En plus de faire couler beaucoup d’encre et de salive, l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) a drainé du monde dans les rues de Ouagadougou. La première marche-meeting organisée par le collectif syndical CGT-B pour la suppression de l’IUTS, a eu lieu à Ouagadougou le 7 mars 2020.
Les chaises disposées sous des tentes, tout autour du podium monté pour le meeting de protestation contre l’application de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), commence à être occupées les unes après les autres.
De 8h à 9h, des harangueurs de foule et des artistes se succèdent sur le podium en attendant le début des choses sérieuses. Aux environs de 9h 30mn, les choses sérieuses commencent effectivement avec l’apparition des Secrétaires généraux des syndicats du collectif CGT-B et affiliés, dont Bassolma Bazié.
Le Secrétaire général de la CGT-B s’avance, prend le micro et s’adresse à la foule dans l’enceinte et hors de la Bourse du travail, pour lui expliquer pourquoi l’itinéraire initialement prévu a été changé. Comme pour requinter les militants syndicaux venus à la marche-meeting, Bassolma Bazié, Secrétaire général de la CGT-B, affirme : « Depuis que notre pays existe, ce mouvement syndical n’a jamais fléchi ou pris le décor. Et maintenant, si des individus prennent le décor, ça c’est leur problème ». Une affirmation accueillie par des applaudissements nourris, des cris, des coups de sifflets et de vuvuzela. Et il poursuit : « Il faudrait qu’on montre aux yeux de ce peuple que les militants qui agissent dans le mouvement syndical sont des militants mâtures et responsables ». Avant que la marche ne commence, il donne des instructions aux marcheurs et les met en garde en ces termes : « Si quelqu’un, pendant la marche, vous insulte, ne répondez pas » parce que « la lutte, nous la menons avec sérénité, avec prévision et vision ». Après ces directives, la foule de syndicalistes s’ébranle dans les rues de la capitale, prenant l’itinéraire suivant : de la Bourse du travail, les marcheurs se retrouvent au rond-point de la Bataille du rail en passant derrière la BCEAO. Puis, elle emprunte la rue qui longe le mur du CBC, côté Est tout en chantant l’hymne national.
C’est sous un soleil brûlant que les marcheurs se retrouvent en train d’arpenter l’avenue Bassawarga en allant vers la paroisse Cathédrale de Ouagadougou. C’est encore plus déterminés que les syndicalistes rallient la Bourse du travail en passant devant la Cathédrale. Un parcours qui aura duré environ une heure. De retour à la Bourse du travail, le meeting peut alors commencer. Harangueurs de foule et différents responsables syndicalistes se succèdent sur le podium. Après une vingtaine de minutes, Bassolma Bazié, porte-parole de la coalition syndicale, prend la parole pour livrer son message. D’emblée, il souligne que « les actions sectorielles engagées par les différents syndicats, la grève de cinq jours qui va être engagée du 16 au 20 mars 2020 et la marche-meeting de ce jour, entrent dans le cadre de la ferme résistance engagée contre les agressions multiples dont les travailleurs et leurs organisations sont victimes de la part du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés ».
Sans ambages, il s’emballe : « L’application de l’IUTS sur les primes et indemnités opérée au forceps par le pouvoir et qui est contraire à la revendication de l’UAS, a pour objectif de diviser les travailleurs et liquider leurs organisations de lutte, opposer les travailleurs du public à ceux du privé et du parapublic et opérer une diminution des salaires conformément aux injonctions du FMI suite aux conclusions de sa mission du 24 octobre au 6 novembre 2019 ». Pour Bassolma Bazié, « c’est tout le sens de l’application de l’IUTS selon « le principe de l’acceptabilité et de la progressivité » que le ministre Ouaro a clairement mis en lien avec la « remise à plat des salaires dans le secteur public ». Et « ce qui frappe et indigne les travailleurs et les citoyens de façon générale, dit-il, c’est que le gouvernement, au moment où il choisit de s’attaquer aux travailleurs, ferme les yeux sur les détournements, les vols, les fraudes et autres malversations qui font perdre à l’Etat des centaines et des centaines de milliards de F CFA ».
Qu’à cela ne tienne, Bassolma Bazié exige du pouvoir la satisfaction de la plate-forme revendicative qui porte sur « l’arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et l’amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie, l’arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales, l’arrêt du pillage des ressources nationales, la garantie du droit à la sécurité des populations, le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs ». Une autre marche-meeting est prévue le mardi 17 mars 2020.