Dans le paysage politique burkinabè, il faudra désormais compter avec une nouvelle organisation dénommée l’Opposition non-affiliée (ONA). C’est ce qui ressort d’une conférence de presse animée par les premiers responsables de cette organisation, le mardi 2 juin 2020 à Ouagadougou. Au cours de cette conférence, ils ont évoqué, entre autres, la nature de l’ONA, son positionnement sur des sujets de la nation.
« On doit considérer désormais qu’il y a au Burkina Faso trois grands blocs déclarés de partis politiques : la majorité (l’Alliance des partis pour la majorité présidentielle), l’opposition (Chef de file de l’opposition politique) et l’opposition ONA (Opposition non-affiliée) qui regroupe les partis politiques ayant régulièrement déclaré leur appartenance à l’opposition et qui ne sont pas affiliés au cadre de concertation du CFOP. On ne peut plus contester, ni négliger, ni occulter l’existence de l’ONA dans la classe politique burkinabè », a déclaré le Pr Abdoulaye Soma, coordonnateur de l’ONA. C’était lors d’une conférence de presse tenue le 2 juin dernier, à Ouagadougou. Il était question, pour les responsables de cette organisation composée de dix partis politiques, d’aborder des sujets concernant la nature de leur structure, son positionnement et bien d’autres. Et le Pr Abdoulaye Soma de relever que la loi ne peut pas donner plus de droits et de pouvoirs à des partis politiques sur d’autres, notamment en ce qui concerne l’organisation de la classe politique.
Selon lui, le jeu actuel entre l’APMP et le CFOP dans la représentation de la classe politique n’est pas conforme aux principes constitutionnels sus-cités. Comme exemple, il évoque la composition actuelle de la CENI qui, dit-il, est contraire à la Constitution puisqu’elle a exclu les partis politiques non affiliés. Il faut relever que l’ONA prône le renouveau politique qui, selon elle, implique le renouvellement du leadership politique. Pour justifier cela, elle souligne que le Burkina Faso est dirigé essentiellement par le même personnel voire la même génération politique avec les mêmes personnages politiques aux affaires à différentes hautes fonctions de l’Etat, ces 20 à 40 dernières années. Cela fait dire au Pr Abdoulaye Soma que ses camarades et lui, « nous ne sommes plus d’accord que cette génération d’hommes politiques continue de diriger notre pays ».
L’ONA lance donc un appel à tous ceux qui hésitent tout comme à ceux qui se sentent opprimés par le système politique actuel et à ceux qui refusent l’immobilisme, à la rejoindre parce qu’elle se veut être le bastion de la lutte pour la survie et la renaissance du Burkina Faso. Devenue un groupe visible de la classe politique burkinabè, l’ONA indique que sa prise en compte dans les dialogues et autres formes de concertations politiques est indiscutable, incontournable et inconditionnelle. Plus loin, celle-ci dit considérer comme non consensuelles au Burkina Faso, toutes décisions résultant d’une convention bipolaire entre l’APMP et le CFOP. « L’ONA rejettera pareilles décisions et avisera des actions à mener au cas par cas pour préserver les valeurs et les intérêts du peuple auxquels elle attache du prix », fait savoir le Pr Abdoulaye Soma, coordonnateur de l’Opposition non-affiliée. Au sujet des élections couplées du 22 novembre 2020, l’Opposition non-affiliée fait savoir que « l’article 165 de la Constitution rend intangible, non modifiable et non prolongeable, « la durée du mandat présidentiel » qui est de « cinq ans » d’après l’article 37 de la Constitution ».
« L’élection en 2020 ne sera pas conforme à la Constitution »
Dès lors, confie le Pr Abdoulaye Soma, « le 28 décembre à 00h00, le président actuel aura terminé son mandat, il redevient citoyen ordinaire et un mécanisme consensuel de gouvernance transitoire sera mis en place par le peuple souverain pour gérer l’Etat en vue de réaliser les conditions sine qua non de tenues des élections conformes à la rigueur de la Constitution et la légitimation démocratique ». Il n’est pas question pour l’ONA d’organiser des élections amputant une partie du territoire et de la population burkinabè, contrairement, dit-elle, à la Constitution et à l’indivisibilité de la République. Pour Soumane Touré, président du PITJ, la dérive doit s’arrêter en s’opposant à l’élection en 2020, parce qu’elle ne sera pas conforme à la Constitution. Les élections, dit-il, doivent se dérouler sur l’ensemble du territoire et que l’ensemble des Burkinabè en âge de voter puissent le faire.
Tout en relevant que l’Etat a perdu un quart du territoire avec des déplacés qui demandent à regagner leurs localités. Avant de s’interroger en ces termes : « lorsque le MPP prenait le pouvoir, le pays était intact et après cinq ans de gestion, où est le pays ? ». Selon Soumane Touré, si le président Roch Marc Christian Kaboré ne peut organiser l’intégrité du territoire, qu’il achève son mandat et une phase de transition débute. Il affirme que l’APMP et le CFOP sont des complices et que Zéphirin Diabré (NDLR : chef de file de l’Opposition politique) a été fabriqué par Roch Marc Christian Kaboré. Et de souligner que « nous ne serons pas d’accord à une entente entre l’APMP et le CFOP domestiqué ». Abordant la question de la pandémie du Covid-19, l’ONA déplore le manque de vision et d’anticipation du pouvoir en place à travers des mesures inefficaces et incohérentes.
Tout en relevant que les gens ne prennent plus au sérieux le gouvernement dans la gestion de cette pandémie. Par rapport à la crise sécuritaire, l’ONA n’a pas l’impression qu’elle préoccupe les gouvernants actuels en affirmant que, « c’est un scandale républicain que des parties du territoire national semblent être concédées par une incapacité du régime en place à diligenter des processus de paix, de sécurité et de stabilité nationales ». La crise de gouvernance du pouvoir actuel est, selon l’Opposition non-affiliée, liée à une crise de légitimité, d’efficacité, d’autorité de l’Etat, de crédibilité, de confiance. Parlant de l’ONA, son coordonnateur, Pr Abdoulaye Soma, fait savoir que c’est comme un consortium et qu’il faut faire la différence entre la déclaration d’un parti politique et celle de l’ONA sur un sujet donné. Appartenir à cette organisation, dit-il, est un fait et il n’y a pas de condition pour y adhérer. Un parti peut faire partie de l’ONA sans être actif et en principe, il ne peut pas y avoir un autre bloc avec l’existence de l’Opposition non-affiliée, a-t-il conclu.