Nous vous proposons dans les lignes ci-après, une analyse de quelques mesures exceptionnelles envisageables pour sauver l’année scolaires 2019-2020 dans ce contexte d’épidémie de Coronavirus au Burkina Faso. L’auteur de cette analyse est le Doctorant de l’Université Norbert ZONGO, BAKOUAN Pousseni. Lisez plutôt !
Au regard de l’évolution de la pandémie du Coronavirus (Covid-19) au Burkina Faso, le gouvernement a décidé de la fermeture des établissements d’enseignement préscolaires, primaires, post-primaires et secondaires, professionnels et universitaires, du lundi 16 mars au mardi 31 mars 2020 et prolongé jusqu’au 14 avril sur toute l’étendue du territoire national. En outre, ces mesures ont été renforcées par la mise en quarantaine de toutes les villes touchées par le virus, voire de confinement des cas suspects et confirmés qui risque de perdurer. Ainsi, des initiatives privées se sont développées en vue de permettre aux élèves de continuer d’apprendre tout en restant chez eux. Il s’agit entre autres, du renforcement des cours à domicile, des cours à la télé créés par certains media télé (ex : Burkina info), des cours à travers les réseaux sociaux comme WhatsApp. Ces initiatives louables laissent transparaitre des inégalités de chances entre les élèves au Burkina Faso au regard du fait qu’un grand nombre d’élèves n’ont pas les moyens de se payer les services d’un enseignant pour des cours privés, n’ont pas de télé chez eux, n’ont pas de téléphones androïdes ou pas de connexion internet pour suivre des cours à travers les réseaux sociaux. Dans ces conditions les examens du CEP, du Brevet, du Bac, des universités et instituts supérieurs publics et privés et les écoles professionnelles auront-ils lieu dans le calendrier initial ? Et si oui, sous quelle forme ?
4 scénarii possibles pour sauver l’année scolaire 2019-2020
Scénario 1 : Maintenir les examens comme prévu initialement en juin/juillet 2020 ?
Maintenir les examens aux dates prévues avant la crise sanitaire due au COVID 19. Mais dans ce cas, comment cela sera-t-il techniquement possible ? Dans ce sens, il faut d’ores et déjà prendre toutes les précautions pour l’organisation de ces examens. Ce scénario est trop optimiste mais difficile à tenir au regard de l’incertitude qui plane sur la fin de cette crise sanitaire. A quand la fin de la crise ? Techniquement ce scénario est envisageable si la crise n’excède pas fin avril 2020. Mais dans ces conditions, l’Etat peut-il de garantir, à la fois en termes sanitaires et logistiques, la bonne tenue des examens comme prévue ? Est-il possible d’avoir un consensus sur le mode d’évaluation et d’obtenir les sujets une dizaine de jours avant les compositions ? Est-il possible d’organiser les plannings d’ici fin mai, et préparer les salles deux à trois jours avant la composition des épreuves ? Les examens peuvent-il se dérouler dans des conditions habituelles ? Dès lors que des solutions sont clairement apportées à ces questions, il sera possible de tenir les épreuves à la date initialement prévue.
Scénario 2 : Prendre en compte uniquement des notes de classe ?
En Angleterre et au Pays-Bas et dans d’autres pays, les épreuves finales ont été annulées. Désormais, il s’agit d’une prise en compte uniquement du contrôle continu des élèves. Mais la question qui mérite d’être posée est la suivante : Que deviendraient-ils les candidats libres qui sont en des situations très différentes et représentant une proportion non négligeable des candidats ? Ce scénario n’est pas possible dans notre pays au regard de notre système éducatif.
Scénario 3 : Des épreuves allégées ?
La fermeture sur une longue période des établissements met de nombreux candidats en difficulté. Pour éviter de défavoriser les élèves sur l’ensemble du territoire, les épreuves pourraient n’avoir lieu que sur une partie du programme (pré coronavirus : avant la fermeture des classes le 16 mars 2020). En France par exemple, une pétition en ligne d’élèves demande actuellement au Ministre d’alléger le programme pour faire face à cet imprévu.
Ce scénario peut être envisagé pour notre pays afin de sauver l’année scolaire face à la crise sanitaire du coronavirus. Il convient de rappeler que cette crise sanitaire vient s’ajouter aux problèmes sécuritaires liés au terrorisme et aux multiples grèves dans l’administration publique et particulièrement au département de l’éducation, etc., qui ont déjà entrainé la fermeture des classes et/ou le ralentissement des cours dans certaines localités et régions du pays. Dans ces conditions, quelle valeur attribuera-t-on à ces diplômes ?
Scénario 4 : Report des épreuves de juin/juillet en septembre/octobre ?
Annuler la tenue des examens reviendrait à sacrifier le cursus d’une génération d’élèves. Mais reporter les examens scolaires de juin/juillet pour le mois de septembre/octobre pour l’ensemble des candidats, est une option envisageable. Les élèves auront ainsi plus de temps pour réviser et combler d’éventuelles lacunes. Le Burkina Faso a une petite expérience dans ce domaine, notamment avec l’organisation chaque année des sessions de rattrapages pour les élèves empêchés aux examens de juin/juillet. Cependant, ce scénario a aussi des conséquences pour les universités et les instituts supérieurs qui commencent les orientations et inscriptions des nouveaux bacheliers durant ces périodes.
A situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles, une volonté politique et des sacrifices exceptionnels de tous les acteurs du système éducatif pour sauver l’année scolaire 2019-2020.
En France, le ministère de l’éducation nationale s’est exprimé le 03 avril 2020 sur le sujet, afin de présenter les mesures d’adaptation des épreuves en classe de troisième, des épreuves anticipées du baccalauréat en première et du baccalauréat en terminale au regard de la crise et de la propagation du COVID-19. Le ministre envisage l’annulation des épreuves terminales et l’écrit de français mais maintenir l’épreuve orale de français et les oraux de rattrapage. Selon le ministère, ces dernières épreuves pourraient se tenir dans le respect de règles sanitaires strictes si la situation actuelle perdurait. Mais celui-ci n’exclut pas la possibilité de tenir les examens dans les conditions habituelles en septembre si la situation s’améliorait.