Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, un couvre-feu a été décrété sur l’ensemble du territoire le 21 mars 2020. De 19h à 5h, les populations sont obligées de rester chez elles dans le but d’éviter le rassemblement. Comment la population appréhende ce couvre-feu et comment vive-t-elle cette situation une semaine après ? Infowakat.net a fait un peu le tour de la ville de Ouagadougou ce 31 mars 2020.
A partir de 18h30, les rues de la ville commencent à se vider. Il est 19h30, les rares personnes que l’on croise s’empressent de rentrer chez elle afin de ne pas croiser la police. Ou fuient dès notre approche, nous prenant pour des policiers.
De Wayalguin, à la Zone I, en passant par Wemtenga, Paspanga et Dassagho, malgré l’interdiction de sortir, certaines personnes étaient assises devant leur concession et d’autres se promenaient toujours dans les rues de leurs quartiers.
Pourquoi ? Chacun se défend comme il peut. «Le couvre à 19h, c’est un peu trop tôt. Si on pouvait l’amener même si c’est à 21h c’est mieux, comme dans les autres pays. C’est vrai que c’est pour notre santé mais l’heure n’est pas très bien choisie. A l’intérieur de la cour, il fait très chaud et je suis sorti devant ma porte pour respirer l’air frais. Quand je vois les Forces de l’ordre je rentre chez moi », nous dit Rasmané, assis devant sa porte.
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Hassan, un autre riverain explique qu’il n’est pas chez lui en ce moment. Il a eu une panne de moto vers 18h30. « Comme je ne peux pas arriver à la maison, je suis resté chez mon ami et on est en train de prendre de l’air, pour éviter que la police me frappe », indique-t-il.
Non loin de là, trois motocyclistes qui passaient aux environs de 19h45 changent brusquement de direction, car ayant repéré un pickup de police à quelques centaines de mètres plus loin.
Comme s’ils se sont passé le mot, presque tous ceux que nous avons rencontré à l’intérieur des quartiers accusent l’ennuie ou encore la chaleur à l’intérieur des maisons. Et les infidélités çà et là de la générale de l’électricité n’arrangent pas les choses.
Le couvre-feu ne fait l’unanimité
Dès les premiers instants, la fermeture des marchés et yaars a été critiquée diversement.
« La journée ils ont fermé. On nous dit de ne pas travailler. Et la nuit ils nous font rentrer à 19h, où est-ce qu’ils veulent qu’on trouve à manger. Il faut qu’on nous aide. On entend dire que l’Etat a reçu des dons d’argent. On ne sait pas ce qu’ils font avec l’argent. C’est la faim qui va nous tuer, c’est pas le coronavirus » lance Issa, un commerçant.