talent africains. C’est justement dans ce cadre que nous avons coopérer étroitement avec le Gouvernement burkinabè pour inviter des compétences diverses du Burkina Faso à participer aux formations et aux séminaires organisés en Chine. Plus de 80 personnes issues du gouvernement burkinabè, des organisations civiles et de tous les secteurs de la société ont bénéficié de ces formations en 2018, et le chiffre a presque décuplé en 2019 atteignant près de 800 personnes, et cela dans le but principal d’échanger les expériences de la gouvernance, de renforcer la connaissance mutuelle et de s’inspirer l’un de l’autre pour réaliser un développement commun. Ces échanges intensifs de personnes visent à former les forces motrices du développement de divers secteurs et milieux pour les pays d’Afrique, tels que les fonctionnaires du public, les spécialistes, les chercheurs, les techniciens, etc.
S: En 2020, la pandémie du coronavirus est venue bouleverser l’agenda de la coopération ? Quels sont les principaux projets que cette crise sanitaire a impactés ?
L.J. : La pandémie a effectivement un certain impact sur les projets de coopération. En ce qui concerne l’assistance technique, le Projet d’assistance technique agricole et celui d’assistance technique aux centres de formation professionnelle ont été vraiment affectés. Au regard des différentes contraintes imposées par la COVID-19 surtout la fermeture des frontières et la suspension des vols commerciaux, certains experts chinois se retrouvent dans l’incapacité de venir au Burkina Faso pour le moment. En ce qui concerne la coopération des ressources humaines, les formations et séminaires en Chine prévus pour l’année 2020 n’ont pas encore démarré. En outre, les grandes manifestions telle que la 4ème édition de la Semaine des Energies et Energies Renouvelables d’Afrique (SEERA), la 7ème édition du forum Africalia, etc. ont toutes été reportées. Par conséquent, les entreprises chinoises ne peuvent pas y participer comme prévu. Malgré les difficultés dont j’ai précédemment fait cas, la partie chinoise s’engage à finaliser tous les projets en préparation et à promouvoir leur avancement dans les conditions actuelles. Je suis convaincu qu’avec l’amélioration de la situation, la coopération économique et commerciale sino-burkinabè connaîtra un nouvel essor.
S: Quelle est la contribution de la Chine au pays dans la bataille contre la pandémie au Burkina Faso ?
L.J. : La flambée de la pandémie de la COVID-19 dans le monde entier cette année est un défi de santé publique commun auquel est confrontée toute l’humanité. L’entraide et la solidarité sont des valeurs partagées par les populations chinoise et burkinabè. Face à la situation de l’épidémie dans le pays, le gouvernement chinois a envoyé successivement deux lots de matériels médicaux au Burkina Faso, comprenant chacun plus de 440 000 masques de différents types, 6 000 combinaisons médicales, 500 pièces de thermomètres infrarouges, des gants, des écrans faciaux, des réactifs de dépistage et d’autres matériels médicaux urgemment nécessaires. Un troisième lot de matériels médicaux a déjà été expédié. Les respirateurs et d’autres équipements médicaux dont les hôpitaux burkinabè ont grandement besoin seront bientôt livrés. La Commission Nationale de la Santé de Chine a organisé consécutivement cinq vidéoconférences pour partager leurs expériences réussies et prodiguer des conseils en fonction des cas particuliers vécus en Chine. Les spécialistes burkinabè y ont aussi pris part. L’organisation de la Croix-Rouge chinoise, les municipalités de Shanghai, de Zhengzhou, de la province du Shandong, l’entreprise Alibaba, les organisations civiles, les entreprises chinoises ainsi que les ressortissants chinois résidant au Burkina Faso ont tous fait des dons, les uns en numéraires, les autres en dizaines de tonnes de matériels médicaux pour soutenir la lutte contre la COVID-19 au Burkina Faso. Sur invitation du Président du Faso, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE et du gouvernement Burkinabè, le gouvernement chinois a envoyé une équipe d’expertise médicale à Ouagadougou, la première du genre envoyée par la Chine en Afrique. Ces experts chinois ont visité des institutions sanitaires dédiées à la riposte contre la COVID-19, organisé des échanges et partagé sans réserve leurs expériences de lutte contre la pandémie avec leurs homologues burkinabè en l’espace de deux semaines pour aider le pays à améliorer son système sanitaire et renforcer sa capacité de réponse contre la pandémie. Le projet de réhabilitation du centre d’isolement du CHU de Yalgado, financé et construit par la partie chinoise, devrait être achevé très prochainement. Une fois mis en service, les conditions d’isolement seront encore améliorées.
