Mercredi, le Conseil des affaires d’Etat de Chine a publié de nouvelles règles sur la gestion des porteurs sains du COVID-19, indiquant que ce groupe était contagieux et constituait un risque de transmission. En Chine, la levée du confinement à Wuhan a engendré des inquiétudes croissantes vis-à-vis d’une deuxième vague épidémique potentiellement déclenchée par les flux massifs de population.
Ces nouvelles règles standardisent le processus de déclaration des porteurs sains, exigeant des instituts médicaux à travers le pays, qu’ils déclarent ces cas par Internet dans les deux heures après leur découverte. Les autorités de prévention et de contrôle des maladies au niveau du xian doivent réaliser une enquête dans les 24 heures sur chaque cas et enregistrer les contacts proches. Les instituts médicaux locaux doivent également enregistrer la date à laquelle ces personnes ont été déchargées de leur observation médicale.
Le Conseil des affaires d’Etat stipule que l’observation médicale et le suivi devront être maintenus pendant 14 jours supplémentaires pour les patients asymptomatiques déchargés de leur observation médicale. De plus, ceux-ci doivent se rendre dans des hôpitaux spécifiques pour des examens de suivi au cours de la 2e et 4e semaine après leur sortie.
Ces nouvelles règles, conçues spécifiquement pour faire face aux cas asymptomatiques, visent à prévenir les risques d’un rebond de l’épidémie de COVID-19 en Chine et d’éviter de nouvelles infections à grande échelle engendrées par les patients asymptomatiques, explique Cai Jiangnan, le directeur du Centre pour la gestion sanitaire de la China Europe International Business School (CEIBS).
Les patients asymptomatiques sont les patients, qui ne présentent pas de symptômes cliniques − comme la fièvre, la toux ou des maux de gorge − mais sont testés positifs au COVID-19 au niveau des voies respiratoires et sur d’autres échantillons.
La surveillance a montré que les patients asymptomatiques sont principalement découverts par le biais de cinq canaux: l’observation médicale des personnes ayant été en contact étroit avec des patients atteints du COVID-19; les enquêtes sur les foyers épidémiques; la remontée des sources infectieuses; les tests sur les personnes ayant voyagé ou résidé dans des zones épidémiques en Chine et à l’étranger; et les personnes, qui ont été identifiées au cours d’enquêtes épidémiologiques et de dépistages opportunistes.
Le Conseil des affaires d’Etat a par ailleurs souligné l’importance de renforcer la communication des informations. Les départements administratifs et les autorités sanitaires doivent rapporter les cas asymptomatiques de façon journalière, et chaque province (région et municipalité) doit publier les statistiques de ses infections domestiques et importées.
Dans un contexte d’inquiétudes croissantes de la part de la population vis-à-vis des porteurs sains, le Conseil des affaires d’Etat a ajouté une nouvelle fonction dans son programme de services sur WeChat pour que les citoyens chinois puissent vérifier s’ils se sont déjà assis à côté d’un porteur sain confirmé dans un train ou dans un avion.
Les patients asymptomatiques seront placés en isolement collectif pendant 14 jours et subiront deux tests d’acides nucléiques. Si ces tests restent positifs, l’observation médicale en isolement sera maintenue. Les patients asymptomatiques seront considérés comme des cas confirmés, lorsqu’ils commenceront à présenter des symptômes cliniques. Ils devront alors être envoyés vers des hôpitaux spécifiques pour y être soignés et les personnes ayant été en contact étroit avec eux devront faire l’objet d’un isolement pendant 14 jours.
Le Conseil des affaires d’Etat a aussi publié des documents renforçant la gestion des patients guéris et sortis de l’hôpital. Les hôpitaux désignés devront mettre en place un plan de réexamen entre 2 et 4 semaines après la sortie de l’hôpital des patients atteints de COVID-19, se concentrant sur le réexamen sanguin de routine, la saturation biochimique et en oxygène, et le réexamen des pathogènes du nouveau coronavirus. La priorité sera donnée à la sélection d’échantillons d’expectoration ayant une plus grande fiabilité.
Si les patients sortis de l’hôpital sont à nouveau testés positifs avec des manifestations cliniques comme de la fièvre et de la toux, associées à des lésions pulmonaires aggravées visibles par tomodensitométrie, ceux-ci seront considérés comme des patients confirmés et transférés dès que possible vers un hôpital désigné pour y être soignés.
Lors d’une interview avec le Health Times (un journal affilié au People’s Daily), quatre spécialistes chinois de la santé ont rassuré la population sur le risque d’une potentielle deuxième vague épidémique provoquée par la levée du confinement à Wuhan.
« L’assouplissement du confinement signifie que Wuhan a rattrapé son retard par rapport aux autres villes chinoises dans la lutte contre le virus. Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons désormais nous relâcher », a souligné Zeng Guang, un expert de la Commission nationale de la santé de Chine. Selon lui, les patients asymptomatiques sont devenus « une nouvelle préoccupation dans notre bataille contre le virus, mais [celle-ci] ne doit pas être disproportionnée », car leur nombre, la gravité de leur état ainsi que leur contagiosité ne sont pas importants et restent contrôlables.
Li Lanjuan, un épidémiologiste renommé du Zhejiang ayant lutté pendant plus de deux mois contre l’épidémie de COVID-19 à Wuhan, a essayé d’apaiser les inquiétudes de la population: « Les personnes quittant Wuhan feront l’objet de tests d’acides nucléiques supplémentaires pour le COVID-19 à leur destination et certains pourraient de surcroît faire l’objet d’un nouvel isolement de 14 jours. De fait, si chacun se montre responsable pour sa propre santé, nous ne devrions pas avoir de problème », a-t-il expliqué.
« Etant donné les mesures actuelles de prévention et de contrôle épidémique en Chine, les porteurs sains peuvent être détectés et contrôlés à temps, et il y a moins de risques qu’ils provoquent une nouvelle vague épidémique », note Zhang Boli, un membre de l’Académie d’ingénierie de Chine (AIC) et l’un des principaux conseillers sur la lutte épidémique dans le Hubei. Il affirme qu’il n’est pas nécessaire de réagir de façon excessive, car une enquête épidémiologique est actuellement en cours à Wuhan sur l’infection du nouveau coronavirus, qui devrait aider à détecter à temps les patients asymptomatiques.
Les tests des anticorps pourraient en outre refléter la situation immunitaire de la population. Les autorités locales dans les différentes régions à travers le pays réalisent désormais des tests d’acides nucléiques et des contrôles médicaux sur les personnes revenant de régions frappées par l’épidémie.
« Avec les mesures rigoureuses de contrôle en place actuellement, les personnes qui ont quitté le Hubei ont été en quarantaine pendant une période suffisamment longue. Ils ont fait l’objet de contrôles médicaux et sont aussi sains que les personnes d’autres régions. Ils ne représentent donc aucun risque particulier », affirme le professeur Lu Lin du 6e hôpital de l’Université de Beijing, qui est également membre de l’Académie des sciences de Chine (ASC).