La nouvelle est tombée raide comme un couperet le 3 octobre 2012. L’administration de l’université de Koudougou a pris, à l’issue d’un conseil de discipline tenu la veille, de lourdes sanctions, dont 6 exclusions définitives de l’enseignement supérieur privé et public du Burkina Faso, contre des militants de l’Association nationale des Etudiants du Burkina (ANEB). Ces mesures, particulièrement sévères, ont été prises suite, entre autres, à des actes de violences (séquestration d’un enseignant et agression d’étudiants) perpétrés par des membres de l’ANEB-Koudougou. Maintenant que va-t-il se passer ?
Logiquement, c’est la question que l’on est en droit de se poser, surtout pour qui connaît la capacité de réaction des militants de l’ANEB de la cité du cavalier rouge. Déjà, au lendemain de l’annonce de la prise des sanctions, l’ANEB a tenu un meeting pour protester contre les décisions du conseil de discipline, et d’ailleurs, ce sont les membres du même syndicat avec à leur tête Francis Nikièma (il est également frappé par la présente mesure d’exclusion) qui ont été le fer de lance du mouvement des élèves et étudiants de Koudougou lors de l’affaire Justin Zongo en 2011. Apparemment, sur ce coup-ci, le président de l’université de Koudougou, le professeur Bila Gérard Segda se veut plus que jamais ferme. Au fond, s’il ne s’agit là que de mesures dissuasives, l’on peut dire que le professeur est allé trop loin. Mais, s’il est vraiment au sérieux, sûrement il a eu la main lourde. Ce qui, évidemment suscite un certain nombre d’interrogations. Le contexte, avec notamment les préparatifs de la fête du 11 décembre 2012 à Koudougou, s’y prête t-il ? Pas si sûr.
Deuxième préoccupation : le président de l’UK a-t-il eu au préalable l’accord tacite de sa hiérarchie, notamment du ministre de l’enseignement supérieur ? Sur cette question, l’on est tenté de répondre par l’affirmative, vu que la mesure d’exclusion va au-delà de la seule université de Koudougou ; ce qui se traduit par le fait que les étudiants exclus ne peuvent plus s’inscrire dans aucune université du pays, quelle soit publique ou privée. En tous les cas, le professeur joue gros sur cette affaire. Va-t-il obtenir l’application de toutes les sanctions annoncées ce 3 octobre. S’il réussit son coup de force, cela pourrait faire tâche d’huile au Faso. Mais, s’il échoue, c’est l’ANEB qui aura gagné son pari de faire réviser les présentes sanctions qui pourraient, s’elles sont appliquées en l’état, porter un coup dur à la vie du syndicat estudiantin ; ne serait-ce qu’en termes de mobilisation des étudiants autour de ses plateformes revendicatives.