S: Le pays a reçu des experts chinois dans ce sens. Quelles ont été concrètement leur mission, contribution et leur impression ?
L.J. : Comme je le disais tantôt, sur l’invitation du Président du Faso, S.E.M. Roch Marc Christian KABORE et du gouvernement Burkinabè, une équipe médicale chinoise est arrivée à Ouagadougou le 16 avril dernier pour appuyer le pays dans la lutte contre la COVID-19. Ils ont séjourné et travaillé au Burkina Faso jusqu’au 30 avril. Il s’agissait du premier groupe d’experts chinois envoyés en Afrique pour soutenir la lutte contre la COVID-19. L’équipe comprenait 12 spécialistes et couvrait les domaines tels que les maladies respiratoires, les soins intensifs, la médecine interne, le contrôle des infections nosocomiales, la médecine traditionnelle chinoise, l’imagerie médicale, les tests de laboratoire, l’épidémiologie, etc. Ils ont beaucoup d’expériences et certains d’entre eux ont combattu la maladie à Wuhan pendant les moments les plus durs en Chine. Ils ont accumulé une riche expérience pratique en matière de prévention et de contrôle de la COVID-19, de classification et de traitement de la maladie et d’autoprotection des agents sanitaires. Leur mission était de partager sans réserve leurs expériences avec les spécialistes burkinabè, appuyer le Burkina Faso dans l’amélioration de son système de prévention et de contrôle et renforcer la capacité de l’équipe médicale burkinabè dans la riposte contre la pandémie. Certains de leurs conseils professionnels ont été adoptés par les spécialistes burkinabè et le plan de traitement et de contrôle national contre la maladie a été renforcé.
Peu après leur arrivée, les experts chinois se sont rapidement mis au travail. Ils se sont rendus au ministère de la Santé, aux CHU de Tengandogo et Yalgado et au bureau de représentation de l’OMS au Burkina Faso pour connaître la situation réelle, déceler des insuffisances et proposer des solutions. En quelques jours, avec l’aide de l’ambassade, ils ont organisé plus de dix séminaires et échanges, partageant leurs expériences en matière de contrôle et de prévention et donnant leurs avis sur le traitement des cas difficiles. En plus de cela, ils ont apporté un lot de matériels médicaux et d’équipements de lutte contre la COVID-19. Les experts burkinabè ont exprimé à plusieurs reprises leurs appréciations positives pour les contributions et les efforts de l’équipe chinoise. Ils ont estimé que l’expérience partagée par les experts chinois était très précieuse et répondait à nombreuses de leurs questions. Cela les a aidés à mieux comprendre le virus et maîtriser les mesures pour le vaincre.
Dans une interview avant leur départ, les experts chinois ont déclaré qu’ils avaient été bien impressionnés par le professionnalisme et le dévouement dont font preuve leurs homologues burkinabè, et qu’ils pensaient que les mesures prises par le gouvernement burkinabè dès le début de l’épidémie avaient eu des résultats remarquables. Ils ont également été profondément touchés par l’optimisme, l’enthousiasme et l’hospitalité du peuple burkinabè. Un expert chinois a écrit dans son journal qu’il espérait faire de son mieux pour explorer une voie de victoire dans la lutte contre la COVID-19 avec les experts burkinabè.
S: Qu’est-ce qui justifie la solidarité de la Chine à l’endroit du Burkina Faso dans cette crise de la
COVID-19 ?
L.J. : Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso il y a deux ans, la confiance mutuelle politique se renforce. Les deux pays se soutiennent et coordonnent leurs actions dans les affaires internationales. Les échanges de personnels aussi se multiplient. Depuis l’apparition de la pandémie de la COVID-19 au début de cette année, la Chine et le Burkina Faso s’entraident et coopèrent pour vaincre ensemble le virus. L’amitié entre nos deux gouvernements et nos deux peuples s’est encore accrue pour se hisser à un niveau supérieur.
Les Chinois disent qu’à celui qui vous donne une goutte d’eau quand vous en avez besoin, vous donnerez en retour une fontaine intarissable. Pendant la période la plus difficile où la Chine combattait la maladie, le Président du Faso, son ministre des affaires étrangères, des officiels de différentes localités, des différentes organisations et des amis de tous les domaines ont exprimé leurs soutiens et encouragements à la Chine. Après l’apparition du premier cas confirmé au Burkina Faso, la Chine, malgré les difficultés rencontrées dans sa propre lutte contre la maladie, ne cesse de fournir au pays des aides en matériels, en techniques et en infrastructures.
Ces actions témoignent ainsi de l’attachement de la Chine aux valeurs de « sincérité, de pragmatisme, d’amitié et de franchise » et à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité. Par la même occasion, elles ont aussi prouvé la vraie valeur et la solidité des relations d’amitié et de coopération entre la Chine et le Burkina Faso et entre la Chine et l’Afrique qui, embarquées dans le même bateau, bravent vents et marées, partagent les mêmes joies, les mêmes peines et les mêmes aspirations. La pandémie est l’ennemi commun de l’être humain. Tout en fournissant activement des soutiens multiples aux pays africains, nous appelons en même temps sans cesse la communauté internationale à augmenter ses aides pour l’Afrique dans sa lutte contre la COVID-19.
S: Nous voyons que la Chine sort grandie de cette crise de la COVID-19. Et bien plus, nous avons pu la voir venir en aide à de nombreux pays du monde entier. Cela marque-t-il selon vous la fin de l’unipolarisation du monde ?
L.J. : Je suis convaincu que toute l’humanité deviendra plus forte après avoir vaincu cette pandémie. L’histoire humaine avance toujours malgré les désastres, malgré les adversités. C’est la loi de l’évolution de l’histoire. La Chine apporte ses soutiens au monde entier dans le seul et unique objectif de donner sa contribution aux efforts de l’humanité contre notre ennemi commun qui est le virus. Notre monde fait face aux défis qui découlent de l’unilatéralisme, de l’hégémonisme, de l’esprit de la guerre froide, etc. Nous en avons déjà tiré beaucoup de leçons avec tous les dégâts que ce genre de comportements égoïstes ont fait à la coopération internationale contre la COVID-19.
La Chine maintient sa position sur la multipolarisation du monde et sur la démocratisation des relations internationales. Nous pensons toujours que le monde dans lequel l’humanité évolue est une communauté de destin. Dans cet esprit, la Chine a apporté des aides d’urgence à plus de 150 pays et 4 organisations internationales à travers le monde pour lutter contre la pandémie. Elle a partagé sans réserve ses expériences de traitement et son plan de prévention avec plus de 180 pays et plus de 10 organisations internationales et régionales. La Chine a envoyé des missions d’expertise médicale dans plus de 27 pays pour aider sur le terrain à renforcer la force globale contre le virus. Le peuple chinois s’est remis au travail non seulement pour stabiliser l’économie domestique et internationale mais aussi pour produire des matériels médicaux nécessaires pour le monde entier. Jusqu’à nos jours, plus de 70.6 milliards de masques médicaux et plus de 340 millions de combinaisons de protection ont été expédié par la Chine. Le but du gouvernement chinois est simple et clair : sauver le plus de vies possibles et consolider la communauté de santé de l’humanité.
S: Certains analystes soutiennent que la crise sanitaire va renforcer le leadership de la Chine dans la gouvernance mondiale. Quel est votre commentaire ?
L.J. : La pandémie est un désastre pour toute l’humanité. Le peuple chinois ainsi que du monde entier ont consenti des sacrifices énormes pour en venir à bout. De toute son histoire, la Chine n’a pas cherché et ne cherchera aucune forme de leadership dans la gouvernance mondiale. Tous nos efforts dans la lutte contre la COVID-19 n’ont qu’un seul but. Sauver des vies. Nous avons également appelé à maintes reprises tous les pays du monde à concentrer leurs ressources et leurs énergies dans la préservation de la vie et soutenir la coopération internationale contre l’épidémie sous la direction mondiale de l’OMS au lieu de politiser la maladie.
