L’enseignement supérieur au Burkina Faso est réputé être parmi l’un des plus crédibles dans la sous-région. Cela est dû à la rigueur observée dans la formation dispensée aux étudiants. Mais le Burkina peut-il se targuer toujours d’être classé parmi les meilleurs en matière de formation académique ? Malin qui saura le dire. En tout cas, les universités publiques du Burkina traversent une période de crise sans précédent ces dernières années. En effet, les années académiques se chevauchent tant et si bien qu’on a du mal à reconnaître l’année académique en cours, de celle qui s’achève. Conséquence : on a l’impression que certains étudiants passent toute l’année sur le campus sans vacances. Car, aussitôt les examens terminés, ils se remettent encore à bosser pour éviter les surprises désagréables. Si par malchance l’étudiant doit se rattraper pendant la deuxième session, il restera sur le campus jusqu’aux résultats de la deuxième session. Tout juste après les résultats de la deuxième session, ou souvent même avant, une nouvelle année commence. Et c’est reparti pour des séances soutenues de cours magistraux qui peuvent durer de 7h du matin à 21 h. Et ce, pendant six jours sur sept. C’est à se demander si les étudiants ont réellement le temps de réviser et d’assimiler convenablement les cours qu’ils prennent. A cette allure, l’accumulation des cours risque de jouer sur la qualité de la formation. Ce, d’autant que la vie sur le campus n’est pas chose aisée de nos jours. La plupart des étudiants, déjà angoissés par des problèmes d’ordre existentiel, ne « bossent » que pour valider l’année. Si fait qu’à la fin de la formation, l’étudiant a son parchemin en main, mais a déjà oublié jusqu’au b-a-ba de ce qu’il a appris les années antérieures. Si ce n’est pas un bourrage de crânes, cela y ressemble fort. A ce rythme, les premiers responsables de ces universités doivent étudier la possibilité d’installer une cellule psychologique au profit des étudiants, s’ils ne peuvent pas améliorer leur cadre d’étude. Pour parer à cet état de fait, pourquoi ne pas alterner théorie et pratique ? Puisque l’enseignement académique doit se démarquer de celui du secondaire par la pédagogie utilisée. On nous dira que les travaux pratiques et les travaux dirigés existent à cet effet. Mais est-ce qu’ils répondent encore à leur finalité première ? Ce rythme effréné des cours peut s’expliquer par des raisons de calendrier et la mobilité des enseignants. Les premiers responsables de ces universités, talonnés par le temps, veulent rétablir l’année académique normale. Ce qui est une bonne chose. Certes, il y a un prix à payer. Mais celui-ci ne doit pas se résumer au sacrifice de plusieurs promotions d’étudiants. Si tant est qu’on veut former des étudiants performants tout en faisant une transition réussie entre le système classique d’enseignement et le système Licence-master-doctorat (LMD). Certaines unités de formation et de recherche des universités publiques ont déjà abordé le virage. Dans ces conditions, le système LMD ne peut être une bouée de sauvetage pour l’enseignement supérieur puisque ni les professeurs, ni les étudiants ne sont encore prêts pour sa mise en œuvre.