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Crise humanitaire au Burkina

Publié le mardi 3 mars 2020  |  Le Pays
L’exploitation
© Autre presse par dr
L’exploitation aurifère par la population du Noumbiel
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La crise sécuritaire à laquelle le Burkina est en proie depuis pratiquement 2014, a engendré bien des conséquences douloureuses pour les populations. Au nombre de celles-ci, l’on peut s’arrêter sur le phénomène des déplacés internes. En rappel, les déplacés internes sont des personnes contraintes de fuir à l’intérieur de leur propre pays en raison de conflits, de violences, de violations de droits humains ou de catastrophes. Il convient de s’arrêter un peu pour faire la différence entre les déplacés internes et les réfugiés. Ces derniers sont des personnes qui passent une frontière pour échapper aux persécutions. A la différence des déplacés internes, les réfugiés sont protégés par des conventions internationales. Cela dit, les statistiques récentes sur les déplacés internes, font froid dans le dos. En effet, à l’occasion de la cérémonie de lancement de la réponse humanitaire qui a eu lieu à Ouagadougou le 28 février dernier, les données suivantes ont été portées à la connaissance du public : à la deuxième moitié du mois de février 2020, près de 766 000 personnes avaient été forcées de quitter leur domicile du fait des violences contre 614 000 personnes déplacées internes au 31 décembre 2019. En moins de deux mois donc, 152 000 déplacés internes sont venus s’ajouter aux 614 000. Le risque que la tendance à l’augmentation se renforce, est réel, puisque les attaques terroristes se poursuivent. Un autre chiffre qui interpelle est que plus de 56% des personnes déplacées sont sans abris ou n’ont pas un abri adéquat. Au total, plus de 2 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire au Burkina. Et ces personnes se rencontrent essentiellement dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, du Nord, de l’Est et de la Boucle du Mouhoun. Au titre de l’année 2020, il faut mobiliser nécessairement 312 millions de dollars américains pour 1,8 million de personnes ciblées par la communauté humanitaire.

Pour les déplacés, la priorité pourrait ne pas être de voter mais tout simplement de vivre

Le problème est que sur les 312 millions de dollars américains requis, seulement 1% du financement est disponible. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a péril en la demeure. Ce qui urge donc pour les déplacés internes entassés dans les sites d’hébergement de Foulbé dans le Soum ou encore de Barsalogho dans le Sanmantenga, est qu’on leur permette de vivre dans la dignité dans leurs localités d’origine. Tous les efforts doivent tendre vers cet objectif. En effet, le statut de déplacés internes ouvre la voie à plusieurs risques. Le premier est l’essoufflement de l’assistance humanitaire internationale. Les chiffres à ce sujet parlent d’eux-mêmes : sur 312 millions de dollars américains requis pour venir en aide à 1,8 million de personnes ciblées par la communauté humanitaire, seulement 1% est disponible. Ce qui représente une goutte d’eau dans cet océan de désolations. Le deuxième risque pourrait être l’indifférence des Burkinabè face au drame. Pour le moment, on enregistre ça et là des gestes de solidarité de personnes morales ou physiques. Mais, si la situation devait s’installer dans la durée, il n’est pas exclu qu’au fil des ans, les uns et les autres finissent pas se sentir peu concernés par le malheur qui frappe leurs compatriotes. Le troisième et dernier risque peut consister à installer chez les personnes déplacées internes, l’esprit d’assistés permanents. En attendant donc de travailler à leur retour dans leurs localités de départ où ils pourront vivre dans la sécurité et la dignité, il faut mettre en place la formule « travail contre nourriture. ». Le gouvernement, aidé par la communauté internationale, peut expérimenter cette formule. Les Burkinabè ont ceci de particulier qu’ils sont de gros travailleurs. Plus l’assistanat va durer, plus les personnes qui en bénéficient, vont courir le risque de rechigner au travail. Déjà, on observe dans des villes comme Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso, que certains déplacés internes ont pris d’assaut des carrefours et autres endroits stratégiques où ils se livrent à une sorte de mendicité agressive. Et parmi les mendiants, il y a des personnes valides qui peuvent vivre à la sueur de leur front. L’on note également la présence, à ces endroits, d’enfants, la sébile à la main, qui demandent la pitance du jour. Si l’Etat n’y prend garde, ces enfants peuvent constituer un vivier de recrutement pour les terroristes. En tout cas, depuis que le phénomène des déplacés internes a pris de l’ampleur, la mendicité aussi a pris une proportion inquiétante dans nos villes. Et c’est dans ce contexte que le Burkina se prépare à aller aux urnes. Il faut plus que la résilience pour relever le défi de la participation massive des populations déplacées aux scrutins de cette année. Pour les déplacés de Foulbé dans le Soum ou encore de Barsalogho dans le Sanmantenga, la priorité pourrait ne pas être de voter mais tout simplement de vivre.
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