S: Le président américain accuse la Chine de n’avoir pas fait preuve de transparence dans la gestion
du coronavirus ? Que lui répondez-vous ?
L.J. : Aucune de ces accusations n’est fondée. Les soi-disant « dissimulations » ou « manque de transparence » de la Chine au début de la pandémie ne sont pas du tout conformes à la réalité. La Chine a agi dès le début de la pandémie de façon ouverte, transparente et responsable. Le 6 avril 2020, l’Agence Xinhua de la Chine a publié un Calendrier sur le partage des informations et la coopération internationale face à l’épidémie. Le 7 juin 2020, le livre blanc intitulé « Combattre la COVID-19 : la Chine en action », a été publié par le Bureau de l’Information du Conseil des Affaires d’État. Les deux documents ont indiqué les moments importants que la Chine a saisis et communiqués sur la maladie.
Depuis le 27 décembre 2019 quand le médecin ZHANG Jixian a rapporté les premiers cas de maladies anormales, la Chine a envoyé en seulement 4 jours une mission d’experts sur place. En une semaine, elle a fait l’identification du virus et pris l’initiative de communiquer régulièrement les informations à l’OMS et aux pays du monde. En deux semaines, elle a maîtrisé l’état du virus et rapporté à l’OMS ses séquences génétiques. Le 20 janvier 2020, l’OMS a envoyé une mission d’experts pour une inspection sur place. Nous pouvons faire une comparaison avec les autres pandémies. Après l’apparition du premier cas de la pandémie H1N1 en 2009 aux Etats-Unis, face à ce virus déjà connu, il a fallu 11 jours aux autorités pour communiquer la situation à l’OMS et 17 jours pour rapporter les séquences génétiques. Pour ce qui est du coronavirus inconnu de la pandémie de MERS en 2012, il a fallu 3 mois aux scientifiques des pays pour identifier le virus. Tout cela prouve que la lutte chinoise contre la pandémie est transparente et efficace.
Avec l’approfondissement des recherches sur le virus, plusieurs pays ont remarqué que leurs premiers cas confirmés de la COVID-19 sont apparus bien avant le début de la pandémie en Chine. Monsieur Robert R. Redfield, Directeur du CDC américain a aussi reconnu que parmi les malades de la grippe de novembre 2019, il y avait des cas de COVID-19. Nous sommes convaincus qu’ils ne l’ont pas dissimulé volontairement, mais d’un autre côté, cela prouve que la Chine a géré la pandémie d’une façon sérieuse.
Le virus est l’ennemi commun de toute l’humanité. Il ne connaît ni frontières, ni ethnies. Face à la situation sévère de la pandémie dans le monde, au moment où la Chine fournit des aides avec toute sa force à la communauté internationale et partage ses expériences avec les autres pays, certains politiciens occidentaux refusent non seulement de s’impliquer dans cette lutte commune mais aussi trouvent plaisir à chercher des bouc-émissaires, accusant la Chine de manque de transparence dans la gestion de la crise. Tout cela traduit leur intention de fuir leur responsabilité face à leurs lacunes dans la lutte contre la pandémie dans leurs pays en rejetant la faute sur les autres. La justice se trouve dans les cœurs des gens. Aucune force obscure ne pourra ni stigmatiser ni falsifier la vérité selon laquelle la Chine a lutté contre la pandémie à temps avec responsabilité et efficacité. L’histoire va, de façon objective et impartiale, tirer la conclusion et reconnaître les efforts de la Chine contre l’épidémie.
S: Quels seront les domaines prioritaires de coopération lorsque la crise sanitaire sera passée ?
L.J. : Dans le fleuve de l’histoire de l’humanité, ce n’est pas la première ni la dernière fois de faire face à une pandémie de cette envergure. La COVID-19 a révélé des faiblaisses dans le système de santé publique de beaucoup de pays notamment sur le volet des infrastructures, ce qui nous rappelle la nécessité de continuer de renforcer notre coopération, surtout en matière de santé. Des spécialistes médicaux et des hôpitaux de nos deux pays ont déjà établi des mécanismes de communication et de coopération pour poursuivre leurs échanges. Nous expérons d’ailleurs que le CHU de Bobo-Dioulasso tant attendu pourra être réalisé dans un meilleur délai et renfocer substentiallement les capacités du Burkina Faso vis-à-vis d’une éventuelle crise sanitaire.
