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Justice: La posture d’imposture du Confrère, Guy Hervé KAM à l’égard des Magistrats Burkinabè est tout simplement inacceptable

Publié le lundi 27 avril 2020  |  netafrique.net
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© aOuaga.com par A.O
An 1 de l`insurrection populaire : la nation honore la mémoire des martyrs
Vendredi 30 octobre 2015. Ouagadougou. Cimetière municipal de Gounghin. Le président du Conseil national de la transition (CNT), Moumina Chériff Sy, a déposé une gerbe de fleurs au carrés des martyrs à l`occasion du premier anniversaire de l`insurrection populaire et aussi du putsch avorté de la mi-septembre 2015. Photo : Me Guy Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen
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Par un communiqué conjoint de la Première Présidente de la Cour de Cassation de Paris (Madame Chantal ARENS) et du Procureur Général près la Cour de Cassation de la même haute juridiction (Monsieur François MOLINS) en date du jeudi 23 Avril 2020, ces deux hauts Magistrats français ont écrit :

« Trois avocats ont affirmé, en faisant référence, de façon inacceptable, aux périodes les plus sombres de notre histoire, que les magistrats, en cette période d’état d’urgence sanitaire, qu’ils n’ont pas – s’il est besoin de rappeler – ont « déserté » et « qu’au lieu de sauver des familles et protéger des enfants battus, « se terrent ».

Outre le fait que de tels propos sont particulièrement insultants, ils sont inexacts ».

Les deux magistrats, qui ont fait remarquer qu’en dépit de l’état d’urgence sanitaire, les activités judiciaires se poursuivaient y compris devant la Cour de cassation ont conclu que :

« Dans cette période difficile, nous ne pouvons que regretter que par de vaines polémiques, des auxiliaires de justice cherchent ainsi à décrédibiliser notre institution dans une période qui exige, au contraire, qu’autour des valeurs qui nous sont communes, Magistrats, fonctionnaires et auxiliaires de justice, nous mobilisons nos énergies dans l’exercice optimal de nos missions ».

C’est exactement le même vœu que je formule à travers ce pamphlet à l’attention de mon Frère cadet, Confrère et de surcroit ancien Magistrat.

En effet, la posture et le comportement de Guy Hervé KAM, tant devant la juridiction administrative lors des débats ainsi de même que ses propos qui ont d’ailleurs vainement tenté de comparer les Magistrats Burkinabè à des putschistes militaires sont inacceptablede la part d’un auxiliaire de justice. La liberté de parole reconnue à l’avocat ne doit pas le conduire à dire n’importe quoi.

Lorsque, très souvent ma plume est prise pour faire de la critique constructive, ce n’est pas seulement vis-à-vis des gouvernants, mais également dans nos rangs car l’institution judiciaire est le pilier essentiel de la République et la discréditer consciemment ou inconsciemment (comme l’a fait notre Confrère KAM) en cette période de Covid-19 où des Magistrats Burkinabè accomplissent leurs missions dans des conditions difficiles est particulièrement « insultants » outre le fait que cela est « inexact » (pour ne reprendre là que les expressions des deux hauts Magistrats français) dans la mesure où dans l’histoire de notre peuple, aucun Magistrat Burkinabè n’a tenté de prendre le pouvoir par les armes ou par quelque moyen que ce soit.
Mon Confrère Guy Hervé KAM, dont l’admission au Barreau du Burkina Faso a indéniablement été facilité par cette même institution judiciaire qui l’a gratifié généreusement de deux années d’ancienneté qui ne consistaient en réalité que deux années de stage, devrait, à tout le moins et par gratitude avoir du respect, de la considération et surtout de la courtoisie minimale à l’égard de ses anciens collègues, à défaut d’avoir de la compassion pour ces Magistrats Burkinabè qui travaillent dans des conditions déplorables. Le tour des TGI fait sous l’égide des Garde des Sceaux à coup de millions de francs de frais d’hôtel et autres dépenses somptuaires a abouti à un rapport qui dort dans les tiroirs au Ministère de la Justice. Le plafond du TGI de Tenkodogo est tout simplement une honte républicaine pour ceux qui servent actuellement la République. N’en parlons pas du TGI de Orodara et bien d’autres juridictions.

Le constat est le même partout. Au lieu d’avoir de la compassion pour ces « missionnaires » qui travaillent souvent avec leurs propres moyens informatiques et autres engins de déplacement, Me Guy Hervé KAM sous le prétexte fallacieux qu’il est l’Avocat de l’Etat se permet de discréditer l’institution judiciaire et ceux qui l’animent courageusement.

Nombreux sont aujourd’hui les Magistrats qui recherchent avec raison d’ailleurs d’autre horizons plus valorisant, plus reconnaissants…

Pendant ce temps, Maître Guy Hervé KAM découvre curieusement en 2020, à la suite de la procédure courageusement engagée par les Syndicats de la Magistrature contre les retenues sauvages de leurs rémunérations que les Magistrats sont des fonctionnaires et ne peuvent donc pas rendre une décision de justice impartiale parce que l’injustice les touche directement. Ah Ba !

En sa qualité d’Avocat de l’Etat, il devrait plutôt s’évertuer à expliquer au Tribunal Administratif dans quelles conditions légales les retenues abusives de salaires des Magistrats ont été opérées par le Trésor Public pour faits de grève et surtout apporter des justificatifs (inexistants par principe) des coupures de salaires des Magistrats qui étaient en position de stage à l’extérieur du pays et qui n’ont jamais, matériellement, observer un seul jour de grève.

Au lieu de quoi, subitement, Me Guy Hervé KAM préfère jeter l’anathème et l’opprobre sur des Magistrats dont la compétence et le dévouement n’ont rien à envier à aucun Magistrat dans le monde entier.

En quoi s’opposer à une telle injustice par des Magistrats épris de paix et de justice sociale qui consiste (même pour certains Magistrats en une atteinte injustifiée à la quotité saisissable des salaires) fait du Magistrat Burkinabè un juge partial ou putschiste ? C’est là que les propos sont injustes nonobstant leur caractère outrageant et donc discourtois….

C’est l’occasion de rappeler au pouvoir Mpp que Me KAM défend dans le cadre des procédures de retenues « sauvages » et aux affidés de circonstances de l’AMP qu’un bras de fer avec l’institution judiciaire se soldera nécessairement par un échec de l’exécutif. Aucun pouvoir, soit-il dictatorial et sanguinaire n’a jamais vaincu les Avocats et les Magistrats. Sans justice, c’est le chaos assuré. Ceux qui sont arrivés au pouvoir par incident ou par accident ou qui, par la force des choses ont engrangé des honoraires colossaux doivent néanmoins garder la tête sur les épaules et avoir dans leur esprit deux valeurs fondamentales : le respect d’autrui et l’amour d’autrui…

Et comme l’a si bien rappelé (lors de l’émission dite « controverse » sur la RTB à Me Guy Hervé KAM, le Président MORIBA, les relations entre Avocats et Magistrats, outre le fait que l’Avocat doit observer la stricte modération dans ses propos devant l’institution judiciaire, doivent être impérativement empreintes de la courtoisie absolue sans aucune exception possible.

Le Bâtonnier de l’Ordre devrait même s’en mêler pour rappeler gentiment à notre Confrère l’obligation de modération si nous voulons même, ensemble et pour la survie de notre corporation protéger notre confrère KAM, car les propos proférés par ce dernier sont susceptibles de recevoir la qualification pénale d’outrage à Magistrat.

Le dire ou l’écrire pour la jeune génération est tout simplement un devoir d’aîné, outre son caractère d’une expression démocratique par application des dispositions de l’article 8 de la Constitution.

Paul KÉRÉ

Chevalier de l’Ordre National

Docteur en Droit de l’Université de Paris 1- Panthéon Sorbonne

Avocat aux Barreaux du Burkina Faso et de Nancy
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