Les copies n’ont pas fini de révéler leur secret dans l’affaire de recrutement de la Caisse nationale de sécurité social (CNSS). Marcel Zongo, témoin, avait initialement la note de 6/20, un hors sujet, après « manipulation » de sa feuille de composition, il est admis au test avec 16/20 en dissertation. C’était au tribunal le mardi 4 février 2020 au tribunal de grande instance de Ouagadougou.
Marcel Zongo, artiste-chanteur, admis au test de recrutement de la CNSS est appelé à la barre en qualité de témoin. Sa note initiale 06/20, si l’on se fie au relevé de la correctrice a connu une augmentation, il a désormais 16/20. Chose étrange, la correctrice reconnait son écriture. Mais n’arrive pas à expliquer pourquoi il est mentionné sur sa paperasse 06. S’est-elle trompée au moment du report des notes ? Quelqu’un a su imité parfaitement son écriture ? La dame des lettres ne sait pas à quel saint se vouer. « Comme je l’ai dit à l’audience précédente, l’erreur est humaine. Je peux me tromper », s’est-elle défendu. Ce qui intrique le ministère public c’est que la feuille de composition de l’artiste est la copie conforme d’une certaine Samira Condé, qui a échoué alors que le coreligionnaire du proche collaborateur du DRH a été déclaré admis et occupe la place de 6e exæquo.
Marc Sawadogo, le petit frère du vice-président du jury de surveillance est une recrue du test de 2018 de la CNSS. A l’image de l’épouse du DRH, il n’a pas pipé mot à son frangin avant de prendre part au concours. Son admission était donc une surprise pour la famille. En dissertation, un exercice qui révèle le niveau, il a obtenu la noté de 12/20, lui a qui n’a que le certificat d’étude primaire (CEP). Un diplôme obtenu en 2013 en tant que candidat libre. Le tribunal ayant constaté que le témoin n’a pas une aisance dans la langue de Molière, il a testé ses capacités en lui administrant une dictée. Quelle fut sa chance ! Il s’en sort avec une faute. En fait, il a « avalé » le ‘’H’’ de « harmonie ». Sur sa copie, le tribunal a constaté une variation d’écriture. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ? « J’ai utilisé deux stylos. Il y en avait un qui était plus fin que l’autre », a-t-il répondu.
Me Timothée Zongo, avocat de la défense a estimé que le parquet ne devrait pas s’attarder sur les variations d’écriture. « C’est une perte de temps », a-t-il clamé. Pour lui, c’est vraiment chercher la petite bête que de s’étendre sur cette question. De son avis, il revenait au ministère public de s’attacher les services d’un graphologue pour éviter cette polémique. « Nous savons tous que l’écriture diffère en façon du stylo que l’on utilise. Il m’arrive par exemple de signer des chèques dans la journée et que certains me reviennent pour signature non conforme », a-t-il argumenté. Pour le ministère public, la thèse du spécialiste ne tient pas, car les témoins savent différencier leur écriture. « Des témoins ne reconnaissent pas leur écriture. Qu’allait faire un graphologue dans ce dossier ? » s’interroge-t-il.
L’audience reprend le 18 février 2020 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou.