Simon Compaoré a été ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité sous Roch Marc Christian Kaboré. Puis entre temps, ce poste ministériel a été allégé et Simon ne s’occupait plus que de la Sécurité, l’administration territoriale et la décentralisation étant revenues à Siméon Sawadogo. Pour finir, en début 2019, Simon Compaoré a été remplacé par Ousséni Compaoré, ce colonel de la gendarmerie à la retraite. Hier, les deux hommes se sont rencontrés au foyer du commissariat de Tampy pour un brin de causette. C’est ce que j’ai vu en rêve la nuit dernière. Je raconte.OUSSÉNI : Simon, comment tu vas ?
SIMON : Je me porte à merveille. Grâce au Tout-Puissant…
OUSSENI : Le tout-puissant Roch ?
SIMON : J’ai dit grâce au Tout-Puissant, avec T et P majuscules. Tu comprends maintenant ?
OUSSÉNI : Ok ! Ok ! Tout de même, Roch est puissant… C’est lui qui t’avait nommé, ensuite, c’est lui qui avait diminué ta culotte, et enfin, il te l’a ôtée pour me l’offrir…
SIMON : J’ai toujours dit qu’être ministre n’est pas une obsession pour moi. Je veux être utile au pays, c’est tout. J’ai passé dix-sept ans à la tête de la mairie de Ouaga… Bon, voilà, tu es ministre de la sécurité. Et comment te sens-tu ?
OUSSENI : En tout cas, ce n’est pas simple. Ni pour moi ni pour le pays.
SIMON : Que veux-tu dire ? Sois plus explicite. Marche au pas, va droit au but.
OUSSÉNI : Je suis un ministre de la Sécurité dans un Burkina en insécurité. Comme ça là, je me demande si moi-même je suis en sécurité… Que peux-tu faire pour m’aider ? Je me rappelle que Salifou Diallo t’avait nommé chef suprême des koglweogo.
SIMON : Vrai. Mais depuis que je ne suis plus ministre, je m’occupe de la gestion de notre parti, le MPP que certains ont rebaptisé par rétro-acronymie : les Mangeurs qui ont Perdu leurs Postes. Quant aux koglweogo, ils se gèrent eux-mêmes.
OUSSÉNI : As-tu un fusil de chasse ou un bougdandouille ?
SIMON : Moi j’ai évolué. N’avais-tu pas suivi la vidéo qui a fait le buzz en son temps sur les réseaux sociaux? J’ai prélevé dans le stock de mon ministère un kalachnikov pour être tranquilos. On ne peut pas être ministre d’hommes en armes et manquer de flingue. C’est le minimum qu’on puisse s’offrir gratis. Mais,toi qui m’as remplacé, dis-moi comment va le ministère.OUSSÉNI : Hum. Tu devais le deviner. Être policier ou gendarme de nos jours n’est pas à comparer avec le fait d’être flic ou pandore d’il y a vingt ans en arrière. On avait affaire à quelques bandits de grands chemins. Et quand les éléments sortaient, ça sautait souvent. Mais aujourd’hui, les données ont changé, les choses se sont inversées. Les policiers et gendarmes sont devenus la cible des bandits. Pire, les HANI, les hommes armés non identifiés ne leur collent pas la paix. Pire, il y ces terroristes au sombre dessein. Les bérets rouges qui assurent l’intégrité du territoire ne sont même pas épargnés.
SIMON : Oui, je vois. Mais, au-delà de ces problèmes, j’ose dire que tu n’es pas tanquilos avec tes hommes. Comment gères-tu à la fois flics et pandores ?
OUSSÉNI : Je les gère comme tu les as gérés. Ou bien tu veux faire allusion au mouvement d’humeur des policiers ? Nous nous sommes compris et les choses sont rentrées dans l’ordre.
SIMON : Tant mieux. Tu penses aussi que les choses rentreront dans l’ordre au Burkina avec cette insécurité aux multiples facettes ?
OUSSÉNI : On n’a pas le choix de chercher à faire aller les choses…
SIMON : Tu as de l’expérience, tu étais capitaine et chef d’état-major de la gendarmerie nationale sous le CNR, au temps où moi j’étais CDR. Aujourd’hui colonel à la retraite, du sommet de ton expérience au plan international, tu as plein d’atouts, tu es plein d’atouts pour réussir ta mission. Mais, dis-moi, tu écriras un jour aussi, qui a vécu sous le CNR, le Front populaire et qui est aujourd’hui serviteur du MPP ?…
OUSSÉNI : Peut-être après toi. Mais à qui ou à quoi as-tu pensé pour me poser cette question ?…
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Crac ! Bam ! Cui cuicui ! C’est une des branches de mon manguier qui vient de céder. Surchargée de mangues appelées « retard », elle n’a pas pu supporter le poids de ces fruits au goût sucré. Sa chute a effrayé les roussettes qui se sont envolées dans toutes les directions en poussant des cris de panique. Tout ceci a eu pour conséquence de me tirer de mon sommeil, alors qu’il n’était que quatre heures du matin…