Le covid 19, la bête immonde, comme on l’appelle désormais en Italie est devenue de nos jours un danger public pour tous les peuples de la planète et doit être traité conséquemment comme tel.
Fort de cette conviction, le Président du Faso a, dans un discours à la hauteur du fléau, pris une batterie de mesures qui, pour peu qu’elles soient respectées, pourront concourir à stopper la progression du plus grand mal du 21e siècle. Hommage aux personnels de santé, restrictions des libertés individuelles et collectives, appel à la mobilisation et à la responsabilité citoyenne, … On se croirait revenu aux années de plomb sauf que l’urgence et la dangerosité du mal commandent de se départir de cette vision étriquée pour percevoir la survie de la nation en ces temps d’incertitudes où la moindre négligence peut se payer cash. À l’étape actuelle de l’évolution de l’épidémie, ces mesures arrivent au bon moment et dans la bonne direction pour beaucoup, un peu tard ou toujours insuffisantes pour d’autres. Pour sûr, dans une ambiance de relative insouciance avant les premiers cas de décès, ces mesures étaient vivement attendues, dès la connaissance des premiers cas sur le sol Burkinabè, pour contrer la propagation du COVID 19. L’actualisation des mesures « airbag » devraient cependant être systématique et rapide en fonction de l’évolution de la donne sanitaire, même si cela doit engendrer des dispositions encore plus strictes de confinement pour enrayer les nouvelles contaminations. Qui rougirait si tout arrêter momentanément peut débarrasser définitivement le pays du virus mortel? Les points de croissance, les pertes économiques, le chômage n’étant par ailleurs, que des préoccupations de vivants. En effet, le drame humain innommable qui se joue à moins de 6 heures de nous en Italie, premier pays à interdire les vols en provenance de Chine et en Espagne est, pour le moins, interpellateur. Ce sont autant de cas d’école qui donnent à réfléchir et interpelle la conscience et la responsabilité collective face à un mal qui peut ébranler le socle familial, social et national. Collectivement, nous devons combattre le charlatanisme qui a, jusque-là entouré Coronavirus. Un mal que les grands experts n’arrivent pas à « situer » mais qui est assimilé en langue locale à une « pneumonie blanche » et à d’autres appellations aussi farfelues les unes que les autres que d’aucuns croient pouvoir vaincre grâce aux remèdes de grand-mère dans les vieux quartiers de la capitale. C’est une des raisons pour lesquelles la campagne de communication en cours ne doit pas être une compétition de comptabilité macabre mais un engagement à fournir des informations assez complètes et pédagogiques de sensibilisation de la population, exposée au printemps des « fake news ». L’éducation aux medias, encore embryonnaire sous nos cieux, apparait comme la seule arme contre la floraison des informations prétendues dont sont gavées à longueur de journée, des citoyens désemparés, accros à la moindre bribe de nouvelle sur la maladie.
Le pays doit affronter la pandémie dans un contexte difficile de crise protéiforme. Le terrorisme, les exactions sur les populations civiles, la crise humanitaire (environs 2 millions de personnes touchées et 700 mille déplacés internes) et les mouvements sociaux dans l’administration publique. Une situation déjà suffisamment préoccupante à laquelle la maladie à coronavirus tente de ravir l’ordre des priorités. La trêve n’est pas un vain mot. Le terrain commandant la manœuvre, il y a nécessité de la renforcer, au-delà des convictions ancrées de chaque acteur de la scène sociopolitique, le temps de vaincre le mal pour revenir à nos préoccupations domestiques.