Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 861 du 7/9/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Politique

Le président de l’union pour la république à propos de l’opérationnalisation du sénat : ‘’ Nous nous sommes tous trompés dans le processus’’
Publié le lundi 9 septembre 2013   |  Le Quotidien




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Nous avons rencontré le président de l’Union pour la république (UPR), Toussaint Abel Coulibaly, le 5 septembre 2013, et il s’est prêté à nos questions sur l’actualité politique nationale. A propos du rapport circonstancié d’étape sur l’opérationnalisation de la deuxième chambre parlementaire, il a décliné la position de son parti. Selon lui, le blocage constaté dans la mise en place du Sénat aurait pu être évité si les bœufs n’avaient pas été mis avant la charrue. De son avis, il fallait simultanément adopter la loi organique et réviser la loi fondamentale, pour éviter la situation actuelle. Qu’à cela ne tienne, il salue les échanges menés lors de ces réformes politiques qui ont donné un coup de pouce au débat démocratique national. Toute chose qui permettra à l’avenir de s’abstenir des précipitations qui conduiraient à un blocus, à en croire le président de l’UPR.
Le Quotidien : Quelle analyse faites-vous du rapport circonstancié sur l’opérationnalisation du Sénat, remis au président du Faso?

Abel Toussaint Coulibaly : Avant de répondre à votre question sur le rapport circonstancié demandé par le chef de l’Etat, il faut dire qu’en ce concerne la procédure de mise en place du Sénat, nous nous sommes tous trompés. Aujourd’hui, nous sommes tous en train de discuter sur la loi organique. Même le rapport circonstancié porte sur les modalités de mise en œuvre et donc sur la loi organique. Nous nous sommes trompés en ce sens que dans la loi fondamentale du pays qu’est la Constitution, il est inscrit noir sur blanc que le président du Sénat est la deuxième personnalité de l’Etat. Pourtant, le Sénat n’existe pas encore. Alors, la question qui se pose est de savoir qui est la deuxième personnalité de l’Etat de par la Constitution. Il y a un problème. Ce qu’on peut relever a priori, c’est que la mise en place du Sénat n’a pas été remise en cause. C’est pourquoi, selon nous, il fallait procéder concomitamment à l’adoption de la loi organique sur la mise en place du Sénat, à l’examen de la Constitution. Cela permettrait de maîtriser tous les contours relatifs à la mise en place du Sénat et en même temps qu’on révise la Constitution, le lendemain, on procède à la mise en place du Sénat. Nous avons mis la charrue avant les bœufs. En sus, il est dit qu’en cas de vacances de pouvoir, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim. On ne le souhaite pas, s’il y a une situation où le président du Faso décide de ne plus être président, par exemple, à partir d’aujourd’hui (jeudi 5 septembre 2013), nous nous demandons qui assurera, selon la loi, l’intérim ? C’est dire que nous nous sommes précipités et tout le monde n’a pas été associé à la réflexion. De telles lois devraient être examinées dans un cercle plus large, en vue de permettre à tout un chacun de donner objectivement son avis. Cela éviterait que notre Constitution donne lieu à des interprétations. En effet, dans notre Constitution, il subsiste des articles sur lesquels nous, nous sommes sceptiques. Il s’agit notamment de l’article 51 de la Constitution. Cet article stipule que le président du Faso, en s’adressant au parlement, peut faire lire son message par l’un des présidents des deux institutions (Sénat ou Assemblée nationale). Pourtant, la séparation des pouvoirs voudrait que le message du président soit lu par un représentant de l’exécutif, surtout qu’il y a dans le gouvernement un ministre chargé des relations avec les Institutions. Tout le monde lit la Constitution et personne ne fait objection quant à cet article 51. Nous pensons qu’au niveau actuel des choses, nous devrons accepter le débat et éviter d’être conformistes. Le conformisme ne rend pas toujours service à la Nation. En ce qui concerne le rapport circonstancié, nous pouvons noter qu’il y a le consensus qui continue à prévaloir et nous sommes tous condamnés à aller dans ce sens. En démocratie, c’est la loi de la majorité qui l’emporte. La majorité des burkinabè, à travers leurs représentants au Conseil consultatif sur les réformes politiques, a adopté le Sénat, même si on reconnaît que tout n’a pas été parfait. Le débat n’est pas sur le fond, mais plutôt sur la forme aussi bien qu’au niveau où on est, rien ne remet en cause le Sénat, il y a seulement que des propositions nouvelles ont été formulées.

Les lois votées par l’Assemblée nationale ne sont t- elles pas valables même en dépit du vide constitutionnel que vous relevez relativement à l’opérationnalisation du Sénat ?

