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Clément Sawadogo, 1er vice-président du MPP : « Il est hasardeux d’être catégorique sur la date des élections »

Publié le jeudi 16 avril 2020  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Le nouveau ministre de la Sécurité du Burkina, Clément Sawadogo
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Dans cette interview, le premier vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Pegdwendé Clément Sawadogo, apprécie les mesures contre le COVID-19. Il se prononce également sur les couacs dans la communication gouvernementale et l’organisation des élections de novembre prochain.

Sidwaya (S) : Comment vous portez-vous quand on sait qu’une certaine opinion vous soupçonnait d’être malade du coronavirus ?

Clément Sawadogo (C.S.) : Je me porte bien, par la grâce de Dieu. Comme vous parlez de rumeur, sinon je n’ai même pas été testé à plus forte raison, déclaré positif ou négatif. Je ne me suis pas mal porté non plus. Je n’ai pas non plus été confiné.

S : Le président du Faso a pris des mesures sociales contre le COVID-19. Quelle appréciation en faites-vous ?

C.S. : Nous avons estimé qu’il s’agit de mesures suffisamment fortes, audacieuses et responsables. Déjà, les mesures concernant l’eau et l’électricité sont appliquées. Certes, elles coûtent cher à l’Etat dans un contexte où il n’engrangera pas forcément des ressources, mais il fallait les prendre et le président du Faso l’a assumé. C’est un grand engagement qu’il a pris devant le peuple. Nous le félicitons pour cela et encourageons le gouvernement à les mettre en œuvre avec le maximum d’efficacité.

S : Pourquoi le MPP a mis en place un comité de crise contre la maladie pour une question apolitique?

C.S. : La question est certes, apolitique parce qu’a priori, elle ne fait pas l’objet de politique partisane. Toute la nation est concernée, que l’on soit de gauche ou de droite, de tel parti ou de tel autre. Mais en tant que parti majoritaire, nous avons l’obligation, en toute circonstance, d’épauler le gouvernement et les choix qu’il fait nous concernent parce qu’il travaille sur la base de l’impulsion politique et idéologique de notre parti. Nous ne voyons pas la crise comme une affaire politicienne, mais une occasion d’accroître l’aura de notre parti en termes électoralistes. Il doit en être ainsi pour tous les autres acteurs politiques parce qu’il s’agit d’un dossier de survie de la nation.

S : Le secrétaire à l’orientation politique du MPP, Emile Paré, dénonçait récemment une pléthore de comités dans la gestion du COVID-19. N’a-t-il pas raison ?

C.S. : Non. Il ne peut même pas avoir raison, parce qu’il cite le comité de crise mis en place par le MPP et les comités mis en place par le gouvernement. Celui-ci a son rôle et le parti a le sien. Il n’y a aucune confusion entre ces types de comités. Celui mis en place par le parti est un comité de réflexion et de proposition. Il n’est pas un comité opérationnel qui se substitue à celui mis en place par le gouvernement pour gérer la crise. C’est donc un amalgame inacceptable. Je ne vois pas à quel niveau se trouve la confusion.

S : Des contradictions ont été observées dans la communication gouvernementale ces derniers jours. Comment cela peut-il se comprendre?

C.S. : Lorsqu’on gère une grande situation comme celle-là, il y a toujours une certaine délicatesse parce que tout ne coule pas de source. Qu’il puisse avoir des gens qui marchent dans le domaine d’intervention des autres avec certaines déclarations quelque peu différentes, cela traduit que chacun est à pied d’œuvre et qu’il est nécessaire de s’organiser pour qu’il y ait une plus grande harmonie. Mais dès les débuts, rien n’est évident. En 2009 avec les inondations à Ouagadougou, il y a eu des cafouillages au départ et au fur et à mesure, les choses sont rentrées dans l’ordre. Ailleurs, il y a les mêmes contradictions. L’important c’est d’harmoniser les points de vue.

S : Une déclaration attribuée à des membres du Bureau politique national (BPN) du MPP demandait la démission de la ministre de la Santé. Certes, votre parti a démenti mais n’empêche que d’aucuns vous soupçonnent d’en être à l’origine…

C.S. : (Rires !) C’est la première fois que je l’entends. Vous me donnez donc l’occasion de dire qu’il ne me vient même pas à l’esprit de rentrer dans une œuvre aussi machiavélique. Mon niveau de formation politique et mon degré d’engagement et de responsabilité ne m’y autorisent pas. Mieux, j’émets un doute sérieux sur la provenance interne de ce document. Je ne suis pas sûr qu’il provienne des membres de notre BPN. De nos jours, surtout qu’on s’avance vers les échéances électorales, il y a trop de rififi dans l’air avec des gens qui passent par tous les moyens pour discréditer le système politique en place et qui n’hésiteront pas à faire usage de telles méthodes. C’est dans le style des tracts orduriers d’antan où on monte des choses de toutes pièces pour les attribuer à quelqu’un d’autre. En tout cas, quand on regarde le contenu des critiques, nulle part à aucun moment dans notre parti, il n’y a eu des critiques de ce genre. Si le document provenait de l’intérieur, dans nos réunions et échanges, on devrait sentir une sorte de fronde pour critiquer la gestion de tel ou tel autre membre du gouvernement. Il y a des critiques mais qui ne sont pas comme celles qui sont acerbes et fabriquées de toutes pièces. Nous restons sereins et continuons de mener nos recherches pour trouver l’origine de cette déclaration.

S : L’un des conseillers spéciaux du chef de l’Etat, Adama Kanazoé, craint pour sa part, une « corruption en amont » dans la gestion des fonds alloués au COVID-19. Comment le parti au pouvoir a accueilli cette sortie ?

C.S. : Il est conseiller du président du Faso, mais aussi acteur politique (ndlr, président du parti AJIR) avec ses opinions. Et donc, s’il tire sur une sonnette d’alarme pour demander de veiller à ce que la gestion des fonds alloués au COVID-19 soit irréprochable, il est bien dans ce rôle en tant que chef de parti. Maintenant, est-ce qu’il faut voir dans son écrit qu’il incrimine déjà quelqu’un ou qu’il fait un procès d’intention ? Je ne l’ai pas perçu ainsi, mais chacun a sa manière de lire les choses.

S : Récemment la NAFA, un parti d’opposition, a estimé que la date des élections couplées de novembre prochain est intouchable. Etes-vous aussi de cet avis ?

C.S. : L’organisation des élections à bonne date est l’une des conclusions du dialogue politique initié par le président du Faso. Si quelqu’un rappelle ce qui a été décidé à cette rencontre, on ne peut pas lui en vouloir. Mais si la question se pose par rapport à la situation de la pandémie du COVID-19, personne ne sait ce qui arrivera dans deux, trois ou quatre mois. Notre souhait à tous est que les élections se tiennent effectivement à bonne date parce que c’est la Constitution qui a mis les balises et on doit les respecter. C’est la position du MPP que nous avons rappelée en toute circonstance. Il n’y a donc pas de contradiction entre la position de la NAFA et celle du MPP sur ce point. Cependant, il est hasardeux d’être catégorique parce que tout dépend de l’évolution de la maladie. En tout cas, ce n’est pas notre souhait que le calendrier soit révisé. S’il doit l’être, qu’on ne dépasse pas les bornes fixées par la Constitution qui veut que le mandat présidentiel de 5 ans ne soit pas touché du point de vue de sa durée.

Interview réalisée par
Jean-Marie TOE
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