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Programme national de construction de logements : « Nous avons des résultats concrets sur le terrain », le coordonnateur Yacouba Die

Publié le jeudi 12 mars 2020  |  Sidwaya
Yacouba
© Autre presse par DR
Yacouba Dié, coordonnateur du Programme national de construction de logements(PNCL)
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Dans cet entretien, le coordonnateur du Programme national de construction de logements(PNCL), Yacouba Dié, souligne les résultats engrangés en trois ans et annonce les grands chantiers pour cette année 2020.

Sidwaya (s) : Comment se porte le Programme national de construction de logements (PNCL)

Yacouba (Y.D.) : C’est dans ce contexte global particulièrement difficile, qui n’est pas du tout à son avantage, que s’exécute le Programme national de construction des logements (PNCL), connu sous l’appellation de «Programme 40 000 logements ».
Cependant, il faudra noter avec satisfaction, et surtout être fier de cette capacité extraordinaire de résilience dont notre peuple a fait preuve. C’est ainsi que notre peuple, tout en résistant aux attaques terroristes, continue sa marche vers ses objectifs de développements et, atteignant même des résultats très encourageant. En témoigne le taux de croissance atteint par notre économie en 2019 qui s’est établi à 6 %.
C’est dans cette même dynamique que le PNCL a pu engranger d’importants résultats. D’où nous pouvons affirmer que le programme se porte assez bien malgré ce contexte particulièrement difficile comme je viens de vous le décrire.

S : Voulez-vous nous dire que le PNCL arrive à avoir des résultats malgré cette situation difficile que vous venez de décrire ?

Y. D. : Nous avons des résultats concrets sur le terrain. En effet, le programme nécessite dans sa mise en œuvre la mobilisation de 2000 ha de terrain. A ce jour, nous avons pu mobiliser plus de 80%, et cela grâce à l’accompagnement des différentes autorités coutumières, décentralisées et déconcentrées, à qui d’ailleurs nous rendons hommage. Ce qui augure de bien meilleures perspectives dans le secteur des logements pour les mois et années à venir.
Également, au niveau des réalisations effectives des logements, nous pouvons dire que nous accompagnons les célébrations dans les différentes localités de la fête nationale du 11-Décembre, avec la construction des logements sociaux et économiques. C’est ainsi que les villes de Gaoua en 2017, Manga en 2018, Tenkodogo en 2019 et Banfora par anticipation en 2020 ont déjà leur cité du 11-Décembre avec la construction effective, respectivement de 475, 500, 600 et 100 logements. La ville de Ouagadougou a, quant à elle, connu en 2018 la commercialisation de 1262 logements réalisés sur le site de Bassinko. D’autres villes, comme Koudougou et Ziniaré ont des chantiers qui ont des niveaux de réalisation assez avancés.
Ces chiffres incluent les logements des forces vives des différentes localités de célébration puisque les terrains sont désormais mobilisés dans le cadre de la Politique nationale de logements et la mise en œuvre du PNCL.

S : Selon les statistiques du PNCL, plusieurs ménages burkinabè ne peuvent pas s’acheter-même en cotisant pendant 15 ans- un logement social et vu le contexte économique difficile du pays, l’objectif des 40 000 logements sera-t-il atteint ?

Y.D. : C’est vrai. La majorité de la population burkinabé possède des revenus peu élevés. Mais, il faudra noter que lors de la campagne de souscription lancée en 2017, nous avons enregistré plus de 208 000 demandes. Vous voyez que la cible de 40 000 logements du programme est très éloignée de ces intentions d’accès au logement. Ce qui fait qu’au-delà d’atteindre la réalisation des 40 000 logements, l’équipe du programme est engagée dans une grande réflexion sur le long terme devant aboutir à la mise en place d’un mécanisme d’accès au logement. D’ailleurs, l’objectif global du PNCL est de produire des logements décents par la mise en place d’un mécanisme pérenne d’accès aux logements pour toutes les catégories socioprofessionnelles.

Aussi, de l’analyse de la situation que nous avons, un des défis importants à relever reste le financement de l’accès, c’est-à- dire la demande de logement exprimée par nos populations. En effet, le taux moyen auquel nos institutions de financement accordent des prêts aux populations en vue de l’accès au logement est de 7% pour une durée comprise entre 7 et 15 ans. A ces conditions, sur une période de 7 ans, au taux de 7% le logement de 7 500 000 FCFA revient à 9 901 080 FCFA au bénéficiaire. Et, il supporte mensuellement 117 870 FCFA. Ce qui n’est pas du tout réaliste si on tient comptes des statistiques dont vous faites cas. Selon nos simulations, si cette durée passe à 12 ans, le logement lui revient à 11 845 008 F CFA et il ne supportera que 82 257 FCFA mensuellement. Si cette durée passe à 20 ans alors, le logement revient à 15 389 760 et le bénéficiaire paiera mensuellement 64 124 FCFA. En poussant loin l’exercice de simulation, nous avons envisagé une perspective de bonification du taux réduit à 5 %. On remarque ainsi que sur une période de 7 ans, au taux de 5%, le logement de 7 500 000 FCFA revient à 9 9173 220 FCFA au bénéficiaire. Et, il supporte mensuellement 109 205 FCFA. Si la durée passe à 12 ans, le logement lui revient à 10 55 744 FCFA et il ne supportera que 73 276 FCFA mensuellement. Si la durée est prolongée à 20 ans alors, le logement revient à 12 824 960 FCFA et le bénéficiaire paiera mensuellement 53 437 FCFA.

Cette dernière situation nous paraît beaucoup plus proche de la réalité actuelle des populations en tenant des coûts de loyers qu’elles supportent dans les principales villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Comment y parvenir ? Nous pensons y parvenir en mettant à la fois en place un mécanisme de garantie sur le prêt au logement et un mécanisme de bonification des taux comme dans certains pays voisins. C’est ce sur quoi l’équipe travaille et nous souhaitons soumettre, dans les jours à venir, des propositions concrètes aux autorités, à cet effet.

S : Quel sort réservez-vous à ces ménages burkinabè qui ne remplissent pas les conditions du PNCL ?

Y.D. : Tenant compte des objectifs du PNCL, quatre modes d’accès au logement ont été retenus. Il s’agit de :
– la location simple : ici, le bénéficiaire qui occupe un logement construit par l’Etat est un simple locataire et non le propriétaire du logement. Ce type de logement s’adresse prioritairement aux populations aux revenus moyens ou faibles, surtout aux jeunes en début de vie professionnelle.
– La location-vente : dans ce mode, l’occupant de la maison est locataire le temps de rembourser les traites du logement avant de devenir propriétaire. Ici, le logement peut être construit par l’Etat ou par le Partenariat public privé (PPP). Ce type de logement s’adresse à tous les types de revenus.
– Le crédit acquéreur : l’occupant acquiert un logement par l’intermédiaire d’une institution financière qui l’a acheté auprès d’un promoteur immobilier. Il deviendra propriétaire du logement après le remboursement des traites auprès de la banque. Le logement peut être construit par l’Etat (Promoteur immobilier public) ou par les promoteurs immobiliers privés en mode PPP. Ce type de logement s’adresse aux personnes éligibles dans la catégorie de revenus souhaitée.
– L’auto-construction : Ici, le propriétaire de la parcelle non mise en valeur est aidé par l’Etat à travers les institutions financières dans la construction de son logement. Dans le cas des personnes à revenus faibles ou très faibles, il s’agit d’aide à la construction de logement d’habitation pour le ménage. Pour le cas des autres personnes, il s’agit plutôt d’une aide à la construction de logement locatif privé dont le loyer est encadré par l’Etat dans le but d’augmenter l’offre en logement locatif. Ce type de modèle s’adresse à tous les détenteurs de parcelles non mises en valeur quel que soit leur revenu.
Ainsi montrer, nous espérons toucher le maximum de burkinabé quel que soit le niveau de leur revenu, leur permettant d’avoir accès à un logement dans le cadre du PNCL.

S : Le programme se déroule selon le mode de financement Partenariat public-privé (PPP), ce qui implique naturellement les sociétés de promotions immobilières privées. Mais, comme vous le savez, certaines de ces sociétés sont accusées d’accaparer des terres, intervenez-vous dans le choix des sites de construction ?

Y.D. : Dans le dispositif de mise en œuvre du PNCL, les sociétés de promotion immobilière occupent une place importante. En effet, le PNDES a inscrit le PNCL dans les projets et programmes à réaliser selon la procédure de financement Partenariats publics privés. Et les résultats auxquels nous sommes parvenus et dont je fais cas depuis le début de nos échanges, nous le devons à l’engagement et à la volonté d’accompagnement du programme de certaines sociétés de promotion immobilière à qui nous rendons hommage. Mais il y a d’autres, qui se sont engagés dans autre chose en totale violation de toutes les règles en matière de promotion immobilière. Ils n’ont aucun lien avec le PNCL. C’est sans doute d’eux que vous parlez. Sinon, dans le cadre de la mise en œuvre du PNCL, le programme, c’est-à-dire l’Etat, mobilise en toute responsabilité le terrain, l’aménage et affecte les parcelles à des promoteurs immobiliers privés qui mobilisent les ressources nécessaires pour financer et réaliser les projets immobiliers préalablement validés par la structure compétente en la matière du ministère en charge de l’habitat.
De ce qui précède, je ne vois pas en quoi l’exécution du programme encouragerait de quelque manière que ce soit l’accaparement des terres par les promoteurs immobiliers privés. Au contraire, le PNCL prône plutôt une rationalisation dans l’occupation des terres en décourageant l’achat des terrains par l’augmentation de l’offre de logement décent à coût abordable.

S : De nombreux acquéreurs de logements peinent à obtenir leurs PUH auprès de certaines sociétés immobilières. Dans le cadre du PNCL, sont-ils accompagnés dans l’obtention du PUH ?

Y.D. : Je suis surpris par cette question car dans le cadre du PNCL, il n’est pas question de PUH mais plutôt de titre foncier. En effet, le PNCL a prévu un mécanisme en vue de la mobilisation et de la sécurisation du foncier. Ainsi, le terrain mobilisé fait l’objet d’immatriculation au nom de l’Etat à travers une de ses entités qualifiées. Selon la loi n°034-2012/AN du 02 juillet 2012, l’immatriculation consiste à désigner un terrain par un numéro chronologique du livre foncier, à la suite d’une opération de bornage. Elle aboutit à la création du titre de propriété inscrit sur le livre foncier, appelé titre foncier. En conséquence, le processus du PNCL abouti à la mise en place d’un titre mère. Par la suite, l’on procède au morcèlement du titre foncier mère en des titres fonciers individualisés qui seront remis aux acquéreurs des logements. Donc ce n’est plus le PUH qui est délivré aux acquéreurs des logements dans le cadre du PNCL mais un titre foncier qui est un acte de propriété de meilleure qualité.

S : Pourquoi plusieurs logements construits dans le cadre des 11-Décembre dans les régions restent inoccupés ?

Y.D. : Vous avez sans doute remarqué que depuis Gaoua dans le cadre des 11- Décembre, deux types de logements sont construits dans les régions concernées. Il s’agit des logements construits par les « forces vives » de la région concernée sur des terrains aménagés par l’Etat et ceux réalisés par des promoteurs immobiliers privés pour le compte du PNCL. Pour ce qui concerne les logements construits par les « forces vives » de la région sur des terrains aménagés par l’Etat, ils sont utilisés pendant la commémoration du 11-Décembre pour loger les différents festivaliers. A la fin de la fête, ces logements sont remis à leurs propriétaires qui en font l’usage qui les convient (habitation, location, etc.). Le PNCL ne saurait intervenir dans la gestion de ces logements privés.
Quant aux logements construits par des promoteurs immobiliers privés pour le compte du PNCL, ils sont destinés à la vente aux acquéreurs qui sont éligibles. Ces logements sont généralement occupés par leurs acquéreurs qui sont en principe dans le besoin de logements.
Donc la plupart des logements inoccupés sont des logements privés et non ceux construits dans le cadre de l’exécution du PNCL.

S : Dans le projet, il est question de construction d’immeubles collectifs, que devient ce volet ?

Y.D. : Pour densifier le tissu urbain et lutter contre l’étalement continu de nos villes, le PNCL prévoit la construction des 8000 logements collectifs de type HLM dans les deux principales villes que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.
Cependant, bien que très rentable en termes de rationalisations dans l’occupation des espaces urbains, la production de ce type de logement revient assez cher. En effet, le coût moyen de réalisation estimé d’un appartement de type F3 est de 24 millions alors que le même logement en pavillonnaire coûte plus de trois fois moins cher. Aussi, pour minimiser les coûts de la viabilisation, ces immeubles doivent être construits dans les centres urbains et non dans les périphéries des villes.
Toutefois, c’est ainsi que conscient des avantages que revêt les logements collectifs, et qui se résument en termes de sécurité, de transport, de viabilisation et surtout de rationalisation que la coordination du programme est actuellement engagée dans un processus d’identification de niches foncières à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso afin de trouver des sites propices à la construction des HLM avant la fin du programme. Désormais, nous nous inscrivons dans la perspective de n’accompagner que les projets contenant une part importante consacrée à la réalisation des logements collectifs.

S : Est-ce que le PNCL pourrait-il satisfaire le fort besoin en logements à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso ?

Y.D. : Bien attendu, telle est notre ambition. Si nous arrivons à augmenter effectivement l’offre de logements dans ces deux villes nous aurions contribuer certainement à y résoudre un tant soit peu le problème de logement. Cela s’avère plus que nécessaire d’autant plus qu’environ deux tiers des 208 000 demandes exprimées lors de la campagne d’inscription au PNCL en 2017, l’ont été dans ses deux grandes villes.

S : Quelles sont les perspectives du PNCL dans les mois voire les années à venir ?

Y.D. : Comme je l’ai annoncé dès le début, nous avons quasiment pu régler en grande partie les problèmes liés à la mobilisation et à la sécurisation du foncier avec un taux de plus de 80%. Ce qui nous permet de nous projeter davantage dans la réalisation des logements. Ainsi, il est attendu au cours de ce premier semestre 2020 :
– le démarrage de la construction de 900 logements à Bobo-Dioulasso sur notre site de Logofourousso ;
– le démarrage de 300 logements dans chacune des villes de Ouahigouya et de Fada ;
– le démarrage de 100 logements à Kaya et Zorgho ;
– le démarrage de la deuxième tranche de 100 logements à Banfora

S : Avez-vous un dernier mot ?

Y.D. : Nous profitons de cette opportunité que vous nous offrez pour exprimer la reconnaissance de l’ensemble de l’équipe du programme à l’endroit de cette coalition de bonnes volontés qui n’a ménagé aucun effort pour apporter son soutien total afin de permettre l’exécution des activités du programme et d’atteindre les résultats que nous venons de présenter. Il s’agit particulièrement du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat et de tout son cabinet, des différents directeurs généraux et centraux du ministère, les directeurs régionaux en charge de l’urbanisme et tout le personnel du ministère. Il s’agit également des ministères en charge des finances, de l’administration du territoire, de l’environnement, des différents maires et de toutes les différentes autorités au niveau local.
Nous pouvons les rassurer, ainsi que l’ensemble du peuple burkinabé, que les lignes qui bougent, bougeront davantage grâce à l’accompagnement de tous afin de réaliser cette volonté du président du Faso, qui est de faire du droit au logement une réalité dans notre pays.

Achille ZIGANI
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