Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Burkina Faso: Face à la grogne syndicale, le pouvoir MPP choisi l’offensive

Publié le mardi 25 fevrier 2020  |  netafrique.net
Conseil
© Présidence par DR
Conseil des ministres du 22 janvier 2020 sous la présidence du chef de l’Etat Roch Marc Christian Kaboré.
Comment


« Ne pas courber l’échine » face à la grogne sociale, voire syndicale. C’est certainement le mot d’ordre du pouvoir de Roch Kaboré dès l’entame de sa gouvernance en 2016. Surtout que les discours des leaders syndicaux et autres responsables de la société civile pendant même la campagne électorale de 2015, présageaient un climat social tendu.. En effet, alors que des travailleurs de plusieurs secteurs socioprofessionnels observaient des mouvements de débrayage pendant cette campagne, ils reçoivent une visite de l’unité d’action syndicale (UAS). Alors président du mois de cette faitière syndicale, Bassolma Bazié de la confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), mettait en garde les différents candidats à la présidentielle, en ces termes, « Nous n’allons pas donner même un seul jour de répit au candidat qui viendra en estimant qu’il est nouveau, il ne connait pas les dossiers. Il va les connaître avant d’aller à Kosyam et ceux qui sont incapables, qu’ils démissionnent avant le 29 novembre, jour des élections. C’est tout ça-là qui sera peut-être leur solution d’échappatoire, sinon nous n’allons pas laisser d’échappatoire à aucune personne. Ils ont dit qu’ils peuvent, ils vont aller trouver le fauteuil présidentiel, ils vont y trouver nos préoccupations, ils vont même les recevoir avant d’y aller, nous nous allons tenir ferme, le temps que ces préoccupations se résolvent ». Il tenait ces propos le 19 novembre, soit à dix jours du scrutin. La CCVC qui était aussi en pleine « campagne » d’interpellation, avait martelé dans une adresse aux candidats à l’élection présidentielle, « qu’aucun pouvoir ne pourra bénéficier de sursis, si certaines préoccupations ne sont pas satisfaites ». Le candidat Roch Kaboré, élu par la suite président, a certainement bien pris note de ces différentes interpellations. Puisqu’à l’occasion de ces prises de paroles de façon solennelle durant ces quatre années de règne, il n’a cessé d’émettre des appels à la trêve sociale à l’adresse des partenaires sociaux que sont les organisations syndicales. Des appels très peu entendus, puisque le front social est resté jusque-là très agité. Mais une agitation qui n‘a pas empêché le gouvernement de lancer une offensive très sévère à travers des actes anti-travailleurs. On peut citer entre autres :
– Le processus de mise à plat du système de rémunération des agents de la fonction publique lancé.
– Le sit-in, déclaré illégal,
– L’imposition aux travailleurs et le recouvrement forcé des taxes de résidence,
– Blocage des négociations au tour du cahier des doléances 2017 des travailleurs, dans lequel ils revendiquent une augmentation salariale de 25% pour compter de janvier 2017.
Ils sont plutôt servis autrement :
– Le non-respect par la partie gouvernementale des engagements pris à l’endroit de plusieurs organisations syndicales.
– Des intimidations et répressions systématiques des travailleurs en lutte,
– Des manœuvres et campagne de diabolisation contre des syndicats, avec des déclarations faites à profusion, faisant croire que plus de 50% du budget de l’Etat est destiné aux salaires des fonctionnaires, ou ce sont des travailleurs en lutte qui, s’ils ne sont pas assimilés aux terroristes, sont vus comme des manipulés.
Outre cet état de fait, le pouvoir ira même au-delà des travailleurs, pour poser des actes qui diminuent le pouvoir d’achat de l’ensemble des populations, tels l’augmentation du prix des hydrocarbures, qui a engendré le renchérissement du coût de la vie. La hausse du prix des transports en est un exemple type.
Alors que pour justifier certaines de ces mesures prises, le gouvernement évoque le sacrifice, l’effort de guerre, l’équité, la légalité, c’est au vu et au su de tous que des membres du gouvernement sont rémunérés en violation d’un décret, règlementant leurs revenus.
Jusque-là les offensives du pouvoir ont le vent en poupe, surtout qu’elles permettent au parti au pouvoir et alliés de mettre en œuvre le programme présidentiel. Un ténor du MPP, en l’occurrence Clément Sawadogo, se targue d’ailleurs du bilan du mandat du président Kaboré, dans le journal Le Pays du jeudi 20 février 2020 en ces termes, « Aujourd’hui, nous sommes à l’aise pour dire que le Plan national de développement économique et social a pu être exécuté conséquemment (60% de réalisation). Si nous avons pu parvenir à ces résultats, c’est parce que nous avons, un tant soit peu, atténué les facteurs de blocage (terrorisme et front social) ». L’appétit venant en mangeant, dit-on, le 28 septembre 2019, le bureau politique national du MPP décide d’étendre l’application de l’impôt unique sur le traitement et salaire (IUTS) sur les primes et indemnités des agents du public. Une décision entérinée par le parlement à travers le vote de la loi de finance 2020. Une loi que le gouvernement annonce sa mise en œuvre effective à compter de ce mois de février 2020, contre vents et marrées.
L’un des objectifs recherchés certainement par le régime, est de changer le terrain de la lutte chez les travailleurs qui chercheront d’abord à empêcher l’application de l’IUTS dans son nouveau format. Sur ce point, le pouvoir aura réussi son challenge : détourner l’attention de bon nombre de travailleurs sur leurs revendications fondamentales et de l’opinion sur autres questions, pour ne parler désormais que de la question de l’IUTS. Mais jusqu’à quand cela va-t-il demeurer ?
C’est évident que les travailleurs ne resteront pas inertes face à l’offensive du régime MPP. Mais la question que nombre de citoyens se posent, est, quelle sera la nature de cette contre-offensive ? Fera-t-elle le poids face à la machine gouvernementale, voire le pouvoir MPP et alliés ? Ces derniers résisteront-t-ils pour longtemps face aux vagues de mouvements qui pourraient découler de la situation ? Des réponses à ces différentes interrogations ne sauraient résister au temps.

DN
Commentaires