L’Assemblée nationale peut siéger valablement, mais pour cela, il aurait fallu prendre des précautions pour qu’il n’y ait pas d’entraves. On aurait pu prévoir qu’en cas de manque d’un des éléments, l’une ou l’autre institution pouvait légiférer. C’est ce chemin que nous sommes en voie de prendre, et pour cela, il faut saluer le débat national qui y a contribué fortement. Ce débat a été utile à notre démocratie et il permet à l’ensemble des acteurs de s’appliquer davantage dans ce qu’on fait. A partir de ces textes, quand il s’agira à l’avenir d’adopter de nouveaux textes, nous pensons que nous allons prendre les dispositions pour ne pas s’y précipiter. Nous avons beaucoup de juristes et de constitutionnalistes qui, certainement, n’ont pas eu leur mot à dire. La preuve, lorsque le débat s’est ouvert, nous avons constaté que des experts du droit se sont beaucoup intéressés au débat en donnant leur avis. Mais avant les blocages, nous n’avons pas eu ces avis. Pourtant, il aurait fallu que tous ces juristes interviennent avant l’adoption de la loi organique. De ce fait, il faut qu’au Burkina, on accepte de se dire les choses en face. Il faut avoir de l’humilité d’écouter celui qui a un avis contraire au nôtre. C’est en restant dans un terme de dialogue que nous pourrons continuer à construire la République.

La situation de la charrue avant les bœufs dont vous parlez n’a-t-elle pas été sciemment faite pour des fins politiques ?

Tout le monde détient la Constitution et il est prévu en son article 43 que la deuxième personnalité est le président du Sénat. Pourtant, les dispositions n’ont pas été prises pour la mise en place du Sénat de sorte qu’avant d’adopter la loi organique, il fallait au préalable réviser la Constitution. C’est à ce niveau qu’il n’y a pas eu de garde-fou. Heureusement que le chef de l’Etat, au-delà de toute passion, a invité l’ensemble des acteurs politiques a trouvé un consensus et à faire prévaloir l’intérêt de la République. Quand on prend l’exemple de la prorogation du mandat des députés et des maires, ce n’est pas courant, mais on se rend compte qu’il n’y pas eu de heurt parce que des garde-fous ont été pris. Il était clair que les mandats en cours prenaient fin dès la mise en place des nouvelles structures. Le mandat des députés prenait fin dès l’installation de la nouvelle législature et le mandat des maires s’acheve dès que de nouveaux conseils municipaux prennent fonction. Ce qui n’a pas été le cas dans la Constitution par rapport au Sénat. Ce n’est pas dans le fond qu’il y a eu des erreurs, mais dans la forme. Il faut l’accepter, sinon si nous rejetons la faute sur les autres, c’est justement ça l’irresponsabilité.

Pensez-vous que le rapport circonstancié substantiellement a changé quelque chose ? Les Burkinabè ne sont ils pas restés sur leur soif ?

Bien sûr que le rapport circonstancié demandé par le chef de l’Etat a été nécessaire. Je me réjouis du fait que le chef de l’Etat, qui est le garant du bon fonctionnement et clé de voûte de la République, a demandé ce rapport au regard des divergences des points de vue des acteurs politiques. Il a instruit un large débat sur les réformes politiques et à cause des contradictions qui subsistent, il a joué son rôle de modérateur du débat national. Quant aux recommandations et aux propositions nouvelles qui ont apparues dans le document, il est le seul à juger de l’opportunité de leur mise en œuvre. Avec la hauteur de vue qu’il a, il sait se mettre au dessus des intérêts partisans pour faire prévaloir l’intérêt supérieur de la République. Avec ce rapport commandé, le président du Faso a encore fait preuve de stature d’homme d’Etat en rapprochant les positions les plus éloignées qui sont contradictoires, mais pas incompatibles.

Votre parti a-t-il été contacté pour les derniers échanges ?

A l’UPR, nous faisons peu de bruit sinon nous sommes à l’œuvre. Le deuxième rapporteur du CCRP est un membre du bureau exécutif national du parti, en la personne de Sébastian Ouédraogo. C’est dire donc que notre parti a été au cœur des échanges et on n’a pas besoin de nous approcher, puisque notre position est connue. Si les choses ne tenaient qu’à nous, il suffisait de ne pas mettre la charrue avant les bœufs et on n’en serait pas là. Par moment, il faut accepter humblement que la position de l’autre est meilleure que la nôtre même si, nous ne sommes pas de son avis.

Votre mot de fin.

En termes de mot de fin, à l’Union pour la République, comme son nom l’indique, nous sommes notre raison d’être et c’est la République, qui est le dénominateur commun entre les Burkinabè. Nous devrons tous nous battre pour la république qui est une et indivisible. Nous ne devons pas nous lasser de défendre des valeurs au détriment des intérêts partisans et divergents en vue de permettre que cette République tienne débout avec toutes ses filles et fils. Quelles que soient nos différences, nous devrons savoir que nous sommes tous Burkinabè, avant d’être de tel parti ou de tel autre. Nous, à l’UPR, nous savons dire : Vous avez raison et nous ne sommes pas d’accords avec vous ou dire que nous avons tort même si nous avons tort seul. Nous préférons assumer notre tort tout seul que de suivre, sans être convaincus ceux qui ont raison. C’est notre façon de fonctionner à l’UPR. Je voudrais inviter l’ensemble des burkinabè à avoir cet esprit pour que la cohésion dans laquelle nous sommes puisse être pérennisée. Nous sommes dans un Etat qu’est le Burkina Faso, mais la Nation burkinabè reste à construire. Construisons la Nation burkinabè parce que nous n’avons pas encore une Nation. Allons vers cette Nation en taisant nos différences tout en privilégiant la cohésion comme notre partage .

Entretien réalisé par Soumoubienkô Roland KI

 Commentaires