Pour compter de ce 27 avril, le port du masque barrière ou bavette devient obligatoire sur toute l’étendue du territoire burkinabè, comme l’a décidé le Conseil des ministres en sa séance du 16 avril dernier. Prendre une telle mesure dans l’optique de la réouverture prochaine des lieux publics alors que le Covid-19 n’est pas encore endigué dans notre pays, cela fait sens comme qui dirait, mais son application risque de se heurter à l’esprit contestataire de nos compatriotes et à la disponibilité même de ce produit dans certaines zones de notre pays.
En outre, bien que le gouvernement ait décidé de subventionner, pour ainsi dire, la production à grande échelle des masques en tissu artisanaux lavables et réutilisables, le prix de ces derniers de 300 F CFA l’unité, reste tout de même rédhibitoire pour bon nombre de Burkinabè en raison de la situation économique plus que difficile dans laquelle nous vivons. Alors, qu’adviendrait-il si, pour une raison ou pour une autre, cette mesure n’était pas respectée ? Quelles sanctions contre les éventuels contrevenants ?
Il faut craindre qu’on ne s’achemine vers une bataille perdue dans cette guerre contre la maladie à coronavirus quand on sait que la négligence ou la résistance dans l’application des gestes barrières, ne fera que donner du répit à cette pandémie et du coup, compromettre la relance graduelle des activités économiques, la fin de la mise sous cloche de nombreuses villes et la réouverture des lieux publics fermés pour briser la chaîne de contamination. Le gouvernement qui, au départ, semblait vouloir faire de ce port obligatoire de masque, un prélude au redémarrage effectif des activités pédagogiques et académiques initialement prévu pour le 28 avril, a compris qu’on n’éteint pas un incendie les yeux bandés et s’est vite ravisé, car, pour importante que cette mesure puisse être dans la lutte contre la propagation de la maladie, elle est loin de nous rassurer que nos établissements scolaires ne seront pas des foyers de contamination, surtout avec la promiscuité dans les salles de classes pour la plupart bondées de mômes.
Espérons que les mesures préventives annoncées pour permettre le retour à l’école ne feront pas flop
Quoi qu’on fasse, il sera, en effet, difficile aux élèves de suivre assidûment les règles d’hygiène recommandées par nos responsables de la santé publique, notamment au niveau du lavage des mains et de la distanciation sociale. Autant ne pas prendre donc le risque de favoriser de nouvelles infections à grande échelle et possiblement des morts supplémentaires pour ne pas donner du grain à moudre aux « Rochophobes » qui ne cessent de fustiger « l’incompétence », « l’amateurisme » et »l’impéritie absolue » de certains membres du gouvernement qui ont répété et ânonné des jours durant que toutes les conditions allaient être réunies pour la reprise effective des cours le 28 avril.
En ne faisant plus désormais de fixation sur cette date et en parlant de préalables pour la réouverture des établissements scolaires, c’est un changement manifeste de pied, un virage presqu’à 180° que le gouvernement a amorcé afin d’éviter que la situation créée par ce virus qui se joue des frontières, ne soit hors de contrôle. C’est de bonne guerre. Mais une année scolaire blanche ou bâclée alors que nous sommes théoriquement en année électorale, serait politiquement désastreuse pour le régime déjà malmené sur plusieurs fronts depuis qu’il gère le pouvoir.
Espérons que des solutions palliatives seront trouvées pour le bonheur de tous, et que les cours à distance envisagés par le ministère de l’Education et les mesures préventives annoncées pour permettre le retour à l’école, ne feront pas flop, au risque de faire jaser certains Burkinabè qui sont plus que dubitatifs par rapport à la bonne foi des acteurs de premier rang dont on dit qu’ils pourraient fondre sur les fonds alloués comme un aigle sur sa proie.
Tout cela relève peut-être d’un procès d’intention, et il appartient à ceux qui sont en première ligne dans cette lutte contre le Covid-19 et ses effets pervers, de montrer patte blanche et de prouver qu’ils se battent corps et âme pour faire redémarrer le Burkina, malgré les impondérables et un contexte sous-régional et même mondial plus que défavorable.