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Ralentissement des activités dans la fonction publique africaine - Quand le Covid-19 vient amplifier les tares de l`Administration

Publié le jeudi 23 avril 2020  |  Le Pays
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© Présidence par DR
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Le constat crève les yeux. Les images des rues africaines déversant leur trop-plein de monde, au petit matin, dans les quartiers administratifs des centres urbains, ont, depuis l’apparition sur le continent de la maladie à coronavirus, quasiment disparu.
L’impression nette qui se dégage de ce constat, est que les activités administratives sont à l’arrêt et que la Fonction publique africaine se meurt. Mais la pandémie du Covid-19 peut-elle, à elle seule, expliquer cet état comateux de l’Administration publique en Afrique ? L’on peut, sans sourciller, répondre à cette question, par la négative. Car, le Covid-19 n’a fait qu’accentuer les tares connues depuis belle lurette, de la Fonction publique en Afrique.

Parmi ces tares, celles qui ont la peau dure, sont l’absentéisme, la démotivation, l’absence de conscience professionnelle, la lourdeur administrative, la corruption, l’insuffisance et la vétusté du matériel de travail, l’affairisme et les revendications corporatistes outrancières. Les conséquences, bien connues elles aussi, sont le faible rendement des agents de l’Etat, les pertes de temps considérables pour les usagers avec leurs répercussions sur leurs activités, la faiblesse des recettes budgétaires de l’Etat, pour ne citer que celles-là.



On s’est contenté de formules vagues, en faisant appel à la nécessité des services de se réorganiser pour assurer la continuité du service public



A ces dysfonctionnements quasi innés de la Fonction publique africaine, l’on peut ajouter l’effet de surprise de la pandémie. La crise a surpris tout le monde et les Etats ont semblé manquer de stratégies pour développer, face à la pandémie, la résilience que l’on était en droit d’attendre d’eux. Le plus souvent, les décideurs se sont contentés d’importer des solutions mises en œuvre sous d’autres cieux et qui s’accommodent mal des réalités africaines. C’est le cas du télé-travail dont on a pompeusement fait la promotion sans s’assurer de l’existence, à domicile, d’équipements informatiques et de la fluidité de la connexion Internet.

L’impréparation des décideurs s’est aussi manifestée par l’absence de directives officielles et claires réorganisant le travail pendant toute la durée du Covid-19. Le plus souvent, l’on s’est contenté de formules vagues, en faisant appel à la nécessité des services de se réorganiser pour assurer la continuité du service public. Mais pouvait-il en être autrement quand certaines institutions républicaines comme les Parlements, ont été contraints à l’arrêt ou quand l’action gouvernementale elle-même a été mise à rude épreuve du fait du confinement de certains ministres infectés par le virus ?

Cela dit, l’Administration publique n’évolue pas en vase clos. Elle a, de ce fait, aussi subi l’impact du ralentissement global des activités tant au niveau national qu’international, dans un monde devenu un village planétaire. Dans bien des cas, des secteurs entiers de la Fonction publique ont été mis à l’arrêt, pas du fait des dysfonctionnements évoqués, mais à cause des mesures globales prises pour freiner la propagation du virus. C’est le cas, par exemple, du secteur de l’éducation qui, en Afrique, est l’un des plus gros employeurs dans la Fonction publique. Tous les pays ont été contraints à la fermeture des écoles, renvoyant à la maison des milliers d’enseignants et d’élèves.



Il faudra trouver les moyens pour les dirigeants de remettre les fonctionnaires au travail



Mais cette léthargie globale des activités des travailleurs de l’Etat, ne doit cependant pas occulter le trop-plein de travail dans des secteurs cruciaux comme la santé où médecins et infirmiers sont au premier plan de la lutte contre la pandémie.

C’est d’ailleurs le lieu de rendre hommage à leur sacrifice souvent consenti au péril de leur propre vie. Cela étant, la question que l’on peut se poser est la suivante : comment faut-il rattraper le manque à gagner consécutif à ce ralentissement des activités de l’Administration publique du fait de la pandémie du Covid-19 ? Si pour certains secteurs, le retard peut être comblé, la question devient urgente dans des domaines comme l’éducation où il plane de sérieuses menaces sur la validité de l’année scolaire.

Même si des solutions sont en étude pour épargner l’école du spectre de l’année blanche dont les conséquences seraient redoutables et pour l’Etat et pour les élèves et leurs parents, il ne faut pas occulter le fait que les pistes de sortie sont parsemées d’embuches comme au Burkina Faso où le contexte épidémiologique est doublé d’une grave crise sociale. Dans tous les cas, il faudra trouver les moyens pour les dirigeants de remettre les fonctionnaires au travail.

C’est la seule condition pour minimiser l’impact de la pandémie sur les objectifs de développement et créer des richesses pour rembourser les dettes que les Etats n’ont pas hésité à contracter auprès des grands argentiers comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour financer les plans de riposte à l’épidémie et les mesures de relance de l’économie sur le continent. Et cela passe nécessairement par le bon exemple à donner par le sommet de l’Etat souvent critiqué, en Afrique, pour sa mauvaise gouvernance, mais aussi par un dialogue franc avec les partenaires sociaux dont la justesse de certaines revendications, a été prouvée avec l’avènement du Covid-19.

C’est, par exemple, le cas au Burkina Faso où les agents de santé ont pendant longtemps demandé et pour l’instant sans succès, le relèvement de la qualité des plateaux techniques dans les formations sanitaires mais dont la nécessité a été démontrée par les difficiles conditions de prise en charge des malades du coronavirus.

C’est, aussi et enfin, le moment de donner un vrai contenu à la notion de « modernisation de la Fonction publique » si souvent vantée par les autorités politiques sur le continent.
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