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Yézouma Coulibaly, militaire radié : de caporal à entrepreneur agricole

Publié le mardi 9 juin 2020  |  AIB
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Dans le lot des militaires radiés, il constitue un bel exemple de reconversion. Depuis son départ de l’armée en 2011, Yézouma Coulibaly s’est transformé, avec succès, en entrepreneur agricole dans sa commune natale de Solenzo. Portrait.

Né en 1985 à Bayé dans la commune de Solenzo (région de la Boucle du Mouhoun), Yézouma Coulibaly a intégré les Forces armées burkinabé en 2003. De soldat de 2ème classe, il entame son service pour passer au grade de caporal en 2008, année au cours de laquelle il obtient également le certificat de spécialité N°1 « Gestion des Ressources Humaines ». Mais son aventure au sein de l’armée va prendre fin avec sa radiation à la suite des mutineries de 2011.

« Je me demandais ce que j’ai bien pu faire au Bon Dieu pour mériter cette radiation des effectifs des Forces armées burkinabè », s’interroge encore M. Coulibaly, qui dénonce une sanction « injustifiée ». Au lieu de se résigner, celui qui était en passe de devenir sergent va se battre autrement pour survivre. Il va se lancer dans l’agriculture et l’élevage dans son village natal, Bayé.

« De toute évidence, la terre est la première source de richesse, et tant que l’on accepte d’y investir, l’on ne le regrette jamais », confie le militaire, qui semble manifestement avoir pris une bonne direction. Sa reconversion est un succès.

A force d’abnégation et de courage, il dirige de nos jours l’entreprise de production de semences et de vente d’intrants agricoles, MABASSOUWÉ de Bayé (EMB), qu’il a créée. Le bâtiment, qui abrite la société, est composé d’une boutique de vente de semences améliorées et d’intrants agricoles, d’un bureau et d’un magasin de stockage pouvant contenir environ 50 tonnes de céréales.

« Il s’en sort mieux.. »

Depuis, qu’il s’est reconverti en agriculteur-éleveur, Yézouma Coulibaly fait parler de lui. Il possède plus d’une trentaine de têtes de bœufs, de petits ruminants et plus de 100 têtes de volaille. Lors de la campagne agricole 2016-2017, sa production a généré 54 tonnes de céréales composées de maïs, sorgho, sésame et riz, sur une superficie de 20 hectares emblavées. Pour la campagne 2017-2018, il a emblavé 24 hectares, superficie qui a généré 46 tonnes de céréales.

Au cours de la campagne 2018-2019, le caporal devenu entrepreneur agricole s’en est tiré avec 47,92 tonnes de céréales. La situation des productions de ces trois dernières années donne un total de 147.92 tonnes de céréales, seulement par traction animale (charrue, butteur, semoir, houe-manga). Très ambitieux, Yézouma Coulibaly vient d’acquérir un tracteur pour la campagne humide 2020-2021. Mais ce producteur, plus que déterminé, ne connaît pas seulement que la saison humide. Pour la campagne de saison sèche 2020, il a emblavé trois hectares d’oignon, et cela a généré 15 tonnes.

Pour la tomate qu’il produit également, 120 caisses ont été récoltées. Il s’investit dans la culture maraîchère, à l’aide d’un puits de sept mètres de profondeur et deux motopompes. Il expérimente actuellement l’oignon hivernal appelé « Perma ».

Au sein de sa communauté, Yézouma Coulibaly, qui garde le silence sur ses revenus, force l’admiration. « Courageux et travailleur, il nous livre une vraie leçon de courage depuis sa radiation des effectifs des rangs des Forces armées burkinabè. Il a pris une bonne et sage résolution. Il est devenu un exemple non seulement pour les jeunes sans emploi, mais aussi pour d’autres. Son courage a prouvé que à tout problème, il y a une solution.

Au lieu de toujours compter sur l’Etat et espérer une réhabilitation, il a su trouver la solution », commente un jeune agriculteur de sa génération. « Il s’en sort mieux à partir des activités de la terre, par son ardeur au travail », affirme pour sa part, un habitant de Bayé. Yézouma Coulibaly est à féliciter donc pour son courage et son obstination, et l’on peut dire qu’il n’y a rien d’impossible pour celui qui croit en ses capacités de résilience.

«Quand j’étais militaire, si on me proposait de m’investir dans l’agriculture, j’allais me fâcher, alors que la réussite ne se trouve pas seulement dans un emploi salarié », rapporte ce caporal qui ne souhaite plus retourner dans les rangs. Yézouma Coulibaly, qui a suivi plusieurs formations dans le domaine agricole, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin…

David Demaison NEBIE
(collaborateur)
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