Hier mardi 28 avril 2020, l’ancien chef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro, candidat à la présidentielle d’octobre 2020, a été condamné à vingt ans de prison pour «recel de détournement de deniers publics » et «blanchiment de capitaux» par le tribunal correctionnel d’Abidjan au terme d’une audience boycottée par ses avocats.
Le président de Génération et peuples solidaires (GPS) exilé en France depuis décembre 2019, accusé d’avoir acheté en 2007 sa résidence d’Abidjan avec des fonds publics, a été condamné à «vingt ans d’emprisonnement, 4,5 milliards de francs CFA d’amendes» (6,8 millions d’euros), la confiscation «de sa maison et la privation de droits civiques».
Dans le même temps, un nouveau mandat d’arrêt a été émis à l’encontre de l’ancien président de l’Assemblée nationale qui se voit ainsi interdit de se présenter à la présidentielle d’octobre. M. Soro devra en outre verser 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) de dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire.
«Cette audience ne doit pas avoir lieu. Si elle se tient, les magistrats en porteront la responsabilité. La Cour africaine des droits de l’homme avait ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire de revenir au statu quo ante», c’est-à-dire de revenir à la situation antérieure aux poursuites, avait déclaré à l’AFP avant l’audience l’ancienne ministre Me Affoussiata Bamba Lamine, justifiant le boycottage de l’audience par les conseils de l’ancien chef rebelle.
Outre l’affaire de recel et de blanchiment, M. Soro fait l’objet de poursuites depuis fin décembre 2019 pour une tentative présumée d’«insurrection».
Guillaume Soro a qualifié ce procès de parodie et réitéré son intention de se présenter à la présidentielle ivoirienne. «C’est une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’Etat de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara.
Cet homme qui porte aujourd’hui avec beaucoup d’aisance les habits de dictateur, qui soumet la justice à sa botte et commande des sentences de mise à mort politique contre ses rivaux afin de les exclure de la compétition électorale, incarne la pire version du dirigeant africain.
Je lui dis que cette décision ne nous ébranle pas. Je considère ce verdict comme un non-événement, je maintiens ma candidature à la présidentielle et je demande à tous mes partisans de demeurer mobilisés et de continuer le travail de mobilisation et d’implantation. Notre victoire ne fait aucun doute. Nous gagnerons la prochaine élection présidentielle, c’est une certitude», a assuré l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne.