Trois attaques djihadistes en deux jours ont encore touché le Burkina Faso. Samedi 30 mai, à l’Est, une trentaine de personnes étaient tuées près de Pama. Le même jour, les terroristes s’en prenaient à un convoi humanitaire de vivres, vers Foubé, dans le nord du pays. Le vendredi, un convoi de commerçants avait subi une attaque, dans le nord du pays, provoquant la mort de plus de 15 personnes.
Les terroristes s’attaquent à des convois escortés
Concernant la première attaque, sur un marché au bétail près de Pama, des hommes armés « ont fait irruption sur des motos et ont commencé à tirer, surtout sur les gens qui tentaient de fuir » a raconté un témoin. Pour l’autre raid du samedi 30 mai, les autorités ont indiqué qu’il avait été « perpétré sur l’axe Foubé-Barsalogho par des groupes armés terroristes visant un convoi humanitaire de retour de Foubé après y avoir apporté des vivres. Le bilan provisoire est de 10 morts, soit cinq civils et cinq gendarmes ».
Ces deux attaques surviennent après celle d’un convoi de commerçants vendredi 29 mai, également dans le Nord. « Les camions étaient escortés par des koglweogo (membres d’un groupe d’autodéfense local) qui figurent parmi les victimes », a affirmé un habitant, sous couvert de l’anonymat. En janvier, neuf commerçants avaient été assassinés et un véhicule calciné lors d’une attaque sur ce même axe. Craignant ces fréquentes attaques dans le Nord, les transporteurs organisent des convois accompagnés par des koglweogo qu’ils paient. L’armée escorte aussi parfois ces convois.
Intensification des attaques depuis deux ans
Depuis cinq ans, le Burkina Faso n’arrive pas à enrayer la spirale de violences djihadistes, malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5 100 hommes dans le cadre de l’opération Barkhane. L’est et le nord du pays sont les régions les plus touchées par les exactions djihadistes. Elles ont fait plus de 900 morts et 860 000 déplacés.
La capitale Ouagadougou n’est pas épargnée. En janvier 2016, trente personnes, majoritairement des Occidentaux, sont tuées et 71 blessées lors d’un raid djihadiste contre l’hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino. L’attentat est revendiqué par le groupe djihadiste Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). En août 2017, deux assaillants ouvrent le feu sur un café-restaurant, Aziz Istanbul, faisant 19 morts, dix Burkinabés et neuf étrangers. En mars 2018, des attaques simultanées visent l’état-major, en centre-ville, et l’ambassade de France. Huit militaires sont tués et 85 personnes blessées.
En 2019, ces attaques se sont intensifiées. En août, 24 soldats sont tués dans l’assaut d’une base militaire à Koutougou, près de la frontière malienne. En novembre, le massacre d’un convoi d’employés de la mine d’or de Boungou fait 38 morts. En décembre, 200 individus lourdement armés attaquent la base militaire et la ville d’Arbinda, près de la frontière malienne faisant 42 morts.
Cette année, l’insécurité s’est encore accentuée. En janvier, 36 civils sont tués dans une attaque contre des villages de la province du Sanmatenga, qui accueille des camps de réfugiés et déplacés ; un nouveau massacre fait 39 morts sur un marché du nord. Les attaques attribuées à des groupes djihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se multiplient. Le 16 février, une opération armée contre une église protestante provoque la mort de 24 personnes à Pansi, toujours au nord. Des mosquées et des imams sont aussi pris pour cible. La multiplication des violences djihadistes a entraîné la fermeture de 2 500 établissements scolaires, privant 350 000 élèves d’accès à l’éducation, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW).