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Commémoration du 3-Janvier 1966 : Les mauvaises pratiques ont la peau dure, selon l’UAS

Publié le lundi 6 janvier 2020  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Dialogue social : l’UAS dénonce le mépris du gouvernement
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L’Unité d’action syndicale (UAS) a commémoré le soulèvement populaire du 3 janvier 1966 au Burkina Faso, le vendredi 3 janvier 2020 à Ouagadougou.

Le 3 janvier 1966, le peuple burkinabè, sous la conduite du mouvement syndical se soulevait contre le pouvoir de la première République du président Maurice Yaméogo. 54 ans après, l’Unité d’action syndicale (UAS) a commémoré à la Bourse de travail de Ouagadougou, le vendredi 3 janvier 2020, l’évènement à travers deux activés. Il s’agit d’une projection d’un film sur le secrétaire général du Syndicat des techniciens et ouvriers voltaïques (SATOV), Zakaria Koné, dernier survivant des 10 héros syndicaux signataires de la motion de grève à l’époque et d’une conférence publique sur la contribution du mouvement syndical aux grands tournants hi
storiques du Burkina Faso.


Sur ce dernier point le Secrétaire général adjoint (SGA) de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), Sié Justin Palé, a expliqué que les grands tournants de la vie du pays portent « les empreintes indélébiles » du mouvement syndical burkinabè. «Dès sa naissance, le mouvement syndical burkinabè a été marqué par l’engagement de ses leaders dans la lutte anti-coloniale. Après les indépendances formelles, le monde syndical, caractérisé par son pluralisme va engager des grandes luttes », a indiqué M. Palé. Sous le pouvoir de Maurice Yaméogo, a-t-il poursuivi, la gestion a été marquée par un certain nombre de dérives, notamment la gabégie, la corruption, la restriction des libertés politiques et syndicales, le mépris et l’arrogance vis-à-vis des organisations démocratiques.

A propos, il a cité quelques exemples comme le vote d’une loi faisant obligation aux syndicats du pays de fusionner en une centrale syndicale unique qui devait être sous le contrôle du parti unique et l’adoption de mesures de baisse des salaires et des allocations familiales, accompagnées d’arrestations de dirigeants politiques et syndicaux. Toute chose qui a conduit les syndicats a décrété une action de grève qui va aboutir le 3 janvier 1966 à un véritable soulèvement populaire mettant fin à la première République, a soutenu le conférencier.
Que serait le Burkina sans les syndicats ?

Puis de poursuivre que le mouvement syndical a encore pris ses responsabilités sous le pouvoir du général Sangoulé Lamizana en appelant à une grève générale, les 17 et 18 décembre 1975 face à la volonté du pouvoir en place de remettre en cause les acquis des travailleurs. «Pendant 48 heures, l’activité économique du pays a été paralysée et le général Lamizana et son équipe étaient contraints à abandonner leur projet de création de parti unique, à augmenter les salaires, à supprimer la contribution patriotique et à poursuivre en justice les détourneurs de céréales », a souligné le SGA de la CNTB. De son avis, les syndicats ont été actifs sous les régimes qui se sont succédé et contribué aux élargissements des espaces de liberté et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des Burkinabè.

Ce qui lui fait dire que pour bien apprécier cette contribution, il suffit d’imaginer ce qui serait arrivé si les syndicats n’avaient pas joué leur rôle, en 1966, 1975, de 1983 à 1987, dans les années 1990 contre les Programmes d’ajustement structurel (PAS), et de plus près en 2015 contre le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré. Pour ce faire, le conférencier a invité les travailleurs à suivre les traces de leurs devanciers, en renforçant leurs organisations pour des luttes contre la restriction des libertés démocratiques et syndicales, contre la mauvaise gestion des ressources publiques et pour de meilleures conditions de vie et de travail. Un appel qui semble être entendu par les travailleurs mobilisés à la Bourse du travail pour la commémoration du 3-Janvier 1966.

Pour le secrétaire général du Syndicat national des agents des impôts et des domaines (SNAID), Nongo Grégoire Traoré, il y a des similitudes lorsqu’on compare les années 1966 à celles d’aujourd’hui. « Ce sont les mêmes pratiques qui continuent. Le budget de la Présidence du Faso est passé de 29 milliards en 2019 à 41 milliards F CFA cette année, soit une augmentation de 12 milliards. Le budget de l’Assemblée nationale qui était d’environ 8 milliards F CFA en 2015 est passé à 20 milliards en 2019 et de 19 milliards en 2020», a-t-il argué.

Puis de préciser que le budget 2020 a prévu 50 autres milliards F CFA pour le remboursement des exonérations des sociétés minières. Pendant qu’une certaine classe s’accorde des privilèges, le SG du SNAID, a fait savoir que le pouvoir en place s’apprête à frapper les primes et indemnités des travailleurs du public par l’Impôt sur le traitement et salaire (IUTS). Le président du mois de l’UAS, Augustin Blaise Hien, par ailleurs SG de la CNTB a relevé une autre similitude.
« Le mouvement syndical a l’impression qu’il n’est pas assez écouté par les ténors du pouvoir. Et pourtant les problèmes que nous posons sont des préoccupations légitimes des populations. Nous attirons depuis longtemps l’attention des dirigeants sur l’arrogance, l’absence d’écoute et le non-respect des engagements », s’est-il indigné avant de conclure que l’UAS donnera de la voix en fonction de l’évolution de la situation.

Abdoulaye BALBONE
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