Une équipe de Sidwaya a suivi, de 19 heures à 21 heures, une patrouille de police dans la nuit du mardi 31 mars au mercredi 1er avril 2020 pour constater l’effectivité du respect du couvre-feu à Dédougou.
Mardi 31 mars 2020. Dixième jour du couvre-feu décrété par le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré pour briser la chaîne de contamination de la maladie du coronavirus. Il est 18 heures 30 minutes au commissariat central de police de Dédougou. Mise en place terminée des éléments de patrouille pour une longue nuit qui s’annonce. Après une vingtaine de minutes de briefing du lieutenant de police Aristide Zombré, chef de mission, pour rappeler les consignes et les circonstances de cette mission qui consiste à faire respecter le couvre-feu, la dizaine d’éléments embarque dans deux pick-up pour la ronde nocturne. «Les consignes sont claires. Nous avons à faire à nos frères. Il faut dans un premier temps sensibiliser, les ramener à l’ordre dans un second, et enfin conduire les incrédules devant l’autorité compétente pour qu’ils répondent de leurs actes. Depuis la mise en vigueur du couvre-feu sur instruction du chef de l’Etat, c’est le même rituel auquel nous sacrifions pour éviter la propagation de la maladie », explique le lieutenant Zombré. A peine sortis, les éléments de la patrouille, à une centaine de mètres du commissariat, se retrouvent nez-à-nez avec un groupe de quatre jeunes à 18 heures 50 minutes. Si les trois autres ont réussi à prendre la poudre d’escampette, Fosso Sébastien Gosso Boro, lui est trahi par la chaîne de sa bicyclette et s’est fait appréhender.
« Que fais-tu à cette heure-là alors que tu devrais être normalement à la maison en raison du couvre-feu? », interroge le chef de mission. « Nous avons été pris par le temps au service », rétorque-t-il, tout apeuré. Étant donné qu’il n’était pas encore 19 heures, le lieutenant de police, avec l’avis de la troupe, lui a permis de rentrer le plus vite possible tout en lui signifiant qu’« à partir de 19 heures jusqu’à 5 heures du matin, il est interdit de circuler en ville à moins d’avoir un laissez-passer vous l’autorisant ».
« Surpris par le temps »
Si Sébastien Gosso Boro a échappé à un séjour au commissariat de police, Noufou Combelemsiguiri, employé de commerce et ses camarades n’auront pas cette chance. Pris aux alentours du grand marché de Dédougou en train de fermer leur boutique, ils soutiennent être surpris, eux aussi, par le temps. Un argument qui ne convainc pas les éléments de la patrouille qui décident de leur accorder une nuitée au commissariat de police. Nicodème Koéta, un autre noctambule, interpellé à bord de son véhicule aux environs de 19 heures 30 minutes, subira le même sort que les employés de commerce, car n’ayant pas lui aussi réussi à convaincre la police de la raison de sa présence en ville à une heure non recommandée. Après une fouille sécuritaire minutieuse de sa voiture, un agent de la patrouille est commis de le convoyer au commissariat central pour y passer la nuit. Après l’interpellation de M. Koéta, la patrouille sillonnera les artères de la ville et même des quartiers non lotis pendant une heure et demie pour s’assurer du respect du couvre-feu. Aux environs de 20 heures, ce sont des rues désertes et un silence de cimetière qu’il a été donné de constater dans la cité de Bankuy. Toute la population s’est terrée chez elle.
Seules les personnes détentrices de laissez-passer, celles dans des situations de détresse, et les forces de défense en mission sont autorisées à circuler. « Nous avons une population disciplinée à Dédougou. Depuis le début du couvre-feu, nous n’avons pas eu de soucis majeurs pour faire respecter cette mesure, en dehors de quelques incrédules ou des cas de détresse que nous rencontrons souvent», se réjouit le lieutenant de police Aristide Zombré. Après deux heures dans les quartiers, l’équipe de patrouille regagne sa base pour une pause avant de poursuivre sa mission. Celle du « journal de tous les Burkinabè» en profite pour prendre congé des forces de l’ordre aux environs de 21 heures 30 minutes.