La disparition du jeune homme âgé de 12 ans à Gaoua, le 14 août dernier fait de plus en plus de malheureux. Les populations allogènes accusées d’être responsables de l’incident ont été contraintes de fuir les lieux pour échapper à la furie des autochtones. Bobo-Dioulasso depuis la nuit du jeudi 16 aout 2012 enregistre déjà ses premières personnes déplacées venues de Gaoua. Ils étaient au nombre de 144 lorsque nous sommes allés à leur rencontre, hier aux environs de 14 heures. Hommes, femmes (il y en a qui sont enceintes) et enfants visiblement abattus avaient investi les salles de classe à l’école Centre A. Les agents de l’Action sociale s’activaient a l’enregistrement des survivants et de ceux portés disparus.
En effet, ces personnes à majorité peulh, ont été déportées de Gaoua a Bobo-Dioulasso sous escorte de la gendarmerie nationale dans la nuit du mercredi à jeudi.
Amadou Cissé, délégué des déplacés explique cette mésaventure : « J’étais au champ lorsque j’ai appris que les autochtones s’en prenaient aux allogènes suite au meurtre de l’enfant. Ils ont détruit tout sur leur passage. Nous n’avons plus rien ». Ses deux enfants dans ses mains (3 et 4 ans), Amadou Cissé tout comme les autres déplacés n’ont qu’une prière, celle de retrouver les leurs. « C’était vraiment le sauve-qui-peut, tellement la situation se dégradait. Ceux n’habitant pas loin des services des forces de sécurité de Gaoua ont pu y trouver refuge », ajoute-t-il.
A l’écouter, les forces de l’ordre et de sécurité de ladite ville ont dû requérir du renfort venu de Bobo-Dioulasso pour s’interposer entre les accusateurs qui voulaient en finir avec « les supposés responsables du meurtre de l’enfant ».
Les renforts arrivés le 15 août ont pu avoir accès à la ville et c’est autour de 20h dans la nuit qu’un convoi de 144 personnes a regagné la ville de Bobo-Dioulasso vers 2h du matin.
"Ils sont réellement désemparés", nous explique Paul Traoré de l’Action sociale : « Les victimes de ce qu’on pourrait qualifier des « événements de Gaoua » ne savent plus ou mettre les pieds », deplore-t-il. Ils disent, ajoute-il, avoir du mal à situer leur responsabilité dans la disparition du jeune homme. Amadou Cissé, qui reconnait tout de même le sempiternel problème entre agriculteurs et éleveurs estime qu’il ne peut être justifié par cette « chasse au peulh ».
Parmi les déplacées, seule une personne déclare avoir perdu son frère. Nourris et assistés par les forces de l’ordre et de sécurité et par l’Action sociale, ces malheureux avouent avoir trouvé du réconfort à Bobo-Dioulasso.
Notons que leur arrivée a été soigneusement préparée par les autorités de la région en l’occurrence le gouverneur Joseph Bakouan, le haut-commissaire Nandi Somé et les services de l’Action sociale.