Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Ces remèdes fantasques

Publié le mardi 21 avril 2020  |  Sidwaya
Coronavirus
© Autre presse par DR
Coronavirus : trois projets de vaccins en phase-test sur l`homme
Comment


Dans la lutte contre le coronavirus en Afrique, à côté des scientifiques qui s’échinent dans les laboratoires pour trouver un remède, il y a aussi des chefs d’Etat qui ne manquent pas d’imagination. Si certains parmi eux ont fait des propositions raisonnables comme le reversement de quelques mois de leurs salaires ou la création de fonds pour soutenir l’effort de guerre contre le virus, d’autres ont prescrit des remèdes à tout le moins surréalistes.

Premier cas, le président guinéen, Alpha Condé. En randonnée pédestre dans les rues de la capitale Conakry, il y a quelques jours, il a littéralement invité la population à boire de l’eau chaude et à mettre du Mentholatum dans le nez pour se protéger contre le coronavirus. Une prescription qui fait penser à une rumeur selon laquelle le virus ne résisterait pas à une forte température. Le second cas vient de Madagascar. Le chef de l’Etat, Andry Rajoelina, avait indiqué le 8 avril dernier qu’un remède à base de plantes cultivées sur l’île était capable de soigner les malades du coronavirus. Dans un élan messianique, il avait même ajouté : « Nous pouvons changer l’histoire de Madagascar et du monde entier ». Comme si cela ne suffisait pas, jeudi dernier, c’est un documentaire de 17 minutes qui a été largement diffusé sur la télévision nationale à une heure grande audience. Il y est question de deux pilotes malgaches qui racontent l’itinéraire en signe de croix sur l’île d’une Brésilienne présentée comme « messagère de Dieu ».

Elle aurait visité la Grande île en novembre 2019 et prédit qu’un phénomène aux allures de guerre biologique allait causer beaucoup de morts dans le monde et qu’on trouverait l’antidote à Madagascar. Une preuve de plus pour appuyer la révélation du chef de l’Etat puisque la Directrice de la communication de la présidence a soutenu que le documentaire était le fruit d’« une recherche journalistique ». Il est vrai que la parenthèse étrange du coronavirus a quelque peu ébranlé les certitudes des uns et des autres, mais de là à proposer des remèdes fantasques contre la pandémie, il y a de quoi s’inquiéter. Ce qui irrite le plus, c’est le fait que ces propositions viennent de chefs d’Etat. Entourés de toutes les compétences, le président guinéen et son homologue malgache n’ont pas hésité à faire des sorties dignes d’une certaine époque.

On peut comprendre la psychose des populations face au COVID-19, mais une dose de pondération est requise des personnalités dignes d’un tel rang quand ils prennent la parole. Céder aux vagues de l’obscurantisme pour annoncer des panacées contre un mal dont l’éradication exige de la rigueur, de la responsabilité et de l’investissement, c’est accroître la vulnérabilité des populations. Face à cette épreuve qui étreint le monde entier, ce qui est attendu des dirigeants, c’est d’être des leaders qui rassurent et des forces qui mobilisent toutes les compétences vers une solution qui épargnerait des vies humaines. S’inscrire dans cette logique qui frise l’irrationnel est indigne de la fonction qu’incarnent ces hommes. En ce « temps étrange », il serait hasardeux de rendre « service aux idéologies de la superstition ».

Lutter contre le coronavirus revient à appréhender la situation avec raison et le recul nécessaire. Et comme le souligne le Pr Jacques Nanéma : « On doit avoir le courage d’en faire un diagnostic holistique pour y apporter une réponse la plus complète possible. C’est à cette condition que notre réponse à la pandémie sera humaine, humaniste et non pas seulement humanitaire. Tout faire pour prévenir une chute massive de la communauté humaine dans les bras de cette pandémie est non seulement un devoir du politique et des acteurs de la vie sociale, culturelle, religieuse et économique des nations, mais cela s’impose comme un devoir collectif d’assurer une survie de l’espèce humaine dans le temps ».

Karim BADOLO
Commentaires