Le Covid-19 est bien là et malheureusement est en train de pousser racines. Et bien que Ouagadougou soit la capitale du 7è Art africain grâce au Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), la prestigieuse biennale qui fait la fierté du continent, ce qui se passe autour du Covid-19 est loin de la fiction. Aujourd’hui, après avoir décroché la palme d’or du premier décès de la maladie à coronavirus en Afrique subsaharienne, honneur dont il se serait volontiers passé, notre pays voit grimper la courbe de contagion de façon vertigineuse. Ayant connu officiellement son premier cas positif, un couple de pasteurs revenu de Mulhouse en France, le Burkina en est à la date du 22 mars, à 75 cas confirmés, pour cinq guéris et malheureusement quatre décès. Certes, le Burkina est loin des plus de 47 000 cas confirmés pour plus de 4000 décès de l’Italie, mais l’inquiétude est tout autant grande. Malgré les gestes barrières et autres mesures préconisés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et conseillés aux populations par les autorités sanitaires, la propagation connait une évolution rapide touchant maintenant d’autres villes. Finalement, le président du Faso qui est sorti de sa réserve, seulement ce vendredi 20 mars, a imposé le couvre-feu de 19h à 5h du matin. L’aéroport est enfin fermé et selon des sources, les transports en commun sont également frappés d’interdiction.
Les autorités de notre pays semblent prendre progressivement la mesure de la pandémie. Par contre, des comportements encore bien à risques fragilisent la mise en œuvre de ces décisions qui déjà ont mis du temps à être prises. Et ne nous parlez pas des conséquences économiques que la fermeture du marché ou le confinement total peut engendrer, car ces conséquences seront plus lourdes, voire impossibles à supporter pour notre pays qui devra aplatir la bourse pour équiper les centres de santé démunis, parfois jusqu’à la paire de gants, pour prendre les patients en charge. Avant le couvre-feu c’est, les ouvres-bières travaillent sans répit dans des maquis et bars bourrés de clients. Avant l’heure du couvre-feu, les marchés accueillent leur monde habituel, évoluant dans une promiscuité suicidaire. Avant le couvre-feu, des Burkinabè n’arrêtent pas de rendre visite à leurs parents, dans la plus grande insouciance des risques de contagion. Avant le couvre-feu, les amis se retrouvent toujours dans leurs «grains» habituels, comme celui qui est voisin du siège de Wakat Séra, pour refaire le monde, sans la moindre mesure de protection contre le virus à couronne. Chose encore plus étonnante et d’une extrême dangerosité, des personnes, et pas des moindres, cachent leur maladie, exposant ainsi, leurs collaborateurs et proches qui, en toute ignorance les côtoient. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) auront beau bastonner les récalcitrants et autres personnes surprises par les heures de couvre-feu, les mesures du gouvernement qui vont de la fermeture des établissements scolaires et universitaires à celle de l’aéroport, risquent de ne pas contrer l’avancée de la pandémie. Pourtant, seule la prévention peut sauver notre pays où, à l’instar des autres pays africains, tout reste prioritaire.