La pandémie à Coronavirus (COVID-19) a conduit les compagnies de transport à observer un arrêt de travail sur toute l’étendue du territoire national, depuis le lundi 23 mars 2020. Si la mesure est bien suivie à Ouagadougou, à Ziniaré dans la région du Plateau-central, des tricycles ont remplacé les cars et les minicars.
Sur la Route nationale 3 (RN3), difficile d’apercevoir un car d’une compagnie de transport ou de minicars en circulation. De la sortie Nord-Est de Ouagadoudou jusqu’à Ziniaré, c’est un trafic relativement fluide qui s’offre aux usagers en cet après-midi du mardi 24 mars 2020. Seuls des véhicules de particuliers ou de camions transportant de marchandises dominent le trafic. A la suite du communiqué du ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière relatif à l’arrêt des transports en commun, les compagnies de transport ont suspendu momentanément leurs activités pour éviter la propagation de la maladie à Coronavirus (COVID-19). Toute chose qui n’est pas sans conséquence du côté des voyageurs. C’est le cas de Hamidou Dicko, en partance pour la ville de Dori. Après avoir fait le tour des compagnies de transport à Ouagadougou, le soudeur avec un baluchon en main s’est vu dans l’obligation de se rendre au poste de péage, espérant avoir une occasion pour se rendre dans sa ville natale. Mais la chance de pouvoir emprunter ne serait-ce qu’un minicar a fini par tourner au désespoir. En effet, cela fait cinq heures de temps qu’il attend un car en vain.
« Je dois impérativement rentrer à Dori ce soir parce que ma permission prend fin aujourd’hui. Il y a beaucoup de commande à livrer si bien que mon patron ne voulait pas m’accorder la permission. Il a fallu l’intervention d’une tierce personne », s’inquiète-t-il. Etes-vous au courant du communiqué relatif à l’arrêt de travail momentané des compagnies de transport sur toute l’étendue du territoire national ? « Oui, mais je ne pensais pas que la mesure allait être suivie par toutes les compagnies. On pourrait permettre aux minicars de transporter des passagers pour limiter les désagréments », suggère-t-il. Hamidou Dicko n’est pas le seul dans cette situation car il vient d’être rejoint par Ousmane Tiemtoré et sa femme Kadidata Kaboré à moto. Tout comme le soudeur n’ayant pas eu gain de cause après avoir sillonné les différentes gares de la capitale, M. Tiemtoré s’est résolu à accompagner son épouse jusqu’au poste de péage espérant avoir un véhicule pour sa femme qui doit se rendre à Kaya.
« Nous allons rebrousser chemin »
« Nous allons patienter juste pour quelque temps. S’il n’y a pas de car, nous allons rebrousser chemin », confie-t-il. Nous quittons ce couple pour nous rendre à la gare routière de Ziniaré située à une dizaine de kilomètres du poste de péage. Notre arrivée à la gare coïncide avec la présence d’un minicar s’apprêtant à prendre le départ pour Kaya avec à son bord, une dizaine de passagers. Le conducteur, Harouna Compaoré, la trentaine révolue dit être au courant de la mesure, mais préfère la violer à ses risques et périls. « Je sais que c’est pour éviter la propagation du COVID-19 qu’il a été demandé de suspendre le transport des passagers. Pour mon cas, j’ai loué le car et je dois forcément rentrer dans mes fonds. Si les gendarmes m’arrêtent, je vais négocier en leur expliquant ma situation », explique-t-il. Comme le dit l’adage « la nature a horreur du vide », en l’absence des cars, des tricycles ont pris le relais à la gare routière de Ziniaré.
Les conducteurs de ces engins à trois roues proposent leurs services aux passagers qui désirent se rendre dans des localités environnantes moyennant une somme d’argent allant de 1000 à 2000 F CFA. A ce qu’il paraît, ces conducteurs se frottent les mains. Ousmane Ouédraogo un conducteur de tricycle confie que sa recette journalière est passée à 30 000 F CFA, alors qu’il avait du mal à avoir 10 000 F CFA en une journée. Savez-vous que ce type de transport peut contribuer à la propagation de la maladie COVID-19? « Nous essayons de soulager les peines des voyageurs. Non seulement ils ne sont pas nombreux, mais la distance n’est pas aussi longue. Notre souhait est que cette maladie disparaisse de notre pays parce qu’elle bouleverse l’activité économique », répond le conducteur de tricycle.