La première conférence du programme conjoint pour les marchés des capitaux du groupe de la Banque mondiale J-CAP s’est ouverte le 10 février 2020 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Placées sous le thème : « Marchés des capitaux : investir pour la croissance », ces assises vont permettre aux acteurs du marché régional et différents experts de partager les meilleures pratiques en vue de dynamiser le secteur financier de l’UEMOA.
A l’initiative du groupe de la Banque mondiale et du Conseil régional de l’épargne et des marchés financiers (CREPMF), se tient, les 10 et 11 février 2020 à Abidjan en Côte d’Ivoire, la toute première rencontre entre les acteurs du marché de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et des experts internationaux dans le cadre du programme conjoint pour les marchés des capitaux (J-CAP). Le thème principal de la conférence est : « Marchés des capitaux : investir pour la croissance ».
Pour le président du CREPMF, Mamadou Ndiaye, la rencontre offre non seulement l’occasion d’explorer de nouvelles opportunités d’investissements pour l’UEMOA, d’identifier les difficultés rencontrées sur d’autres places, mais aussi permet de discuter de solutions innovantes et adaptées à la zone. Pour soutenir la réflexion, les participants vont avoir l‘occasion d’échanger lors d’une série de panels autour de thèmes tels que le développement des marchés financiers dans l’UEMOA ; les défis et opportunités de la zone ; le cadre pour le développement des marchés financiers, des panels, entre autres. Il est aussi prévu des ateliers sur l’intermédiation financière, notamment l’application des solutions Fintechs, le financement des PME et des infrastructures, etc.
Selon le ministre de l’Economie et des Finances de la Côte d’Ivoire, Adama Coulibaly, le thème de la rencontre résume toute la vision et les attentes des autorités de l’union. « Au regard des tensions commerciales persistantes entre certaines puissances, des incertitudes économiques au sein de la zone euro relatives au Brexit et des prévisions pessimistes sur la croissance mondiale (moins de 3% selon le FMI), des opportunités se profilent à l’horizon, et il nous appartient de nous préparer pour en tirer le meilleur profit », a-t-il expliqué. Il a par ailleurs salué les acquis engrangés depuis la création du marché régional en 1998. « Le montant des ressources levées en 2019 a atteint un nouveau cap de 1 620,2 milliards FCFA. Ce record porte ainsi le volume total des ressources levées par le marché financier régional à la fin de 2019 à 7 500 milliards FCFA dont environ 40 % ont permis de financer les infrastructures des Etats membres. Quant à la Bourse régionale des valeurs mobilières, ce sont soixante (60) lignes obligataires inscrites à la cote de la BRVM dont vingt (20) émises par le Trésor public de Côte d’Ivoire », a-t-il annoncé.
L’urgence de faire des réformes
Le président du conseil des ministres de l’UEMOA, Romuald Wadagni, par ailleurs ministre des Finances du Bénin, s’est, pour sa part appesanti, sur des constats qui démontrent l’urgence d’engager des réformes pour rendre le marché financier régional plus performant. Il a relevé qu’en dépit des forts taux de croissance affichés depuis 7 ans par la zone UEMOA, les populations n’en ressentent pas encore les effets. Selon lui, pour qu’il en soit autrement, il faudrait que la croissance soit amplifiée et que le secteur privé joue le rôle de moteur de l’économie en lieu et place des Etats. « Le financement de nos économies ne peut se faire sans des sources diversifiées et dynamiques. Il est indispensable que le marché des capitaux soit structuré de façon à permettre au secteur privé à jouer le rôle de levier », a-t-il insisté.
Le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly, a souligné que la tenue de la J-CAP à Abidjan traduit l’intérêt que les autorités de l’UEMOA attachent au développement des marchés des capitaux. « En effet, il ne fait aucun doute que la mobilisation d’une épargne importante et durable constitue un impératif majeur pour le développement de nos économies, confirmant le lien étroit entre l’épargne et le taux de croissance économique des Etats, à travers notamment le taux d’investissement. », a-t-il déclaré. Pour M. Coulibaly, il faudrait aller au-delà des performances actuelles de la Bourse régionale des valeurs mobilières (désormais 7e plus grande place financière d’Afrique avec une capitalisation boursière d’environ 10 milliards d’euros, avec une bonne marge de progression). Le chef du gouvernement ivoirien a également donné l’assurance que les recommandations formulées par les participants permettant de jeter les bases d’un marché de capitaux à long terme, financé par l’épargne des ménages et permettant la distribution de la croissance de nos économies auprès des populations.
Le programme conjoint de développement des marchés financiers est une nouvelle initiative du groupe de la Banque mondiale qui vise à renforcer l’engagement de l’institution en faveur du développement du marché des capitaux. Au sein de l’UEMOA, il soutient des réformes qui visent, entre autres, à renforcer la protection des investisseurs, moderniser le cadre juridique et réglementaire des appels à l’épargne et à mettre en place de nouveaux instruments pour attirer de nouveaux émetteurs. Il est conduit depuis 2018 par le Conseil régional de l’épargne et des marchés financiers avec l’appui technique de la Banque mondiale et de l’IFC.