En même temps, nous continuons de mettre la priorité sur les domaines qui ont un lien direct avec le bien-être de la population comme l’éducation, l’agriculture, la formation profesionnelle, etc. Nous allons engranger plus de fruits concrets dans les domaines stratégiques comme la sécurité et les infrastructures et élargir notre coopération culturelle, scientifique et environnementale. Nous tiendrons notre parole et je réaffirme que nous sommes prêts à faire plus et bien toutes choses qui pourraient améliorer le bien-être de la population burkinabè et approfondir ainsi l’amitié fraternelle de nos deux peuples.
S: Au-delà de la pandémie, il y a cette question du terrorisme qui persiste. Quelle solution préconisez-vous pour juguler cette crise ?
L.J. : La Chine partage la même douleur du peuple burkinabè qui souffre des attaques terroristes et a toujours fermement soutenu les efforts du gouvernement burkinabè pour lutter efficacement contre ce fléau, consolider la paix et développer l’économie. Depuis la reprise des relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso, la coopération militaire en matière de sécurité n’a cessé de se poursuivre et de s’intensifier. Les deux pays ont mené activement des échanges dans plusieurs domaines, y compris les soutiens en matériels, la formation et les échanges d’expériences de lutte contre le terrorisme. Depuis le rétablissement, 72 officiers burkinabè ont été reçus par des écoles militaires chinoises, et 59 membres des forces de défense et de sécurité ont participé à des formations spécifiques en Chine. De plus, la Chine a signé un accord avec l’Union Africaine selon lequel la Chine fournira une assistance en matériels militaires à chacun des pays du G5 Sahel, y compris le Burkina Faso. Le Chine continuera d’offrir des soutiens multiples au Burkina Faso selon ses besoins.
S: Peut-on imaginer dans le futur une base militaire chinoise en Afrique ?
L.J. : Nous n’avons pas un tel plan. La Chine a toujours été un participant constructif aux affaires africaines de paix et de sécurité et est disposée à renforcer les échanges avec toutes les parties dans le but de contribuer davantage à la promotion du développement pacifique en Afrique.
S: Les deux sessions politiques chinoises se sont tenues le 22 mai à Beijing. Quelles sont les grandes décisions qui en sont ressorties ?
S: Les deux sessions politiques chinoises se sont tenues le 22 mai à Beijing. Quelles sont les grandes décisions qui en sont ressorties ?
L.J. : Les deux sessions sont celles de l’Assemblée populaire nationale (APN) et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC). Tout comme les sessions de l’Assemblée nationale burkinabè, les deux sessions chinoises revêtent aussi la plus grande importance dans la vie politique de la Chine. Elles se tiennent chaque année au mois de mars. Mais cette année, à cause de la pandémie, elles ont été reportées au mois de mai. En ce moment particulier, la tenue des deux sessions témoigne que le peuple chinois est sorti de la bourbe de l’épidémie et se dirige vers un nouvel avenir avec plus de détermination et plus de confiance.
Les deux sessions de 2020 se sont conclues avec beaucoup de fruits. Premièrement, on a approuvé le rapport d’activité du gouvernement présenté par le premier ministre chinois, Li Keqiang. Ce rapport présente le plan du développement économique et social de l’année 2020. Il est très important pour réaliser nos objectifs cette année qui sont la réalisation d’une société de moyenne aisance et la victoire de la bataille contre la pauvreté. Deuxièmement, on a adopté « la décision sur l’établissement et l’amélioration du système juridique et des mécanismes d’application pour permettre à la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong de sauvegarder la sécurité nationale », ce qui permettra de faire avancer la législation de Hong Kong dans l’optique de préserver la stabilité et la prospérité de Hongkong.
Troisièmement, en résumant des expériences juridiques des dernières décennies, on a adopté le Code civil qui couvre tous les aspects de la vie sociale comme le mariage, la famille, les droits individuels, etc. Il s’agit d’une étape importante pour promouvoir l’État de droit et la modernisation du système et de la capacité de gouvernance du pays.