Incarcéré dans le cadre du procès du putsch manqué de Septembre 2015, le Général de Gendarmerie, Djibril BASSOLE est réapparu ce Dimanche 19 Janvier 2020, amaigri, désossé, sur une image devenue virale sur les réseaux sociaux. Visiblement éprouvé par quatre mois de détention ininterrompue depuis son retour forcé derrière les barreaux en Septembre dernier, l’ancien Chef de la diplomatie Burkinabè et médiateur reconnu dans les crises militaro-politiques en Afrique, souffrirait d’un cancer aigu qui nécessite une évacuation d’urgence à l’extérieur, pour lui permettre de bénéficier de soins appropriés dû à son état de santé.
En dépit des appels incessants de ses proches et de sa formation politique, la NAFA (Nouvelle Alliance du Faso) en faveur d’une mise en liberté conditionnelle du Général, pour éviter le pire, le régime de Ouagadougou demeure inflexible. Pour les actuels dirigeants Burkinabè, pas question de se pencher sur la situation de leur ex-collaborateur au sein du régime COMPAORE. Les barons de l’ancien système restés loyaux au Fondateur du CDP, étant traités, depuis la révolte populaire d’Octobre 2014, comme des ennemis politiques, à abattre par tous les moyens. Le procès du putsch manqué de Septembre 2015 aura servi de prétexte à un nettoyage politique et militaire en profondeur, dont l’objectif affiché était de neutraliser tous ceux qui dans la classe politique ou dans l’armée, avaient refusé de pactiser avec les conspirateurs des événements chaotiques des 30 et 31 Octobre 2014, ayant conduit au départ volontaire du Président Blaise COMPAORE. Depuis, certains comme le Général DIENDERE croupissent derrière les barreaux, d’autres sont contraints à l’exil, à l’instar des Ministres Assimi KOUANDA et René Emile KABORE, pour ne citer que ceux-là. Même si le cas du Général BASSOLE semble particulièrement controversé, vu son implication présumée dans l’aboutissement de la chute du régime COMPAORE, les conditions de sa condamnation à 10 ans de prison ferme, sont évocatrices. Contre toutes ces personnalités, des procédures judiciaires ont été engagées.
A Abidjan, dans le groupe des exilés, beaucoup interprètent la mise en branle de la machine de répression judiciaire comme une sanction à l’encontre des récalcitrants au projet subversif, conçu autour de 2012, dans le but avéré de mettre fin aux 27 ans de pouvoir du N°2 du CNR (Conseil National de la Révolution). Les agissements du pouvoir en place à Ouagadougou semblent agrandir chaque jour un peu plus, le fossé des frustrations, dans un contexte où la souveraineté du Burkina Faso est vacillante, après quatre années de crise sécuritaire. L’ignorance de la main tendue du Président COMPAORE, qui le 29 Mars 2019 avait adressé une missive à son successeur pour lui proposer son aide dans la lutte anti-djihadiste, les condamnations sans appels des sécurocrates de l’ancien régime, au terme d’un procès dont la crédibilité suffoque sous les circonstances de son déroulement, et le maintien des poursuites à l’encontre de certains proches de l’ancien Président, font douter de la sincérité des appels à l’unité nationale, lancés par le Chef de l’état en exercice. Lors de son Grand oral devant la Presse Burkinabè, le 11 décembre dernier, le Président Roch Marc KABORE réitérait une fois de plus son appel à l’union. Un discours tourné en dérision par l’opposition en exil, qui attend du Fondateur du MPP, plus que des mots, des actes. Jusqu’à présent, les organismes internationaux de défense des droits de l’homme n’ont que peu réagi face à la situation périlleuse de ce détenu politique, contraint de retourner derrière les barreaux, après son retour de Tunis en Mai 2019.
A l’heure où le régime Burkinabè vient d’offrir à la France toute la légitimité nécessaire pour asseoir sa présence militaire, suite aux accords de coopération militaire signés à Pau, ce Lundi 13 Janvier, les questions d’ordre politique devraient certainement faire l’objet d’une plus grande attention de la part des grandes démocraties, pour ne serait-ce que contribuer à endiguer le néo-totalitarisme sous les tropiques. Le Général BASSOLE patauge dans une position délibérément ambigu, soupçonné d’avoir joué un rôle décisif dans le renversement de son mentor en Octobre 2014, et accusé d’avoir été l’un des cerveaux du putsch manqué de Septembre 2015, qui a manqué de peu, d’écourter la transition politique au Burkina Faso.