Les massifs forestiers de la région du Sud-Ouest du Burkina Faso sont menacés de disparition du fait de l’orpaillage. Sur quatre forêts classées identifiées, deux, à savoir la réserve totale et partielle de Bontioli dans le Ioba et celle à vocation faunique de Koulbi dans le Noumbiel, continuent de résister aux incursions clandestines des orpailleurs. coupe du bois, dégradation des sols et usages abusifs des produits chimiques (acide, mercure et cyanure) sont entre autres agressions que subissent ces forêts.
Le DR de l’environnement du Sud-Ouest, Kirsi Evrard Ouédraogo : « Avec le boom minier dans la région, nos forêts ne sont pas épargnées ».
Illias Nyampa, 43 ans, orpailleur, est propriétaire d’un trou sur le site aurifère du village de Bontioli dans la province du Ioba. Il a engagé trois personnes pour creuser le puits en forme carrée. En attendant d’atteindre le filon d’or, le trou est à une profondeur de six mètres, après deux jours de dur labeur. Pour solidifier la galerie, le chercheur d’or place sur les parois, des troncs d’arbres découpés en morceaux au fur et à mesure que l’un de ses employés, à l’intérieur, avance en creusant. Les deux autres, accrochés aux échafaudages intérieurs en bois, aident à sortir la terre du trou. Pour acquérir ces bois, l’orpailleur a loué les services d’un bûcheron. « J’achète le tronc d’arbre à 2000 F CFA », indique-t-il. Depuis 2015, année d’exploitation de ce site d’orpaillage, la forêt de Bontioli, d’une superficie de 46 626 ha, fait l’objet d’abattage massif au point que même les espèces locales protégées comme le karité ne sont pas épargnées. A quelques mètres du site aurifère, d’innombrables cabanes de bois servant de logis aux orpailleurs sont sorties de terre. Le Conseiller villageois de développement (CVD), Koumbèteryan Dabiré, est formel, ces bois ont été coupés illégalement dans la forêt.